Profil Draft NBA 2024 – Pacôme Dadiet : l’un des joueurs les plus sous-cotés de la Draft ?

Le 07 juin 2024 à 16:41 par Céleste Macquet

Profil Draft Pacome Dadiet 4 juin 2024
Source image : montage via Skweek

Il est intrigant, le quatrième Français de cette Draft 2024. Evoluant depuis plusieurs années dans l’ombre, loin du championnat de France ou des projecteurs océaniens, il débarque à la Draft NBA dès cette année en toute discrétion, sans qu’on en sache beaucoup sur lui. Au point d’être LE steal de cette cuvée 2024 ? Pourquoi pas tiens. Mais qui est donc Pacôme Dadiet, l’ailier shooteur de Ulm ?

Son profil en un coup d’œil :

  • Âge : 18 ans, il fêtera ses 19 ans le 27 juillet
  • Poste : ailier
  • Équipe : Ratiopharm Ulm
  • Taille : 2m04, comme LeBron James
  • Poids : 95 kilos, comme Josh Okogie
  • Envergure : 2m13, comme Jaylen Brown
  • Statistiques 2023-24 : 6,8 points (50,2% aux tirs, 35,8% de loin, 75,9% aux lancers), 2,3 rebonds, 0,6 passe, 0,5 interception (15,4 minutes en 55 matchs)
  • Comparaison NBA : Keldon Johnson, Jordan Nwora, Jaime Jaquez Jr.
  • Prévision TrashTalk : entre fin de premier tour et début de second selon les Mocks Draft, mais potentiel Loterie pick dans notre livre

Son parcours

Natif d’Aubagne (Bouches-du-Rhône), Pacôme Dadiet commence le basket en 2011 alors qu’il n’a que cinq ans à Saint-Charles de Charenton, où il a pu faire ses armes aux côtés de Mohamed Diawara et d’un certain Tidjane Salaün. A l’époque meneur de jeu, Pacôme peut compter sur son grand frère Maxence, international ivoirien et joueur de première division en France pour l’aider à progresser. Après une année à l’INSEP avec ses deux potes de Saint-Charles, il remporte le groupe A des championnats d’Europe U16 en ne perdant aucun match et en scorant 6 points de moyenne à l’été 2021.

Après des débuts avec les U21 de Paris Basket où il tourne à 17,3 points de moyenne en 22 matchs sur la saison 2022 dont 80,3% aux lancers, il joue son premier match pro avec Paris contre Dijon en octobre 2021 alors qu’il a tout juste 16 ans. Quelques jours après, il fait ses débuts en Coupe de France où il inscrit 7 points en 8 minutes. Au total, c’est neuf matchs qu’il disputera avec l’équipe 1 cette saison, sans compter les 8 matchs à l’Adidas Next Generation Tournament où il tournera à 16,2 points de moyenne en 27 minutes avec des pourcentages aux lancers à 91,5%, lui valant une place dans le 5 majeur du tournoi. Il sera sélectionné pour participer aux camps de Basketball Without Borders en juin 2022.

L’été 2022, après une victoire à 6 assists contre le Canada et une autre contre la Slovénie en inscrivant 12 points et 4 passes, il se blesse avec les jeunes Bleus et doit se contenter de la troisième place aux Championnats du Monde U17. Il choisit de rejoindre Ulm en 2023, aux côtés du prospect espagnol Juan Nunez, lui aussi attendu dans le milieu de cette Draft 2024. Il doit attendre janvier pour faire ses débuts avec l’Orange Academy, en troisième division allemande. Sur cinq matchs, il proposera 16 points de moyenne à 56,1% aux tirs et 62,5% à 3-points en 27,8 minutes. Il aura droit à un match d’EuroCup, sera sélectionné pour le Global Basketball Without Borders Camp à l’occasion du NBA All-Star Weekend et proposera 12 points de moyenne sur les deux matchs qu’il jouera cette saison à l’ANGT.

Au cours de la saison 2023-24, Pacôme Dadiet va montrer tout son potentiel. Il commence le 29 décembre avec un match à 17 points en 17 minutes face à Mitteldeutscher. Le 6 février, contre la JL Bourg de Zaccharie Risacher, il profite de la présence des scouts et score 15 points à 6/9 en seize minutes. Deux belles performances parmi d’autres. Malheureusement, malgré une quatrième place sur 18 avec Ulm en championnat, il se fait éliminer dès le premier tour par Würzburg en quatre matchs, après une saison où il aura joué 55 rencontres, dont 19 en EuroCup et quatre en Playoffs pour 6,8 points, 2,3 rebonds, 0,6 passe, 0,1 contre, 0,5 interception, 1,6 faute et 0,8 ballon perdu en 15 minutes de moyenne.

Les pourcentages ? 50,2% aux tirs, 35,7% de loin et 75,9% aux lancers. C’était désormais sûr, Pacôme Dadiet allait devenir un joueur dont la précision et la sélection de tirs seraient ses principaux atouts. Après les Playoffs en Allemagne qui lui ont fait manquer le Draft Combine de Chicago, il est passé par Trévise pour se plier à la batterie de tests et autres mesures désormais imposées par la NBA.

Ses points forts

  • Polyvalence en attaque
  • Sélection de tirs
  • Footwork

En examinant le bagage offensif, on comprend tout de suite pourquoi on peut considérer Pacôme comme l’un des profils les plus sous-cotés de cette NBA Draft 2024. Dadiet est déjà un scoreur avec un plancher assez haut et une grosse polyvalence qu’il a démontrée cette saison. Avec 46/130 de loin sur l’année, il rentre dans la caste des joueurs qui arrivent à dépasser les 35% à 3-points sur un exercice complet alors qu’il n’a même pas 19 ans. En spot up, en sortie de dribble, d’écran et même parfois en déséquilibre : ça rentre. Et si on allie ça à sa propension à créer son shoot, sa grande taille qui le rend difficile à contrer et son QI basket qui ressort très fort quand il joue sans ballon, ça fait de lui une vraie menace capable d’écarter les défenses.

Pacome Dadiet’s shot chart this year with Ulm pic.twitter.com/YKS7cF6Zp3

— Rich (@MavsDraft) June 6, 2024

Sa mécanique reste d’ailleurs bien fluide, que ce soit en catch and shoot ou en pull-up. Au niveau de son midrange, il est également déjà à l’aise avec les step-backs. Avec plus de portée, il y a de quoi devenir un scoreur régulier. Ses coupes sont très malignes et il arrive souvent à se mettre dans des situations où il parvient à trouver des 3-points en étant grand ouvert. On a vu de bons progrès dans les phases où il vient de poser un écran au porteur de balle. Sur pick-and-pop, c’est déjà une menace, et dans le futur, il pourrait devenir un de ces profils de forward capables d’être dangereux sur pick-and-roll en tant que ball handler ou avec la casquette de poseur d’écran.

Niveau footwork, c’est vraiment intéressant. Il n’a pas peur de faire des moves élaborés quand il a arrêté de dribbler. On pense notamment à son signature move où il drive, se retourne s’il ne peut pas aller jusqu’au panier, et pivote encore dans l’autre sens s’il ne peut pas prendre le midrange immédiatement. Tout ça pour finir soit en floater, soit en lay-up en déséquilibre en se servant bien de son corps pour empêcher le contre. Il arrive aussi bien à baser ses moves en attaque sur les erreurs que font les défenseurs, on voit qu’il arrive à déterminer la solution la plus efficace en fonction de l’orientation des hanches de sa match-up ou du positionnement de ses appuis.

Au niveau de la création, on a quand même vu quelques flashs rassurants qui interviennent après de bonnes phases de lecture de jeu. La plupart du temps, Pacôme Dadiet fait les bons choix sur le terrain, il trouve ses coéquipiers sans trop de difficulté et c’est plaisant à voir. Il a pu tenir le rôle de ball handler secondaire à plusieurs occasions sans que cela ne pose de problèmes, et a montré de bons signes de leadership.

🎙️ Pacôme Dadiet, en visio depuis le NBA Combine de Trévise : « Un aspect qui ne s’est pas vu cette saison dans mon jeu, c’est la création balle en main. C’est une de mes meilleures qualités. »@TrashTalk_fr pic.twitter.com/5Tlt1fSYm6

— Nicolas TrashTalk (@niclsvrg) June 4, 2024

Athlétiquement, ce n’est pas un martien mais ça reste solide. L’artiste a déjà un corps relativement NBA ready alors qu’il n’a que 18 ans, et peut compter sur une bonne mobilité latérale ainsi qu’une détente sérieuse de 86cm. Un premier pas qui n’est pas trop mal en plus de ses bonnes capacités de finition à l’arceau avec les deux mains, ce qui le rend capable d’attaquer avec puissance les close-outs trop serrés. Il peut facilement conclure des percées en gros dunk à deux mains, surtout s’il arrive de la ligne de fond.

Pacome Dadiet has been rising up draft boards, after a decent season in Germany

The French wing has shown strong flashes of being a shooter and believes he’s capable of more off-the-dribble

🎥 @League_Him pic.twitter.com/TNz1ozLp4U

— Jazz Lead (@JazzLead) June 6, 2024

Pour ce qui est de la défense, on note déjà quelques bases pas trop mauvaises pour un ailier en matière de rebonds. Il n’a pas peur d’aller au contact et d’être physique quand c’est nécessaire. Les mains toujours actives, il n’hésite pas à sauter sur les lignes de passes pour intercepter quand il en a l’occasion. Avec sa grande taille, il peut se montrer polyvalent, et il a lui-même déclaré chercher à être capable de défendre les postes 1 à 4 au fur et à mesure de son développement physique. L’ailier est annoncé à 2m04 pour 95 kg mais on ne serait pas, mais alors pas du tout surpris que Pacôme soit à 2m08 pour 99 kg vu l’impression qu’il donne. En bonus, l’ailier parle un très bon anglais et semble travailleur.

Ses points faibles

  • Une défense largement perfectible
  • Un playmaking très fluctuant
  • Pas vraiment de jeu au poste

Bien sûr, on a souvent tendance à se demander comment certains joueurs projetés en fin de premier tour ne sont pas attendus dans le top 10 de la Draft quand on énumère leurs qualités, jusqu’à ce qu’on se concentre sur ce que ces joueurs ne savent pas vraiment faire. Pacôme Dadiet est un shooteur solide, un bon ball handler et un défenseur correct, mais un peu plus de consistance dans ces aspects du jeu ne serait pas de trop. Il a beaucoup de domaines où il doit s’améliorer.

Sa défense est l’aspect qui va requérir le plus de perfectionnement, surtout que Pacôme a tout ce qu’il faut pour s’améliorer dans ce domaine. On observe parfois des petites sautes de concentration au sein d’un même match. On le voit par moments tenter des aides pas vraiment pertinentes où il laisse son joueur trop ouvert. D’ailleurs, au niveau du physique, il n’a pas encore la force de défendre efficacement les ailiers forts au poste bas quand ça lui a été demandé, mais c’est une chose qui viendra avec le temps. Pacôme a d’ailleurs annoncé vouloir se développer en défense et au niveau de l’agressivité vers le cercle cet été.

Oui l’impression visuelle est bonne, mais si on s’arrête sur les statistiques du bonhomme, on se rend compte que sa production reste faible dans la plupart des domaines cette saison. Cela laisse même carrément à désirer au niveau du playmaking et de la création, où tout ce qu’il a pu proposer est resté très basique. Il va encore falloir travailler le handle s’il veut être impactant dans le périmètre. Il sera nécessaire d’être plus précautionneux avec le ballon et de ne pas le perdre autant, ça passera par plus de vigilance quand des défenseurs rôdent dans le coin alors qu’il a la balle en main.

Au niveau des isolations, il s’en sortait avec les jeunes mais avec les pro, ça a été plus compliqué, même s’il a forcément moins eu ce rôle de ball handler principal. On voit qu’il n’a pas encore assez d’expérience en endossant le rôle de porteur de ballon sur pick-and-roll, et il a tendance à galérer sur les défenseurs bien physiques dans le périmètre. Cela donne parfois lieu à des passes imprécises ou carrément téléphonées pour ses coéquipiers.

Au niveau des qualités athlétiques, oui ce n’est pas mal mais pas de quoi sortir du lot en NBA. Sa longueur est bonne, sans plus, son premier pas est bon, sans plus, sa vitesse au niveau des appuis est bonne, sans plus, sa physicalité est bonne, sans plus. En transition, il est bon sans être excellent, ce qui est un peu surprenant au vu de son profil. L’idéal, ce serait que Pacôme ajoute une vraie dimension de jeu au poste à son bagage offensif pour punir les mismatchs. Au niveau du tir, il peut être streaky et son meilleur atout, le pull-up à mi-distance, n’est pas nécessairement une priorité à avoir dans son profil de joueur quand on est un ailier qui est plutôt amené à jouer sans ballon.

Ce qui va faire la différence

  • Pacôme Dadiet : un profil 3&D, ou plus que ça ?

Ce qui va faire la différence, c’est qu’il fait des prods sur son temps libre. Plus sérieusement, un ailier 3-and-D avec une taille impressionnante, capable de polyvalence des deux côtés du terrain et sans doute amené à tester les positions 2 à 4 au cours de sa carrière, c’est l’image dont dispose Pacôme Dadiet auprès de la plupart des observateurs NBA avant la Draft. Mais peut-il devenir plus que ça ? En étant cette année l’un des rares profils d’ailier n’ayant pas de difficulté dans la création de son propre tir et au niveau de ses pourcentages, on est tentés de dire que oui. Pacôme Dadiet peut se faire une vraie place en NBA, et son plafond est élevé. S’il maximise son potentiel, il peut devenir un joueur très intéressant dans le futur.

Pacôme Dadiet : « J’ai beaucoup travaillé mon corps cette saison, mon tir également. J’ai passé beaucoup de temps à travailler mon tir. Aujourd’hui, je me sens prêt pour la NBA » @TrashTalk_fr

— Nicolas TrashTalk (@niclsvrg) June 4, 2024

Projection NBA

Dadiet se décrit lui-même comme un scoreur sur les postes 3 et 2, capable de défendre les postes 1 à 4, créer sur pick-and-roll et passer la balle. Il dit regarder beaucoup de Paul George, de DeMar DeRozan, ainsi que du Tracy McGrady et du Brandon Ingram. Niveau comparo, nous on retrouve du Otto Porter, du Wilson Chandler, un peu de Michael Finley et du Sean Elliott, ainsi que du Caleb Martin, Keldon Johnson, Jordan Nwora ou Jaime Jaquez Jr. si on veut parler de NBA plus actuelle. Pour parler même cuvée, il nous évoque un Tidjane Salaün moins athlétique et moins dangereux pour conclure les lobs, mais Pacôme a déjà des garanties offensives que son compère, lui, n’a pas. Si ses capacités au tir se traduisent en NBA et qu’il devient plus discipliné en défense, il pourra devenir un joueur très solide.

Aucune Mock Draft sérieuse ne l’annonce plus haut que la 26è position, mais nous on pense qu’au vu de son jeune âge, c’est un pari qui vaut le coup en lottery pick. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’il crée la surprise en s’invitant dans les quatorze premiers choix de cette année, même si on s’attend plutôt à le trouver aux alentours de la 28e position.

  • ESPN l’annonce en 38è position (New York Knicks)
  • Bleacher Report l’annonce en 26è position (Washington Wizards)
  • The Ringer l’annonce en 26è position (Washington Wizards)


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