Les Barjots Dunkers, la troupe de basket acrobatique française qui fait vibrer la NBA !
Le 01 déc. 2023 à 14:58 par Nicolas Vrignaud
Formés en 2004, les Barjots Dunkers – une troupe de basket acrobatique Vendéenne – ont fait vibrer les publics du Madison Square Garden et du United Center l’an passé, en NBA. L’histoire de cette bande de potes est fantastique. Récit d’une aventure aussi unique que réussie.
Il ne faisait pas forcément chaud – terme pour dire qu’on se caillait les miches – devant la salle de Saint-André Treize Voies (Vendée). Ni dedans, d’ailleurs. Pourtant, aucun frein pour les Barjots Dunkers. La troupe s’entraîne au gré du planning des représentations, qui peut être parfois très chargé. Ils sont une vingtaine, n’ont pas froid aux yeux et on l’avoue sans mal : ils sont très courageux.
Ils n’ont rien à envier à Aaron Gordon 🔥🔥🔥
Reportage sur les Barjots Dunkers, la troupe française qui a fait vibrer le public du Madison Square Garden et du United Center. Une histoire incroyable.
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— Nicolas TrashTalk (@niclsvrg) November 29, 2023
Oui, parce qu’assis confortablement dans nos fauteuils pour mater la NBA la nuit, on est vite tenté – en regardant les troupes de basketteurs acrobatiques animer les moments de pause pendant les matchs – de penser que s’envoyer en l’air à trois mètres du sol n’est pas si compliqué. Il suffit juste de se mettre face au trampoline pour voir notre remarquable poussée de courage redescendre immédiatement. Qu’on ne s’y trompe d’ailleurs pas : la discipline est très physique, tant sur le plan de la dextérité que des courses. La maîtrise de l’équilibre est bien sûr primordiale. Avec des mois qui peuvent compter plus d’une quinzaine de shows, il faut se connaître parfaitement.
L’entraînement est ainsi préparé pour que les organismes montent progressivement en température, le froid renforce la nécessité de faire attention : on commence par un petit basket sous sa dénomination la plus classique, puis les sauts simples s’enchaînent sur les trampolines. Déjà bien haut pour nous. Tout de suite, dès les premières séquences acrobatiques, on se sent comme privilégié de les voir répéter leurs prochains shows.
Ces artistes qui sont reconnus jusqu’aux États-Unis nous offrent 1h30 de spectacle privé, quel pied. Saltos, vrilles, 360, on en prend plein les mirettes et c’est un énorme kiff. Un kiff qu’on sent bien présent chez tous les membres du groupe, malgré une rigueur importante imposée par Alex Brachet, co-fondateur de la troupe. Mouvement mal exécuté ? Ça pompe sur le côté, pas de cadeau. La clé du succès pour une troupe à l’histoire juste unique.
Oui, parce que ce groupe a été créé sur la base d’une idée d’une bande de collégiens qui voulaient juste amuser la galerie au spectacle de l’association sportive de leur collège. Un petit show qui a vite fait des émules dans le coin.
“On existe depuis 2004. Ça part d’une bande de quatre potes. On était scolarisé dans un collège proche d’ici [Rocheservière, NDLR] et on voulait faire un spectacle pour la fête de l’association sportive de l’établissement. Le principal était d’accord, on s’est pas mal aidé des profs de sports et c’est parti comme ça. On a mis les trampolines et les tapis sur le terrain de basket dans la cour de récré, ça a plu. C’était pas censé aller plus loin, mais un club en a entendu parler et nous a demandé de venir le faire chez eux, puis un autre… et on vraiment commencé comme ça. ” – Alex Brachet
Les “Barjots Dunkers” viennent donc de là, la story est déjà géniale.. attendez seulement de lire la suite. Le groupe se produit un peu partout en Vendée, “fait la quête” en fin de show pour pouvoir acheter du matériel. Un petit capital qui permet de monter une association. C’est la tante d’Alex qui est à la baguette, c’est quand même pas trop mal d’avoir alors un adulte dans le coin pour assurer les arrières du groupe.
Peu à peu, le groupe attire l’attention de clubs nationaux et se produit notamment sur les parquets de Cholet Basket, de l’Hermine de Nantes (Pro B). Les années passent, l’activité est chronophage. De quoi se poser enfin la question, en 2012, de commencer à vivre de cette activité. Une nouvelle phase du rêve, mais beaucoup de contraintes : avoir un calendrier assez chargé pour faire manger tout le monde, multiplier les mails pour se vendre aux clubs et aux événements festifs. Pari gagnant, les premiers shows à l’étranger tombent en 2014. Espagne, Belgique, Qatar… la planète basket veut voir les Barjots défier la gravité sur les parquets.
Subsiste néanmoins un objectif, le plus prestigieux de tous : aller sauter en NBA, dans les salles les plus reconnues. Le rêve est présent dans les esprits depuis longtemps, et l’expérience internationale permet désormais d’envoyer des candidatures sérieuses aux franchises. Le contact est pris en 2019, avec les Knicks.
“On a pris contact avec les Knicks fin 2019. À force de discuter, de présenter nos shows… Ils font très attention, car ils ne peuvent pas mettre n’importe qui sur une mi-temps en NBA, il faut que le niveau soit très élevé. Ils nous ont demandé énormément de vidéos, et on s’est finalement mis d’accord pour une date fin mars 2020. Et là… COVID. Tout s’est annulé. On a VRAIMENT eu les boules… mais en se disant : ‘Bon, si on a réussi à en accrocher une, on va y arriver, ça va fonctionner.”
La poisse, mais aucun découragement. Le groupe continue d’abreuver les équipes NBA de demandes, et l’opportunité se représente en 2022 avec le Jazz. Rudy Gobert excelle sous le maillot des Mormons, la connexion française facilite la mise en place d’un show.
“On a profité du fait que Rudy Gobert soit à fond avec le Jazz… et aussi que depuis un an, la franchise ne comptait plus d’équipe de basket acrobatique. Ils se sont dit que ce serait une belle occasion de faire un show cette saison et de mettre en avant la France par rapport à Rudy. On a eu les accès salle la veille pour se préparer, répéter, voir ce qu’on va vivre… un rêve de gamin. C’était magnifique.”
La cerise sur le verre à moitié plein ? Les Américains sont particulièrement séduits par la bande. Un vrai compliment pour Alex et son équipe.
“On a fait un très bon show, et les Américains ont été agréablement surpris par notre niveau. Chez eux, ils aiment célébrer longtemps sur les dunks réussis. Ils n’enchaînent pas les figures, et ils cherchent beaucoup la hauteur sur leurs sauts. Nous, on essaye de beaucoup se mettre à l’envers, à l’horizontale, de proposer un rythme rapide… ils ont beaucoup apprécié.”
Bien sûr, quand les Barjots tentent ensuite de relancer les Knicks et contacter les Bulls, tout va plus vite. Avec une référence sur place et les conversations entre franchises, la date est bloquée pour New York. Huit mois en avance, et cette fois, pas de pandémie mondiale pour à nouveau empêcher le rendez-vous. Se produire dans le Madison Square Garden, la plus historique des salles de la Grande Ligue. Une nouvelle étape du rêve, avec en plus la représentation au United Center de Chicago. Le déplacement entre les deux villes ? En voiture, un gros pick-up bien américain bien bûcheron. L’éclate.
Les Barjots auront 20 ans l’année prochaine, ils ont sillonné le monde mais ont encore faim. Si 9 des 20 membres sont professionnels, les têtes de la première génération commencent néanmoins à prendre de l’âge. Et avec une discipline aussi physique, il faut bien penser à la suite. Et la suite, c’est la formation. “Loca Dunk” est ainsi le nom de l’association de formation des acrobates de demain. Ils évoluent à un niveau d’exécution moindre qui leur permet d’y aller sans complexe. Et ça marche. Tous les ans, Alex indique que 2 à 3 profils rejoignent les Barjots. La boucle est finalement bouclée en septembre dernier, avec les Dunkers Juniors.
“En septembre de cette année, on a lancé les Dunkers Juniors. Ça se passe au collège de Rocheservière, là où nous avons commencé. On a fait un petit casting pour les élèves de 12 à 14 ans. 15 jeunes ont été retenus et s’entraînent tous les mercredi avec Christelle, Mathis [membres de l’équipe professionnelle] ou moi . L’objectif est de préparer un spectacle pour la fête de fin d’année de l’association sportive.”
Que dire si ce n’est que c’est beau ? Et ce n’est pas fini. Nous vous parlions de leur faim de plus. Le projet est énoncé sans détour : les Jeux Olympiques de Paris, l’été prochain. Ils ont déjà performé pour le Concert des Jeux, diffusé sur l’antenne publique.
“On aimerait faire les Jeux Olympiques. On veut aussi faire un gros truc pour fêter nos 20 ans. Pour la NBA, on continue de discuter, mais ce sera sans doute après les Jeux.”
Des tonnes de souvenirs dans la besace, même si certains membres de la tournée US avouent sans détour que leurs meilleurs moments avec les Barjots se sont passés beaucoup moins loin de la Vendée. Pour Alexis – membre depuis 2007 – on est carrément aux antipodes de la NBA. D’autant plus sympathique.
“J’ai beaucoup de souvenirs, en 15 ans il y a le temps de s’en faire… Forcément, traverser l’Atlantique pour les grandes salles de NBA c’est un truc de fou… mais a côté de ça, moi j’ai des souvenirs absolument fantastiques d’une Fête de la Cerise dans le Cantal, on était plus dans le basket mais dans le spectacle et c’était fabuleux”.
Voilà ce que sont les Barjots Dunkers. Une bande qui n’a jamais dit “Non” à ses rêves. Et qui ne le dira sans doute jamais. La formule parfaite pour impressionner partout où elle passe. Pendant encore longtemps.
Sources images : Barjots Dunkers