L’analyse tactico-technique du Game 2 des Finales NBA : Erik Spoelstra prend le contrôle de l’échiquier

Le 05 juin 2023 à 21:11 par Antoine Demaegdt

Erik Spoelstra
Source image : NBA League Pass

En voilà une belle égalisation dans ces Finales NBA ! Après avoir dominé le Game 1, Denver s’incline à la maison dans un Game 2 bien plus offensif. Alors quels points clés et quels ajustements tactico-techniques au menu ? On se munit de nos meilleures binocles d’analystes et on décortique l’échiquier de ce Game 2 !

Rappelez-vous, dans le précédent point tactico-technique on avait mentionné la domination physique par la taille de Denver qui avait causé tant de soucis à Miami – avec Aaron Gordon notamment. Le Heat avait aussi loupé pas mal de tirs ouverts, pourtant bien créés dans le flow de l’attaque. Certainement les deux plus gros problèmes des Floridiens dans ces Finales NBA. Alors comment Erik Spoelstra a réussi son coup dans le Colorado malgré l’altitude ? Réponse en 4 points avec une projection bonus pour le prochain match !

Kevin Love qui sort du placard

Comment on s’ajuste quand l’adversaire est plus grand ? Eh bah on fout des gars plus grands sur le terrain. En remplaçant Caleb Martin, Kevin Love est perçu comme une tentative de réponse au problème Aaron Gordon, qui a causé pas mal de soucis lors du Game 1. En procédant ainsi, Miami a grandement limité le nombre de mismatch pour Denver tout en conservant sa menace extérieure en attaque :

Autre avantage d’avoir Love sur le terrain, il apporte un minimum de protection de cercle en second rideau lorsque Bam défend Jokic.

Il a contesté pas mal de tirs dans ce rôle hier soir avec un passage en force provoqué en bonus. pic.twitter.com/NbhzdfrjNE

— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) June 5, 2023

Le vrai danger de faire jouer Kevin Love pour le Heat est qu’il soit impliqué dans des défenses extérieures loin du cercle. Mais le côté positif pour Miami, au-delà du fait que Denver l’a rarement ciblé, c’est qu’Aaron Gordon, son défenseur direct, n’est pas si menaçant loin du cercle. Certes Gordon est capable de planter des tirs du parking mais il est souvent le moins bon shooteur des Nuggets sur le terrain.

En plus de ça, les lacunes individuelles du Heat peuvent aussi être cachées par la zone, voire sublimées pour le cas de Love en second rideau. Bien vu de la part de Spo de le réintégrer dans la rotation tout en prenant soin de ne pas trop exposer ses cannes.

La guerre des mismatch

Alors du coup… avec l’ajustement Kevin Love, on est comment vis-à-vis des mismatch ? Les Nuggets se sont-ils autant baladés ?

Côté Denver, on a surtout vu Jokic faire son chantier habituel sur Zeller et profiter des petits en attaquant la zone par séquences.

Bilan plus équilibré qu’au Game 1 pour ces paniers relativement « faciles ». pic.twitter.com/7ysM23qI5O

— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) June 5, 2023

La réponse de Miami était vitale pour répondre au défi physique des Nuggets. En plus donc de s’être armé défensivement avec de la zone et le retour de Love, le Heat a également davantage travaillé en attaque pour obtenir des positions favorables comme celle de Butler sur Murray ci-dessus. Après un Game 1 avec seulement 2 lancers francs tirés, Miami devait retrouver de l’agressivité pour tout autant profiter de ces mismatch trop peu exploités au Game 1. Peut-être que Michael Malone va essayer de bricoler quelque chose pour cibler Love lorsque Miami n’est pas en zone.

La zone de Miami

Eh bah c’est pas mal pour une défense que l’on enterrait dans toutes les previews des Finales NBA ! Les nuances de fréquences et de schémas avec lesquels Spoelstra bricole autour de ce type de défense laisse peu de temps à Denver de s’ajuster :

Miami a même tenté une 1-3-1 en fin de match sur plusieurs possessions. Le but ? Empêcher Jokic de toucher le cuir en verrouillant le poste haut.

Encore un joli coup de Spoelstra qui a surpris Denver dans le clutch. pic.twitter.com/Q9oueBtXm3

— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) June 5, 2023

Eh hop ! Une zone 1-3-1 sortie du chapeau pour bien fatiguer le pivot serbe en le coupant du ballon. Bon, lorsqu’il a eu la balle dans cette position, par contre, il a su profiter de son avantage de taille pour faire parler son toucher, mais le but de ce système défensif est précisément de le couper de la balle en neutralisant toutes les lignes de passes. Cette zone est la source de plusieurs stops clés en fin de match qui ont clairement leur importance dans la physionomie de la rencontre !

Manque de communication défensive des Nuggets

Mais si les Nuggets ont perdu ce match, c’est aussi parce qu’ils ont eu des trous d’air défensifs par manque d’intensité et de communication. Plusieurs couvertures défensives collectives n’ont pas été assuré au cours du match. Et un seul égarement suffit pour le payer cash :

Sur ce genre d’action, la défense est forcée de communiquer en s’accordant sur la couverture.

L’action suivante, rebelote mais dans l’autre sens : Brown se focalise sur Vincent, Braun est pris dans l’écran et ne peut pas revenir ⇒ panier tout cuit avec le Curl de Robinson. pic.twitter.com/NuQDxI0CZ6

— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) June 5, 2023

Lorsque Jeff Green dénonce un manque d’intensité en défense, c’est précisément ce genre d’action dans le quatrième quart-temps qu’il cible. Ces cafouillages avaient déjà eu lieu en début de match sur quelques paniers à 3-points de Strus, qui s’est retrouvé grand ouvert plus d’un fois. Et lorsque Miami continue sur sa surchauffe à 3-points durant ces Playoffs 2023, l’addition devient salée pour les Nuggets (48,6% dans ce Game 2). Il va falloir peaufiner les rotations défensives car s’il y a bien une équipe qui aime jouer de ces cafouillages, c’est celle d’Erik Spoelstra et tout son jeu sans ballon qui provoque un bordel monstre dans la défense.

Quels ajustements pour le Game 3 ?

  • Des couvertures défensives disciplinées côté Denver.
  • Une formule offensive pour contrer la zone ?
  • Il y a pas moyen de cibler Kevin Love à l’extérieur pour Michael Malone ?
  • Des coups de soleil sur la nuque de Jokic.

Après avoir fait parler sa supériorité physique, Michael Malone se fait avoir par un Erik Spoelstra expert en bricolage dans ces Finales NBA. Lorsqu’on voit que Miami a toujours gagné à l’extérieur dans ses 2 premiers matchs de série, on comprend pourquoi ils n’en ont rien à faire de l’avantage du terrain. Rendez-vous dans la nuit de mercredi à 2h30 pour une mise à jour de l’échiquier !