Les Nets, un fiasco total : bilan d’un projet aussi excitant que raté

Le 13 févr. 2023 à 18:35 par Nicolas Vrignaud

Nets dossier fiasco
Source : Montage TrashTalk via NBA League Pass

Lorsque les Nets ont annoncé, à l’été 2019, la venue de Kevin Durant et de Kyrie Irving à Brooklyn, la NBA a tremblé. Deux stars, unies sous la même tunique avec pour objectif unique d’aller chercher un titre NBA. Une superteam effrayante sur le papier, qui a pourtant tenté sans jamais réussir… avant de virer au fiasco le plus total ces deux dernières saisons. 

Quel autre mot que fiasco ?

Pour décrire le passage de Kevin Durant et Kyrie Irving chez les Nets, de notre côté, c’est le premier mot qui vient. Il y a eu du bon, du très bon durant les trois dernières saisons de Brooklyn. Seulement, tout ça s’est noyé dans un océan d’extra-sportif et plus globalement, de mauvaises choses. Allez, un peu de chronologie.

Au mois de juillet 2019, c’est l’effervescence en NBA : Kyrie et Kevin rejoignent Brooklyn. L’un après avoir déçu chez les Celtics, l’autre après avoir tout gagné chez les Warriors. Les deux zozos n’ont qu’un seul but : remporter ensemble le premier titre de l’histoire des Nets. Sur le papier, le scénario est presque hollywoodien : un gros marché, dans la ville qui ne dort jamais. Un homme en pleine rédemption, assailli par les médias pour son comportement. De l’autre, un joueur qui appartient déjà aux tous meilleurs de l’histoire, mais qui doit encore prouver qu’il peut être le patron d’une équipe titrée.

KYRIE IRVING
KEVIN DURANT
ET DEANDRE JORDAN
TOUS À BROOKLYN pic.twitter.com/EnS5Nu3G8F

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) June 30, 2019


Deux joueurs sous pression, qui ont rendez-vous avec leur histoire et qui choisissent pour cela une équipe au contexte idéal. L’exemple parfait de la “players era” : deux stars s’unissent pour accomplir quelque chose, au grand dam d’une franchise qui accepte volontiers leur venue, sans montrer de grand signe de maîtrise… Oh s’ils savaient, Sean Marks et Kenny Atkinson.

Les prémices et la grande tentative

Le coach des Nets sera le premier à faire les frais de l’arrivée des deux joyeux. Un début de saison pas franchement terrible, et des remerciements très légers : voilà avec quoi Kenny Atkinson est prié de faire ses valises à l’hiver 2020. Un signe avant coureur ? Sans doute que oui. L’architecte de la reconstruction des Nets s’en va, et avec lui trois ans d’une fantastique épopée. Parlons en un peu, il le faut.

L’homme récupère Brooklyn en 2016, l’équipe vaut alors l’équivalent d’un chiotte d’aire d’autoroute en termes de basket, mais attention, pas les aires d’autoroutes où il y a des magasins hein, celles où il y a juste des toilettes. L’analogie est toute trouvée, car le technicien va les récurer jusqu’à fonder un noyau dur et très collectif, soudé autour du trio D’Angelo Russell, Caris LeVert et Spencer Dinwiddie. Le premier nommé sera même sélectionné au All-Star Game. L’histoire est magnifique, mais sacrifiée sur l’autel d’un titre potentiel. Allez, on l’avoue : tout revirement sportif est justifiable pour aller chercher un titre. Néanmoins, l’arrivée des stars excite autant qu’elle rend nostalgique.

🥲 pic.twitter.com/TOl0lmOnHZ

— Nicolas TrashTalk (@niclsvrg) February 6, 2023

Parenthèse terminée, revenons-en au sujet. Le 14 décembre 2020, Kevin Durant effectue son retour à la compétition sous les ordres de Steve Nash. C’est un match de pré-saison, mais l’espoir est grand : enfin, les Nets vont montrer qu’ils ont l’étoffe de futurs champions. Pour parfaire la troupe, Sean Marks réalise le gros coup de l’hiver 2021 : James Harden débarque à Brooklyn, retrouvant Kevin Durant près de huit ans et demi après l’avoir quitté dans l’Oklahoma. Le trio est juste effrayant. Trois des meilleurs attaquants de la ligue, de l’histoire de la ligue, ensemble pour tout casser.

L’histoire retiendra que cette aventure s’est sans doute jouée à une pointure de trop. Kevin Durant n’envoie que deux points contre les Bucks en prolongation du Game 7 des demi-finales de Conférence Est. La Tarentule aurait pu tuer le match en cas de tir à 3-points mais les arbitres confirment le tir à deux points : prolongations, et les Daims maîtriseront mieux les cinq minutes que leurs adversaires. Les Nets sont éliminés. Les regrets peuvent bouffer toute la clique de Steve Nash. Que se serait-il passé si cette équipe s’était qualifiée ? Aurait-elle soulevé le trophée ? Nul ne le sait… mais le temps presse.

One year ago, the Bucks withstood Kevin Durant’s NBA-record 48 points in a Game 7 thriller, beating the Nets, 115-111.

One for the history books 📚 pic.twitter.com/wRvHV09fif

— ESPN (@espn) June 20, 2022

Une pandémie, un genou qui grince et une barbe qui se taille

Allez, on reprend les mêmes et on recommence alors. Oui mais non, pas exactement. La deuxième vague de COVID-19 qui frappe de plein fouet les États-Unis forcent les autorités à sévir considérablement leur politique sanitaire. Pas de vaccin ? Pas d’accès aux salles de sport dans l’État de New-York. Vous vous doutez bien qu’un des larrons va n’en faire qu’à sa tête sur cet épineux sujet, et vous avez raison. Kyrie Irving, qui a depuis le début de la pandémie pris des positions clairement anti-vaccin, refuse catégoriquement toute injection.

Pris entre les feux de l’exigence politique et du désir sportif, la direction des Nets fait le choix de suspendre Kai jusqu’à nouvel ordre. Du début de la régulière 2021-22 jusqu’au mois de janvier, Kyrie Irving ne jouera plus. La stat’ est d’ailleurs plus qu’explicite : James Harden, Kyrie Irving et Kevin Durant n’auront joué que seize matchs ensemble. Le total monte à 74 pour KD et Kyrie, beaucoup trop peu.

Kevin Durant and Kyrie Irving signed together with the Nets in the summer ahead of the 2019-20 season.

In three-plus seasons while they were both on Brooklyn’s roster, they appeared in just 74 games together.

H/T @SNYNets pic.twitter.com/3bOTzEt69v

— The Athletic (@TheAthletic) February 5, 2023

Alors qu’un semblant de rayon de soleil semble enfin toucher le Barclays Center, c’est un autre acte de cette tragédie dramatique qui s’ouvre : Kevin Durant se flingue le genou suite à un mauvais choc lors d’un Nets-Pelicans de pacotille. Deux semaines d’absence prévues, puis quatre… puis près de deux mois et demi. Bien placés dans les sommets de la conférence Est, les Nets vacillent. Ils ne seront en Playoffs que grâce à une qualification via le play-in. Et quelques semaines après la blessure du Snake ? C’est James Harden qui claque la porte : marre de vos conneries, des blessures, moi j’avais pas signé pour ça donc j’me barre.

Le début de la fin pour les Nets. Balayés 4-0 par les Celtics au premier tour, demande de transfert de Kevin Durant une fois les finales terminées. Déjà, l’heure des premiers bilans : les gars, ça a foiré quelque part. Pas de transfert au final, malgré de solides rumeurs autour de Kyrie Irving et des Lakers. Allez, on prend son mal en patience…

OH MON DIEU KEVIN DURANT VEUT QUITTER LES NETS ?!?!?!

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) June 30, 2022

La saison 2022-23 commence néanmoins bien, et Brooklyn roule même sur toute la ligue au mois de décembre. Les ennuis terminés ? Oh là, attendez. Blessure de Kevin Durant début janvier – pour changer – et absence de deux mois attendue. En pleine négociation pour un nouveau contrat, Uncle Drew décide alors de se barrer, et c’est Dallas qui récupère le garçon. Sans doute gavé par deux ans de misères extra-sportives, Kevin Durant choisira lui aussi de faire ses bagages, en direction de Phoenix.

🚨 TRANSFERT OFFICIEL

SUNS :
– KEVIN DURANT

NETS :
– MIKAL BRIDGES
– CAM REDDISH
– 4 PREMIERS TOURS DE DRAFT

🤯🤯🤯🤯🤯 pic.twitter.com/iZW3z6KQUD

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) February 9, 2023

Le bilan 

Trois années, une franche opportunité : c’est la grande roulette de la NBA, qui ne couronne que les équipes au talent prouvé mais qui jouissent également d’un peu de chance. Là où ces Nets ont échoué, c’est clairement sur la gestion de leurs joueurs. Alors oui, de tels clients apportent avec eux leurs lots de problèmes, mais à cette échelle, c’est du jamais vu. Kevin Durant et Kyrie Irving ne laissent pas derrière eux des cendres encore fumantes, mais ont tout de même bien entaché leurs legacies respectives. Une punition sans doute largement plus importante.

Les deux derniers champions l’ont également prouvé : l’ère des grandes réunions de stars pour gagner un titre semble terminée, elle a du moins trouvée à qui parler. Car les Bucks et les Warriors ont compté sur autre chose pour gagner. Deux équipes fournies d’éléments très sérieux à tous les postes, et emmenées par un leader indiscutable : la nouvelle formule qui marche ? Les Nets ont récupéré le premier élément via leurs récents échanges hivernaux, ne reste plus qu’à façonner le second, ou bien le trouver ailleurs.

Sources : The Athletic, ESPN, NBA


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