Tim Connelly (Wolves), l’homme qui a construit les Nuggets… avant de les mettre à terre

Le 21 mai 2024 à 12:48 par Nicolas Meichel

Tim Connelly
Source image : YouTube

Champion en titre, les Denver Nuggets sont tombés face aux Minnesota Timberwolves au stade des demi-finales de conférence. Une série folle dont le principal architecte se nomme Tim Connelly, ancien manager de Denver et nouveau boss des opérations basket de Minnesota. C’est lui qui a permis aux Nuggets d’atteindre les sommets… avant de les faire tomber de leur piédestal avec les Wolves. 

Si Tim Connelly a quitté Denver pour Minnesota en mai 2022, impossible de ne pas citer son nom parmi les grands acteurs du titre NBA remporté par les Nuggets en 2023.

En l’espace de quasiment dix ans dans le front office des Nuggets, Connelly est celui qui a construit les contours de l’équipe arrivée au sommet l’année dernière. Le recrutement du coach Michael Malone, les sélections de Nikola Jokic et Jamal Murray à la Draft, celle de Michael Porter Jr., le transfert d’Aaron Gordon… voilà autant de décisions prises par ce bon Tim qui ont permis aux Nuggets de gravir les échelons jusqu’à atteindre le titre NBA.

Au moment de son départ des Nuggets pour Minnesota, Tim Connelly connaissait mieux que quiconque la formule gagnante pour Denver… et donc aussi celle qui pouvait faire tomber le futur champion.

 

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Nikola Jokic : “Ils sont construits pour nous battre”

Après la terrible défaite du Game 7 contre Minnesota ce dimanche, Nikola Jokic n’avait pas d’autres choix que d’avouer la supériorité des Wolves (via The Athletic).

“Si vous perdez contre une équipe en sept matchs, c’est que l’équipe en face est meilleure. Je pense qu’ils sont construits pour nous battre. Ils ont deux All-Stars. Ils ont deux joueurs calibre All-Defensive First Team, et ils ont Mike Conley.”

“Construits pour nous battre.”

Nikola Jokic pouvait difficilement mieux résumer la dynamique entre les Nuggets et les Wolves, dynamique au cœur de laquelle se trouve Tim Connelly.

Quand Tim a débarqué dans le Minnesota à l’été 2022, les Loups restaient sur une saison à 46 victoires avec une défaite au premier tour des Playoffs NBA contre Memphis. Les “deux All-Stars”, à savoir Anthony Edwards et Karl-Anthony Towns, étaient déjà là. L’un des “deux joueurs calibre All-Defensive First Team”, à savoir Jaden McDaniels, montrait déjà des signes très prometteurs de développement. Et Naz Reid, futur Sixième Homme de l’Année, était également aux Wolves depuis 2019. Tout ça pour dire qu’il y avait déjà une base solide sur laquelle travailler. Mais c’est alors que Tim Connelly, deux semaines seulement après son arrivée, a décidé de faire all-in.

  • Juillet 2022 : Rudy Gobert débarque dans le Minnesota contre Malik Beasley, Patrick Beverley, Jarred Vanderbilt, Leandro Bolmaro, le rookie Walker Kessler et 4 choix de premier tour de draft.

Ce transfert a beaucoup été critiqué (au vu de l’énorme contrepartie lâchée en échange), surtout après la première saison compliquée de Rudy sous le maillot des Wolves. Une saison marquée par la blessure de Karl-Anthony Towns et qui s’est terminée avec un bilan tout juste positif (42-40), ainsi qu’une nouvelle élimination au premier tour des Playoffs face aux… Nuggets dans une série plus compétitive que prévu (on y reviendra).

“Quand Tim Connelly a fait ce trade, tout le monde se moquait de lui en disant, ‘Qu’est-ce qu’il fait ?’ Mais il a construit une belle équipe.” – Nikola Jokic

D’une manière ou d’une autre, on savait que le mandat de Tim Connelly aux Wolves serait défini par la réussite ou non de ce transfert XXL. Mais Connelly n’en avait pas fini de ses travaux.

  • Février 2023 (trade deadline) : transfert à 3 entre les Wolves, les Lakers et le Jazz, qui permet à Minnesota de récupérer à la fois Mike Conley et Nickeil Alexander-Walker, tandis que le meneur D’Angelo Russell quitte les Wolves.

L’arrivée de Mike Conley a permis aux Wolves d’obtenir un meneur vétéran, respecté, capable de mettre de l’ordre dans un collectif des deux côtés du terrain. Tout le contraire de D’Angelo Russell, certes talentueux offensivement mais dont l’impact sur l’équipe penche plus vers le négatif que le positif. La preuve, le lineup DLo-Edwards-McDaniels-KAT-Gobert était l’un des pires de la NBA au cours de la saison 2022-23. Vous remplacez DLo par Conley, et tout de suite ça change la vie.

Quant à Nickeil-Alexander Walker, il n’avait pas encore véritablement trouvé sa place en NBA au moment de son transfert aux Wolves. Il deviendra progressivement l’un des role players les plus importants de Minnesota, à travers ses grosses qualités défensives et sa réussite à 3-points.

At one point, when the Minnesota Timberwolves had this starting lineup, they had the worst net rating in the NBA.

It just never worked.

Then, they replaced D’Angelo Russell with Mike Conley. After some time together, they grew into the Timberwolves’ first Conference Finals team… pic.twitter.com/U4cgPKEJa6

— ClutchPoints (@ClutchPoints) May 20, 2024

Il a fallu attendre une saison avant que le plan de Tim Connelly ne commence vraiment à fonctionner. C’est lors des Playoffs 2023, au premier tour face aux Nuggets, que les Loups ont commencé à montrer les crocs. Certes ils ont perdu 4-1 face à la bande à Nikola Jokic, mais les Wolves ont réussi à bousculer Denver tout en étant privés de Jaden McDaniels et Naz Reid.

La suite ? On la connaît.

Lors de la saison 2023-24, les Wolves réalisent la deuxième meilleure saison régulière de leur histoire (56 victoires). La défense de Minnesota devient la plus redoutable de la NBA sous l’impulsion notamment du retour en forme de Rudy Gobert. Le tandem Rudy-KAT fonctionne bien, Anthony Edwards se transforme en superstar, Mike Conley est hyper précieux, Naz Reid est le meilleur remplaçant NBA, et on sent qu’il y a vraiment quelque chose qui se passe à l’intérieur du collectif de Chris Finch. Cela ne signifie pas que les Loups ne connaissent pas quelques trous d’air en cours de saison (notamment en fin de match), mais ils ne font plus rire personne. Surtout en Playoffs.

Premier tour ? 4-0 contre Phoenix. Pas de doute ces Wolves are for real. Et puis ensuite, il y a donc ces retrouvailles face aux Denver Nuggets.

Minnesota – cette fois au complet – martyrise les Nuggets à la maison lors des deux premiers matchs. Face au trio intérieur Gobert – KAT – Reid, Nikola Jokic déclare qu’il “faudrait un clone de lui-même” pour pouvoir les dominer. Pendant ce temps-là, Tim Connelly savoure le déroulé des événements. Denver répondra en champion en remportant trois matchs de suite dos au mur, mais ça c’était avant que les Wolves ne haussent une nouvelle fois le ton en défense. Victoire 115-70 au Game 6, puis énorme succès au Game 7 (98-90) après avoir remonté un déficit record de 20 points en deuxième mi-temps.

Mike Conley steal, Anthony Edwards 3 OH MY GOD pic.twitter.com/y15aCRroUO

— Timberwolves Clips (@WolvesClips) May 20, 2024

“Ils sont construits pour nous battre” disait Nikola Jokic.

En misant sur trois intérieurs à l’ère du small ball, en axant son projet sur la défense à l’ère du tout pour l’attaque, et en ayant confiance dans le développement d’Anthony Edwards en tant que superstar, Tim Connelly a construit le pire adversaire possible pour le champion NBA 2023. Nikola Jokic semblait imbattable mais les Wolves possédaient les armes adaptées pour vraiment mettre à mal le collectif léché de Denver. Les Nuggets, pas aidés par un Murray diminué et un banc beaucoup trop court, ont fini par craquer.

Désormais, c’est donc au tour des Wolves d’être en position pour prendre les commandes du Wild Wild West, et potentiellement devenir champions NBA pour la première fois de leur histoire. Un an à peine après Denver.

On appelle ça une masterclass, masterclass signée Tim Connelly.