Le basket aux Philippines, une passion quasi-religieuse
Le 24 août 2023 à 16:55 par Edgar Courtine
Au cœur de la mer de Chine, l’archipel des Philippines demeure comme l’une des places dans le monde où le basketball est Chéri, ouais, avec un très grand C. Malgré des catastrophes naturelles aussi violentes que douloureuses, les Philippins gardent la balle orange comme totem et comme première raison de vivre. Immersion dans cette île où l’on vit, mange et respire basket-ball malgré les dérèglements climatiques profonds dont les habitants sont victimes.
Les Philippines accueilleront pour la première fois de leur histoire la plus grande compétition de basket-ball mondiale : la Coupe du Monde 2023. Avant son lancement demain, présentation de cet archipel tombé totalement amoureux de ce jeu.
Le basket pour panser les plaies
115 millions d’habitants à la louche et 40 millions de pratiquants. Le ratio est très bon aux Philippines et pas étonnant que le basket soit le sport n°1 sur l’île. La passion pour ce sport y est presque spirituelle. On y joue partout, tout le temps et par tous les temps.
Difficile d’évoquer les Philippines sans parler des différentes catastrophes naturelles qui s’y sont produites ces dernière années.
Novembre 2013, les Phillipines sont touchées par une catastrophe particulièrement meurtrière. 12 000 personnes perdent la vie après que le typhon Haiyan ait ravagé tout ou partie de l’île. Particulièrement exposé, l’archipel est sujet à de nombreuses tempêtes tropicales et connaît également une forte activité volcanique, ce qui augmente automatiquement cette propension aux catastrophes naturelles. Ces images ci-dessous, après le typhon Haiyan de 2013, sont terribles, mais traduisent un espoir. Celui de cette balle orange qui, au milieu des débris et des maisons éventrées par la puissance du typhon, continue de rebondir inlassablement, partout, tout le temps.
Manny Pacquiao : symbole de la passion basket aux Philippines
Boxeur mondialement connu et huit fois champion du monde, Manny Pacquiao, l’un des sportifs les plus connus au monde a démarré, PENDANT sa carrière de boxeur, une carrière de basketteur à 33 ans. Le poids mouche d’1m69 n’a clairement pas le physique idoine d’un grand joueur de basket mais symbolise cette passion pour la balle orange. Il s’est engagé d’abord dans une ligue mineure des Philippines avant de devenir propriétaire/entraîneur/joueur/investisseur/tourneur-fraiseur/pom-pom girl du club des Kia Carnival. Une passion rendue possible grâce à sa fortune (estimée à plus de 500 millions de dollars) amassée pendant sa carrière. Ces quelques temps au plus haut niveau possible localement ont évidemment fait jaser, Pacquiao n’ayant clairement pas le niveau d’un basketteur professionnel. Mais Mannu+y Pacquiao a aussi une histoire singulière avec la NBA et les… Boston Celtics. Le Philippin le plus connu hors de ses frontières est ainsi devenu un membre honoraire de la franchise des Trèfles en 2020. Un titre honorifique qui lui permet de compter parmi les membres d’honneur de la franchise.
La Coupe du Monde 2023 : Une opportunité unique pour les Philippines
L’accueil d’une telle compétition pour ce petit archipel constitue une opportunité unique dans l’histoire de la péninsule. L’opportunité à la fois de faire vibrer ses habitants mais également d’utiliser l’engouement de cette compétition pour développer et structurer le basket au Philippines. Les Philippines possèdent la plus grande salle du monde : la Philippine Arena. 55 000 places, un véritable chaudron dans la capitale du pays, Manille, qui accueillera le premier match de la sélection des Philippines face à la République Dominicaine de Karl-Anthony Towns demain à 15h. Un moment qui promet d’être riche en émotions.
Mais grande déception pour les nombreux supporters philippins… les phases finales ne se joueront pas dans cette immense enceinte. En effet, celle-ci est un peu trop excentrée (30 km environ du centre de la ville) et les problèmes liés à la circulation et à l’accessibilité de l’enceinte sont jugés trop importants par la FIBA qui a décidé de faire jouer les phases finales à la MOA Arena, une salle de 15 000 places “seulement”. Une déception forcément pour le public, mais aussi pour les joueurs, qui même en NBA ne sont pas toujours habitués à jouer devant autant de public.
La sélection nationale, espoir de tout un peuple
Pas de nom rutilant, pas de grandes stars (hormis peut-être Jordan Clarkson?) mais un cœur énorme. Voilà comment nous pourrions décrire la sélection philippine, qui se présente dans cette compétition gonflée à bloc. Le premier match face à la République Dominicaine devant 55 000 personnes sera déterminant pour la suite du parcours. Ce sera ensuite l’Angola et l’Italie qui se dresseront devant les locaux de l’étape. Côté Philippin, on croit forcément à l’exploit dans cette poule qui est plus homogène qu’on ne peut le penser. Avec un public et une ferveur pareille, pas impossible que les Philippines puisent ce supplément d’âme dans le cœur de leurs supporters.
Un pays meurtri qui se reconstruit lentement avec toujours une balle orange entre les mains. Une compétition qui vient récompenser la résilience et la passion que voue ce peuple pour le sport. C’est juste beau, ce sont juste les Philippines. Vivement demain !
Sources : Africa top Sports, FIBA, Le Figaro, Basket Europe, Wikipédia, Comission Européenne du climat, BeBasket.