Basket aux Jeux olympiques – Londres 2012 : les Braqueuses défient Team USA en Finale

Le 20 juin 2024 à 12:07 par Céleste Macquet

Bleues 19 juin 2024 Les Braqueuses Jeux Olympiques de Londres 2012
Source image : FIBA

C’est l’histoire d’un groupe de joueuses, ayant acquis un surnom après avoir enchaîné les come-backs et autres money time exécutés à la perfection. A la fin des années 2000, au début des années 2010, on les appelait les Braqueuses. Le nom est resté. Et à Londres en 2012, sur la scène des Jeux olympiques, elles allaient écrire l’une des plus belles pages de leur histoire.

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Les Braqueuses n’ont pas traversé la Manche pour déconner

Elles se sont présentées sur la scène internationale de manière explosive. A l’EuroBasket de 2009, elles s’emparent de l’Or en gagnant quatre de leur sept matchs par moins de cinq points d’écart, dont une Finale arrachée par quatre points d’écart contre les Russes. C’est là qu’est apparu le surnom. Ces Françaises avaient tendance à galérer dans leurs matchs avant d’aller cherche des victoires de nulle part. Des Braqueuses. C’est pas mal comme sobriquet, ça reste. Après un tel succès, les “Braqueuses” peuvent viser plus haut, ça tombe bien il y a des Jeux à Londres en 2012. L’escouade est convoquée. Clémence Beikes, Jennifer Digbeu, Céline Dumerc, Elodie Godin, Emilie Gomis, Sandrine Gruda, Marion Laborde, Edwige Lawson-Wade, Florence Lepron, Endy Miyem, Emmeline Ndongue et Isabelle Yacoubou.

Huit des douze gagnantes de l’EuroBasket en Lettonie sont présentes. L’ambiance est particulière pour démarrer, en fait la France ne fait que gagner. Céline Dumerc claque 23 points, 5 passes et 4 interceptions dès l’entrée pour triompher du Brésil en poules, 58-73. Deuxième match de poules, contre l’Australie, et qu’il fût dur.. Après un buzzer-beater des Australiennes du milieu de terrain pour arracher la prolongation, les Françaises parviennent tout de même à arracher une victoire 74-70 derrière 22 points d’Emilie Gomis. Et encore une victoire de seulement 4 points contres les Canadiennes. Après tout, ce sont bien aux Braqueuses qu’on a affaire. Elles sont de retour à Londres en 2012, trois ans après leurs premiers faits d’arme. Quatrième match de phase de groupe, quatrième victoire, troisième braquage. Céline Dumerc envoie deux gros tirs de rang, dont un à deux secondes du terme pour triompher des britanniques en prolongations, 80 à 77. Et une dernière victoire 65 à 54 face aux Russes. Ça fait 5/5.

Envoyez les phases finales !

Les Françaises ont survolé les poules sans la moindre difficulté si on regarde le bilan, mais avec quelques déboires si on regarde le contenu des matchs. Mais nous, tout ce qui nous intéresse, c’est de ne pas être dans la même partie du tableau de phases finales que Team USA, et l’objectif est accompli. Let’s go ! Place aux quarts. Après une grosse entame contre les Tchèques qui les voit mener de neuf points dans la première période, les adversaires des Bleues trouvent le moyen de repasser devant par cinq pions. Puis à la mi-temps, on est à égalité. Début du troisième quart, gros run de 10-0 des Tchèques qui s’appuient sur une zone des ténèbres. Bon. On est pas au top.

Dans ces matchs au scoring modeste, un écart à deux chiffres semble impossible à remonter. Pourtant, le score était bien à +13 en faveur de la République Tchèque, quand Dumerc envoie un premier longue distance bien clutch. C’est là que le barrage tchèque sombre. Bien secondée par Endy Miyem qui score 12 points dans le seul quatrième quart temps, Céline Dumerc finit le match à 23 points et 6 passes, avec 7/10 aux tirs dont 3/5 de loin. La défense des Bleues s’est resserrée aussi, et sur une série de trois derniers longue-distance, les Françaises repassent à +2 à une minute de la fin. Les Tchèques ne s’en relèveront pas. 71-68 pour la France qui verra les demi-finales de Londres 2012.

Ce sont de nouveau les Russes qui se dressent sur la route tricolore. Et pour ne pas changer les bonnes habitudes, la France colle d’entrée un gros run à son adversaire. 8-0, six points de la géniale Emilie Gomis. Il n’y a que Becky Hammon qui maintienne les Russes à flot. Les Françaises arrivent à mener de neuf points dès le premier quart. On atteint même 15 points de plus au second quart. Et là, panique à bord. Les Russes enclenchent une grosse dynamique qui les voit revenir à deux unités des bleus. Mais cette équipe a trop de mental.

Tout le monde enfile le bleu de travail (lol) pour reléguer ces Russes loin derrière, une bonne fois pour toutes. Emilie Gomis et Celine Dumerc allument les mèches de loin. Endy Miyem, Sandrine Gruda, Emmeline Ndongue et Edwige Lawson-Wade leur filent les allumettes. La daronne du groupe, Edwige, seule braqueuse à en être à ses deuxièmes Jeux, finit la soirée sur un splendide 18 points et 5 passes. Au total, six françaises terminent la rencontre avec au moins 10 points. Masterclass akhy. 81 à 64 pour triompher de la Russie, septième victoire de rang pour les bleues. Mais c’est là que les choses se compliquent.

La montagne Américaine

C’est la première Finale de l’histoire de l’Equipe de France féminine aux Jeux Olympiques, c’est la huitième des Américaines qu’elles rencontrent bien sûr pour une chance d’obtenir l’Or. 34, c’est le nombre de points d’écart de moyenne que les Américaines ont infligées à leurs adversaires jusqu’ici dans ce tournoi Olympique. Pour les Françaises, c’est 8. Les Américaines n’ont pas perdu aux Jeux Olympiques depuis 40 matchs, et sortent de quatre médailles d’Or de rang.

“Même s’il n’existe qu’une chance sur un million de les battre, cette unique chance, on la voit” – Pierre Vincent, sélectionneur des Bleues

Céline Dumerc, Emilie Gomis et Sandrine Gruda se tiennent face à une équipe complètement injuste. En face, il y a de la légende de chez légende. L’immense Sue Bird, l’immortelle Diana Taurasi, la future géante Candace Parker en sixième femme ainsi que la terrifiante Tamika Catchings. On vous y verrait bien, vous, de vous mesurer à une adversaire capable de sortir un quintuple-double en match. Eh bien les Bleues, ça ne leur fait pas peur. La preuve, elles marquent les premières. Et même qu’elles mènent encore de deux points au bout de six minutes de jeu. Puis Candace Parker s’en mêle et fout la pagaille dans les espoirs français.

L’entrée en jeu de l’ailière-pivot-arrière coïncide avec le moment où les Américaines se mettent à défendre de manière horrifiante. Sandrine Gruda, qui est la seule à réussir à regarder ces Américaines dans les yeux fait de son mieux pour garder les Bleues au contact, et ramène l’EDF à trois points des ricaines dans le second quart temps. Mais elle est trop esseulée. +12 Team USA à la mi temps. Et un insurmontable 19-0 au troisième quart temps, enterrera définitivement les Françaises, qui compteront jusqu’à 38 points de retard sur les Etats-Uniennes. Candace Parker, auteure d’un match à 21 points et 11 rebonds en Finale des Jeux Olympiques a réussi sa mission. Elle a participé à complètement démanteler l’attaque Française, qui a enchaîné les tirs largement contestés et les mauvais choix dès le second quart.

Seules sept joueuses françaises ont trouvé le chemin du filet, tandis que les douze américaines ont inscrit au moins trois points. 30% aux tirs, 18% de loin, les Françaises ne pouvaient rien espérer de mieux avec ces pourcentages. A la fin, ça fait une septième médaille d’Or, et la cinquième de rang pour les Américaines tandis que les Françaises récupèrent leur première médaille Olympique. Une performance qui posera la première pierre Olympique de l’Equipe de France féminine. Sandrine Gruda, la taulière des Bleues, terminera meilleure contreuse de la compétition avec plus de deux crêpes par match. A win is a win.

Une première médaille Olympique, un collectif de filles qui jouaient à la limite de la perfection ensemble et qui s’entendaient merveilleusement bien, inspirant des milliers de Françaises. Voilà ce qu’on retient de ces Jeux de Londres 2012. Avant un retour en grâce aux Jeux Olympiques de l’équipe masculine, douze ans après, c’est bien la section féminine qui est restée dans les mémoires des Français dans ces Jeux, en allant jusqu’à défier l’armée Américaine en Finale. Un parcours légendaire, d’une équipe qu’on retient aujourd’hui encore comme l’une des plus fortes jamais rassemblée dans l’histoire du basket féminin Français. 

Le basketball au Jeux Olympiques de Londres en 2012 – en bref

– Du 8 juillet au 12 août 2012

– Basketball Arena, North Greenwich Arena

– 12 équipes hommes, 12 équipes femmes

– Podium hommes :

  • Or – États-Unis
  • Argent – Espagne
  • Bronze – Russie

– Podium femmes :

  • Or – États-Unis
  • Argent – France
  • Bronze – Australie

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