Le billet d’Alex : Kevin Durant, le grand gagnant du trade de Kyrie Irving ?

Le 07 févr. 2023 à 15:41 par Alexandre Martin

Kevin Durant
Source YouTube / NBA

On parle de lui mais lui parle peu. On réagit mais pas lui, enfin pas trop. On imagine des choses. On se demande s’il ne va pas, lui aussi, demander à nouveau son transfert. Kevin Durant peut paraître seul chez les Nets aujourd’hui. Il ne l’est pas. Et si pour une fois les choses pouvaient aller dans son sens du côté de Brooklyn, il pourrait même devenir le grand gagnant de ce blockbuster trade qui vient d’envoyer Kyrie Irving à Dallas. 

Depuis qu’il est à Brooklyn et notamment depuis deux ans, on a la nette impression que Kevin Durant a tout connu sauf le bonheur. Même s’il a pu croire qu’il n’en était plus très loin à plusieurs reprises, comme en janvier 2021 quand Sean Marks a hypothéqué l’avenir de la franchise pour faire venir son pote James Harden. Là, c’est le moment où on prend une grande respiration pour revenir sur tout ce que KD vient de vivre en un peu moins de deux ans. 

L’échec face aux Bucks en Playoffs cette année-là, principalement pour cause de blessure et d’une trop grande pointure de chaussure, va empêcher les Nets d’aller jusqu’où ils auraient voulu. Le début de saison 2021-22 fut placé sous le signe du covid avec d’abord l’absence totale de Kyrie Irving, pas vacciné. Puis un Kyrie Irving à mi-temps. Une blessure de KD vers la mi-janvier va venir casser la dynamique naissante des Nets. Très vite James Harden va se montrer soûlé par toute cette ambiance. Le Barbu va tout aussi vite demander son transfert et l’obtenir au soir de la trade deadline 2022. Seth Curry, le cadavre d’Andre Drummond et l’ombre de Ben Simmons arrivent en ville. Début mars KD revient. Quelques semaines plus tard, Kyrie redevient un joueur à temps plein. Les Nets font le boulot en Play-in. On pense qu’ils sont l’équipe à éviter. Les Celtics en font leur affaire. Un sweep violent. L’été qui suit est pour le moins mouvementé. Histoire d’égayer le mois de juillet Kevin Durant annonce son envie d’ailleurs quelques heures avant l’ouverture du marché. Joli timing. Kyrie aussi voudrait filer. L’été passe. Fin août, Durant remet un coup de pression : ce sera son transfert ou la tête du GM et celle du coach. Dans l’immédiat, Joe Tasi ne lâche rien. KD baisse la tête. Une entame de saison bien moche (5 défaites en 7 matchs) va sceller le sort de Steve Nash. KD ne voulait plus de lui, Kyrie non plus. Jacque Vaughn reprend les rênes et une montée en puissance s’amorce. Un bon mois de novembre suivi d’un très gros mois de décembre (12 victoires pour une défaite). KD est dans le top 3 des candidats MVP au moment de se souhaiter une bonne année 2023. Pas longtemps. Le temps de se blesser et de devoir laisser l’équipe se débrouiller à partir du 12 janvier dernier. Inquiétude réelle. Mais les Nets ne sombrent pas. Grâce au talent offensif de Kyrie bien sûr mais aussi grâce à une base défensive solide, s’appuyant sur un groupe de joueurs soudés, capables de faire le dos rond en attendant le retour du patron. 

Expirez. 

KD allait revenir. Il va bientôt revenir. Les Nets étaient toujours dans le Top 4-5 de l’Est. C’est ce moment précis que Kyrie Irving a choisi pour tout casser. Sur fond de propositions contractuelles jugées trop loin de ses attentes, le meneur a demandé son transfert. Visiblement, sans en avoir parlé auparavant avec son “ami” Kevin. Ce n’est pas anodin. On rappelle que Kyrie est la raison principale de l’arrivée de Durant à Brooklyn lors de l’été 2019. La nouvelle a donc dû légèrement prendre KD à la gorge. D’autant plus que les dirigeants des Nets n’ont pas traîné derrière. Transfert demandé le 3 février, accord conclu avec les Mavs dès le 5 et officiel le 6 (hier). En trois jours, l’affaire était pliée. Laissant Kevin Durant esseulé mais avec devant lui une immense opportunité. Celle de montrer qu’il est un leader autant qu’un monstre offensif. Celle de devenir, enfin, un gagnant incontesté. 

Le défi est immense mais pour une fois, les risques sont moindres. Déjà il faut rester, au moins jusqu’à l’été pour commencer. La deadline pour les transferts n’étant plus que dans deux jours et KD n’ayant pas (ré)exprimé le souhait de partir, il y a peu de chance que les Nets soient à l’écoute d’offres le concernant. C’est là que ça devient passionnant.  

Si KD part dans les deux prochains jours, ou s’il reste mais que ça ne donne rien, il devra assumer sa part de responsabilités mais il ne sera pas seul et aura une bonne dose de circonstances atténuantes pour expliquer son fiasco brooklynien. On pourra parler des blessures, de cette incapacité à être à 100 % en même temps que Kyrie Irving et James Harden. On pourra parler de certains choix de recrutement, du coaching de Steve Nash… Tous ces éléments viendront s’ajouter au fait que Harden puis surtout Irving l’ont laissé tomber à chaque fois en cours de saison, ceci étant évidemment très néfaste à la construction d’un groupe alors que Durant lui était à chaque fois parti pour tenter de gagner malgré tout le drama environnant. Il sera toujours temps de faire le point pendant l’été. Si ça se trouve, le temps que l’encre de ces lignes sèche, Kevin Durant aura demandé à être transféré lui aussi avant la deadline et Sean Marks aura déjà sorti de son chapeau une offre toute chaude. Ou peut-être que Durant voudra partir cet été. Peut-être… 

J’ai envie qu’il reste. 

Sur cette fin de saison bien sûr mais aussi au-delà de l’été prochain. Parce que s’il reste, tout est possible. De toute façon, à plus de 34 ans, Kevin Durant a de moins en moins le temps de réfléchir. Il doit agir. Changer d’équipe. Pour aller où ? Chez les Suns ? Le Heat ? Sera-t-il dans une position assurément meilleure pour sa quête de titre ? Son destin ne doit-il pas s’écrire ici à Brooklyn ? Sans Kyrie. J’ai envie de voir ce que peuvent valoir ces Nets amputés du talent d’Irving mais renforcés d’un meneur sérieux et d’un des meilleurs 3 & D de la ligure en la personne de Dorian Finney-Smith. Les Nets de Kevin Durant avec, autour de lui, un pivot protecteur de cercle, des ailiers qui défendent dur et qui savent shooter, quelques snipers purs, un meneur solide et complet, plusieurs jeunes qui ne demandent qu’à briller. J’ai envie de voir Durant entouré de cette bande de joueurs prêts à tout avec lui et pour lui. 

Si Sean Marks a un tour dans son sac pour améliorer ce groupe là tout de suite avant la deadline avec un joueur offensif de haut niveau, pourquoi pas. Sinon, allons-y, voyons ce que ça donne. Quitte à échouer. Quitte à gagner aussi. Le Durantula en a encore largement le niveau. Les Celtics lui ont mis un gros coup l’an dernier mais ce coup était collectif, mental et tactique. Offensivement et techniquement, KD est toujours un des meilleurs joueurs de la ligue. Rappelons qu’il tournait encore à 30 points de moyenne à 56% au tir avant de se blesser avec plus de 7 rebonds et presque 6 passes décisives en accompagnement. Il lui manque désormais un gros lieutenant mais paradoxalement, ces Nets pourraient être tout aussi bien, voire mieux, armés que ceux de l’année dernière en cas de joutes intenses en Playoffs. Sans oublier que la surprise pourrait aussi venir de l’intérieur. Un Cam Thomas qui explose par exemple (deux fois de suite plus de 40 points pour le sophomore) et qui devient une solution plus que solide dans le backcourt aux côtés de Dinwiddie et de Seth Curry ou Joe Harris. Un frontcourt dont la rotation principale composée de Durant, Finney-Smith, O’Neale et Claxton devient létale, surtout avec des Watanabe, Simmons ou Warren pour compléter. 

Ces Nets ont de quoi jouer. Le calme extra-sportif ne dépend maintenant plus que de Kevin Durant. Il a enfin l’occasion de se concentrer sur ce qu’il aime faire par-dessus tout : jouer. Sans drama, sans blessure et avec des équipiers fiables. Kevin Durant en héros de Brooklyn, n’est-ce pas finalement ce dont les Nets ont besoin ? L’aventure serait incroyable…