Erik Spoelstra (Heat) quand on lui parle d’altitude : “Si Denver veut jouer en haut de l’Everest, alors on le fera”
Le 01 juin 2023 à 18:54 par Clément Hénot
L’avantage du terrain est un concept bien connu dans tous les sports, plus ou moins fort selon l’ambiance locale. Mais pour les Nuggets, il existe un autre avantage, de type climatique et non des moindres : l’altitude.
5280 pieds, c’est le différentiel entre le niveau de la mer et la ville de Denver.
Soit 1,6 kilomètre, ou 1 mile comme on dit outre-Atlantique. Pas pour rien que la ville est surnommée la “Mile High City”. À cette altitude, l’oxygène se fait plus rare (on appelle cela l’hypoxie), et cela engendre des symptômes indésirables tels qu’une fatigue accrue, des difficultés à respirer, un rythme cardiaque rapide ou encore des maux de tête. Selon une étude menée par quatre docteurs de l’Université de médecine du Colorado, les athlètes se plaignent souvent d’insomnies, de réveils fréquents et d’un sommeil non réparateur. Et tout ça, les Nuggets le savent bien, il y a d’ailleurs des panneaux à l’entrée de la salle pour avertir du manque d’oxygène, un procédé déjà utilisé par les Broncos en NFL, reste à savoir si c’est pour avertir ou pour intimider l’adversaire.
Si les joueurs de Denver sont globalement habitués à jouer et même vivre dans de telles conditions, ce n’est pas le cas de tous leurs adversaires qui sont souvent en galère lorsqu’ils doivent jouer à la Ball Arena. L’inscription “5280”, rappelant la hauteur de la ville, est mise en évidence à chaque tête de raquette. Un chiffre que le speaker local Kyle Speller prend également un malin plaisir à rappeler à toute équipe s’aventurant dans les Rocheuses. Les Lakers en ont fait les frais en Finales de Conférence, et le Heat sera également confronté à ce cas de figure. En plus, des inscriptions sont également visibles sur les murs, et les écrans géants de la salle affichent également les risques encourus en jouant en altitude, avec des images dignes de Dr. House. Le Heat est prévenu.
After the Heat step off the bus, they’ll see and hear “5280” often and be warned about “hypoxia with symptoms of fatigue, difficulty breathing, rapid heart rate, headaches and confusion.” Nuggets hope Miami will feel the altitude physically and mentallyhttps://t.co/4Bt69JoAwS pic.twitter.com/qlYCm7pZCX
— Ohm Youngmisuk (@NotoriousOHM) May 31, 2023
À titre de comparaison, la ville de Miami n’est située qu’à deux mètres au-dessus du niveau de l’eau, soit moins que la taille de Jimmy Butler. On n’est clairement pas sur le même cadre ni sur les mêmes conditions climatiques. Les Floridiens vont déserter le soleil et les palmiers de South Beach pour aller dans les Rocheuses, largement plus haut et donc plus froid. Comme le disait Patrick Vieira “l’équipe qui va recevoir aura l’avantage à domicile de jouer à la maison”, au-delà du dictionnaire des synonymes ambulant qu’est l’ancien milieu de terrain de l’Equipe de France de football, cet avantage est aussi climatique, voire suffocant, parfois même qualifié d’injuste.
Les Nuggets ont un ratio de 65,2% de victoires à domicile dans leur histoire. C’est plus que n’importe quelle autre équipe, c’est dire à quel point cet avantage n’est pas une légende. Mais Erik Spoelstra et son Heat sont fin prêts pour relever ce défi, il estime son équipe prête physiquement et très dure au mal. Ils ont par ailleurs évolué à Mexico City cette saison, une ville encore plus haute que Denver, située à 7350 pieds au-dessus du niveau de la mer, soit environ 2,2 kilomètres ou 1,4 Mile. Voici sa réponse lorsque les journalistes lui ont demandé si les Nuggets allaient être aidés par ce facteur géographique.
“Je ne vais pas commencer à rentrer là-dedans. Nos gars sont en grande forme et prêts à jouer. Si Denver veut jouer tout en haut de l’Everest, alors on le fera. Ça se disputera sur le terrain. Eux aussi doivent revenir à Miami, et si vous voulez parler de ça, on pourra éteindre la climatisation et les forcer à jouer sous 90°F (NDLR : 32°C) dans une atmosphère humide.” – Erik Spoelstra
Le tacticien du Heat a également omis la vie nocturne à Miami, contre laquelle les joueurs des Nuggets devront lutter pas comme James Harden. Spo’ n’a pas entièrement tort sur le principe, mais c’est tout de même une donnée à prendre en compte, si bien que son équipe s’est envolée directement pour le Colorado quelques heures seulement après le Game 7 contre Boston, afin d’avoir plus de temps d’adaptation pour s’acclimater aux hauteurs des Rocheuses. Ce ne sera pas de trop après avoir dû batailler face à Boston pendant que les potes de Nikola Jokic se reposaient peinards après le sweep infligé aux Lakers.
Pour la petite anecdote, sachez que la dernière victoire du Heat à Denver remonte à 2016, Hassan Whiteside et Dion Waiters faisaient alors office de franchise-players pour Erik Spoelstra. Aussi, s’il y a un joueur qui est bien placé dans cette série pour connaître ce facteur déterminant en faveur des Nuggets, c’est Aaron Gordon. Arrivé à Denver en 2021 en provenance d’Orlando, à 3 heures 30 de voiture au nord de Miami, il a évolué dans les deux climats, et son avis est très tranché lorsque les journalistes lui demandent s’il y a une grosse différence.
“Oh mon Dieu, oui. Je ne pouvais même pas sentir mes muscles. C’était comme si je sentais qu’il n’y avait pas assez d’oxygène pour mes muscles quand j’y jouais. C’était fou… Ça m’a pris au moins une à deux semaines pour m’y habituer.” – Aaron Gordon
Qu’Erik Spoelstra et le Heat le veuillent ou non, les Nuggets auront un avantage géographique certain lors de cette série. La franchise du Colorado est toujours invaincue dans leur Ball Arena en Playoffs (8-0). Les Floridiens voudront faire mentir ces statistiques, il faudra tout de même s’employer pour y parvenir. Ni le Heat, qui jouera sa chance peu importe la hauteur, ni les Nuggets, qui estiment qu’il ne tient qu’à eux d’avancer vers leur première bannière, ne souhaitent considérer ça comme un avantage ou un inconvénient. Seule la victoire compte, et seule la victoire est belle désormais.
Sources texte : ESPN, Bleacher report.