Historique : les Bahamas éliminent l’Argentine et se qualifient pour le Tournoi de qualification olympique de Paris 2024
Le 21 août 2023 à 10:08 par Arthur Baudin
Pour vous, comme pour nous, ce dimanche soir n’était qu’un point dans le grand tableau de la vie. Une soirée de plus à attendre le retour de la NBA, sans se douter qu’à 12 000 kilomètres de Paris, une troupe d’irréductibles basketteurs écrivait l’histoire. On vous raconte ça.
On en parlera encore dans douze ans, mais seulement aux Bahamas. Cet archipel de récifs coralliens situé dans l’océan Atlantique – oui c’est issu de Wikipédia – et normalement connu pour ses plages de sable fin. En tous points, un fantasme pour les riches retraités occidentaux. Mais ce sont des jeunes friqués américains dont nous parlons. Deandre Ayton, Buddy Hield et Eric Gordon. Le dernier nom des trois, le plus vieux, le moins en forme, le plus à même de cirer le banc. Et pourtant, hier soir, c’est bien l’ancien prisonnier des Rockets qui s’est illustré sous le maillot des Bahamas : 27 points mais seulement 18 à trois minutes du terme. Plouf, plouf et re-plouf, trois grosses bombinettes pour sceller les débats. Les Bahamas sortent l’Argentine du Tournoi de qualification olympique – l’Albiceleste ne disputera pas les Jeux olympiques 2024 – et se qualifient pour… le Tournoi de qualification olympique.
En fait, le tournoi que viennent de remporter les Bahamas sur la semaine écoulée, n’était qu’un « pré tournoi de qualification » réservé aux équipes du continent américain qui ne participent pas à la Coupe du monde 2023. Le vainqueur devait obtenir une place pour le Tournoi de qualification olympique final : c’est chose faite, les Bahamas y prendront part. L’opportunité est énorme. Jamais au grand jamais ce pays des Grandes Antilles n’a disputé les Jeux olympiques. Pour aller plus loin, dans leur histoire, les Bahamas n’ont jamais disputé de Coupe du Monde. Seule once de compétition entre les pages de leur bouquin, une 8e place au championnat des Amériques de 95. C’est dire si l’exploit de ce dimanche en est un.
Victoire 82 à 75 donc, avec un Eric Gordon clutchissime, et des Argentins dépassés par la triple menace adverse. Deandre Ayton pour mettre le couvercle sur des lay-ups déposés trop bruyamment – et surtout preneur de 21 rebonds dont cinq offensifs -, Buddy Hield en panne d’adresse à 3-points (2/11) mais volontaire et agile dans ses attaques de cercle. Puis Eric Gordon, faiseur d’absolument tout. « Ouai TrashTalk, vous ne parlez que de NBA mais Travis Munnings aussi… ». C’est vrai ! Quelle géniale surprise que ce court ailier d’1m93, qui est en réalité une surprise pour tout le monde, sauf pour les suiveurs de Pro B. La saison passée, Munnings évoluait sous les couleurs de Boulazac. Franchement pas le MVP du championnat, ni même son dauphin, mais un bon scoreur à placer autour de stars. Et en un soir – un seul – il est passé de fantôme de la seconde division française, à meilleur coéquipier en carrière de Deandre Ayton. Ouvrez grand les oreilles, la bastos est large, elle est pour les Suns.
« Les meilleurs coéquipiers que j’ai jamais côtoyés sur et en dehors du terrain. Juste comprendre ce que ça fait de se battre pour son pays et tout le monde dans la même mission. C’était un sentiment phénoménal. » – Deandre Ayton, pour Duane Rankin
“The best teammates I’ve ever been around on and off the court. Just understanding how it feels to fight for your country and everybody on the same mission. It was a phenomenal feeling.” Deandre Ayton on #Bahamas.
Dropped Monty Williams’ “not getting too happy on farm.” #Suns pic.twitter.com/RSTFsnFQDD
— Duane Rankin (@DuaneRankin) August 21, 2023
Sur ces beaux mots – et avant de philosopher sur la longue et prévisible chute de l’Argentine sur les dernières fenêtres internationales – on vous laisse avec le triple dagger d’Eric Gordon, qui à la base, on le rappelle, avait déjà joué pour Team USA. Comment s’est-il retrouvé avec les Bahamas ? Le réglement de la FIBA interdit de jouer pour deux sélections différentes, à moins de cocher deux cases : que ce soit « dans l’intérêt du basket » et que le joueur participe au « développement » d’une sélection nationale. Zou, les critères sont remplis, et le feu vert lui a été donné début août. Quelle histoire.
ERIC “CLUTCHTIME” GORDON 🗡️
Eric Gordon goes 𝐛𝐞𝐫𝐬𝐞𝐫𝐤 against Argentina at #FIBAOQT final to steal the game in Argentina 🔥🔥🔥 pic.twitter.com/tnc3bAmXVx
— FIBA (@FIBA) August 21, 2023