Pat Riley, l’homme qui a gagné à tous les étages de la NBA
Le 20 mars 2023 à 17:44 par Nicolas Vrignaud
Actuel general manager du Heat, Pat Riley est l’une figure les plus connues de la NBA. Victorieux avec le Heat, l’homme a également connu le succès dans la grande ligue en tant que joueur puis en tant qu’entraîneur, du côté de Los Angeles. Retour sur une carrière victorieuse à tous les étages d’une franchise.
Il faut remonter aux années 60 pour entendre parler de Pat Riley pour la première fois. Allez, on enfile les bandeaux aux motifs floraux et les pantalons patte d’eph’. Nous sommes en 1965, et Patrick James Riley est un joueur reconnu de l’université du Kentucky. Avant d’arriver à la fac, Riley est déjà populaire pour son talent basket : en 1961, il joue un match de lycée contre une autre équipe de son état natal, New York. En face de lui, un autre gamin de talent qui se nomme… Lew Alcindor. C’est dire si l’on attendait de Patrick qu’il soit un grand joueur par la suite. Gratifié de nombreuses récompenses dans le Kentucky, il sera le finaliste malheureux du championnat NCAA de 1966, durant lequel les Wildcats s’inclineront face à Texas Western.
Un don pour le basket qu’il souhaite prolonger en NBA, et ce même si les Cowboys de Dallas (NFL) le sélectionnent en 1967 à la Draft. Dans la grande ligue, il sera choisi par les San Diego Rockets en septième position. Trois saisons dans le sud de la Californie… avant d’être récupéré par les Blazers lors de l’expansion de la ligue en 1970. Le passage dans l’Oregon ne sera que de (très courte) durée, car Riley est échangé aux Lakers dans la foulée. Le début d’une aventure de près de 20 piges rarement interrompue au coeur de La La Land.
En tant que joueur, il passera cinq années sous le maillot pourpre et or. Cinq années d’un rôle plutôt secondaire, qui seront ponctuées par la conquête d’un titre en 1972. La bague de champion NBA en poche, il prendra sa retraite de joueur en 1976 après une dernière pige chez les Suns. Les apports statistiques sont en nette baisse, et Pat ne veut pas devenir un boulet. Sa carrière aura duré dix ans et traversé deux ères en NBA : la fin des Celtics de Bill Russell et l’avènement de Kareem Abdul-Jabbar. Plutôt sympa à raconter aux petits enfants.
Tout ça pour dire qu’à 31 ans, Riley est un jeune retraité, mais un retraité ambitieux. Dès 1977, il devient commentateur pour les Lakers. Pendant deux ans, il couvrira la franchise avant que le destin ne fasse son oeuvre. Un destin malheureux pour Jake McKinney, alors head coach de la franchise. Gravement blessé lors d’un accident de moto en 1979, il doit laisser sa place à son assistant Paul Westhead. Ce dernier, cherchant à renforcer son équipe technique, recrute Riley. La première année sera immédiatement victorieuse, puisque les Angelinos, menés par KAJ et un rookie du nom de Magic Johnson, remporteront le titre en 1980.
Pat Riley had an entertaining, one-hit-wonder TV career on NBA on NBC during the 1991 season.
And this was the proudest moment of Bob Costas’ TV career.
Messing up Pat Riley’s hair. pic.twitter.com/xwdCd9qZAs
— OLDSKOOLBBALL (@Oldskoolbball1) March 20, 2023
Après une défaite en Playoffs face aux Rockets de Moses Malone, la désormais star des Lakers – Magic Johnson – se plaint de Westhead, et annonce qu’il demandera un transfert si la franchise ne fait pas le nécessaire. Inquiet à l’idée de perdre sa pépite, Jerry Buss nomme immédiatement Pat Riley entraîneur en chef par intérim, assisté par Jerry West, légende du coin. Pat sera vite confirmé comme coach permanent, lui laissant toute latitude pour diriger son effectif. Instigateur du célèbre “Showtime”, il mènera les Lakers durant la décennie de rivalité historique avec les Celtics de Larry Bird.
Trois nouvelles bagues seront alors gagnées, en 1985 puis en 1987 et 1988. Sa promesse de réaliser le doublé après les finales de 87 est d’ailleurs un passage marquant pour les fans des Lakers. L’exploit n’avait en effet pas été réalisé depuis 19 ans à l’époque. Véritable icône d’Hollywood, il devient très ami avec Giorgio Armani et développe un goût pour le textile, s’habillant toujours avec beaucoup de classe en costume. Cela contribuera fortement à associer les Lakers aux paillettes de La La Land et du show business.
Toutes les bonnes choses ont pourtant une fin, et après avoir été titré coach de l’année en 1990, il choisit de laisser la place. La défaite en Playoffs face aux Suns aura été la goutte d’eau. L’image de Riley est alors à son maximum. Depuis Red Auerbach, aucun coach n’a laissé telle empreinte en NBA.
Des vacances ? Vous rigolez. Patoche se remet derrière le micro pendant un an, mais voyez-vous, le fait de ne plus avoir de plaquette dans la main le démange. Dès 1991, il s’engage avec les Knicks. La hype est énorme dans la Big Apple, car Riley est un vainqueur dans une franchise qui veut mettre la main sur un second titre. Pourtant, l’aventure ne sera que de courte durée : quatre ans dans la ville qui ne dort jamais, barrés chaque année par les Bulls d’un certain Michael Jordan. Chicago est bien trop fort, et plutôt que de s’entêter, Patrick négocie en toute discrétion avec le Heat. En 1995, il démissionne et s’engage à South Beach en tant que président et coach. Double casquette, pour la franchise qu’il dirige toujours.
Son idée en arrivant en Floride ? Construire autour du duo Alonzo Mourning – Tim Hardaway. Les premières saisons sont prometteuses avec comme récompense la participation aux finales de l’Est en 1997. Souci ? Toujours le même, et il se nomme Chicago. La belle opportunité est manquée, et Miami ne passera jamais face aux Knicks les trois années suivantes. En 2002, en fin de cycle avec son groupe, Riley se retire du rôle de coach pour laisser la place à son assistant, Stan Van Gundy. Après trois saisons teintées d’objectifs non atteints malgré l’émergence du jeune Dwyane Wade et l’arrivée de Shaquille O’Neal, Riley renvoie son ancien bras droit et s’auto nomme au poste qu’il a jadis occupé. Il remporte le titre en 2006, après une série remportée contre les Mavericks de Dirk Nowitzki.
En 2008, il se retire à nouveau pour laisser le rôle de tacticien en chef à Erik Spoelstra, son assistant d’alors. Il reste néanmoins président, et joue un rôle important dans le recrutement de LeBron James à Miami. double champion en tant que responsable de la franchise, il finalise son palmarès. La dernière ligne symbolique de son palmarès est une finale perdue en 2020.
De toutes ces lignes, il faut retenir l’intelligence et l’habilité de Pat Riley a construire des groupes et à les mener jusqu’au titre, pendant plus de trente ans, en prenant compte de l’évolution du basket en tant que sport. Et surtout, réussir à le faire avec une classe toujours iconique.
Sources : NBA, ESPN, SI