Victor Wembanyama, près des étoiles mais trop loin du cercle ?
Le 10 janv. 2023 à 12:23 par Arthur Baudin
Au moment de la semaine où la programmation téloche ne noie pas le basket français, quoi de mieux qu’un bon thriller improvisé entre le triple champion en titre et l’attraction du moment ? Soirée bien coolos à Marcel-Cerdan, avec un zoom particulier sur Victor Wembanyama. Décisif mais très en-dessous de ses standards offensifs. Pas mauvais, juste un peu mieux que moyen. Et ça fait un mois que ça dure.
Un doigt sur l’oreillette, est-ce qu’on m’entend bien ? Madame la ministre des sports est arrivée Didier. Ouai, tu me la mets premier rang. Comment ça tu sais pas à quoi elle ressemble ? Eh bah… tu verras son pull rose. Ouai avec les tulipes. Ouai c’est ça. Hein, elle veut prendre une photo avec qui ? Mais nan, c’est pas « Alabenga » c’est Wemba… enfin laisse tomber. Ouai ouai j’ai compris, je vais lui demander. Ça marche. Ouai. C’est noté. Ok à toute.
La Ministre des Sports, Madame Amélie Oudéa-Castéra est parmi nous ce soir !
Bienvenue à Cerdan @AOC1978 !#GoMets92 #BetclicELITE pic.twitter.com/OqEyEq9Mc0
— Boulogne-Levallois Metropolitans 92 (@Metropolitans92) January 9, 2023
Si Victor Wembanyama s’appelle « le sport », alors le sport rassemble. Beaucoup de costards dans les tribunes basses de Marcel-Cerdan hier soir. Des retours tardifs après l’entracte, nez rouge et premier bouton défait, parce que c’est sympa de venir mais qu’on ne comprend pas toutes les règles. Un peu d’indulgence. C’est normal de caresser le chaton avant que les Américains ne lui proposent un plus gros bol de croquettes (métaphore un peu foireuse mais vous avez l’idée). On serait même les premiers à fustiger des tribunes parsemées. Belle soirée dans une enceinte pleine, promotion efficace du championnat de France, c’est tout ce qu’on retient.
Et du coup les petits nouveaux, trois mots pour décrire votre « première fois » avec Victor Wembanyama ? Frustration, délivrance et Tremont Waters… Ça fait sens.
Entre une performance moyenne de Victor Wembanyama et un bon match de n’importe quel autre joueur, la frontière – si tant est qu’elle existe – est excessivement fine. Globalement, un bon match de Victor Wembanyama met tout le monde d’accord. Aucun problème là-dessus. Une ligne à 30 points et 11 rebonds, 4 contres, le premier artisan de la 2e place des Metropolitans 92. Mais quand il commence à zoner en-dessous des 20 points, l’interprétation de son match est rendue difficile. N’y voyez aucune corrélation directe entre le prisme statistique et la qualité de sa rencontre. Tout ne se résume pas à « Oh il a mis que 16 points, c’est pas assez Victor ! ». Le basket serait alors bien simple et il suffirait d’ouvrir l’application LNB (quand elle fonctionne) pour réviser ses classiques. Là, c’est un fait : quand Victor termine la réception de l’Asvel à 15 points à 4/12 au tir dont 0/4 à 3-points, c’est que tout ne s’est pas passé comme désiré. Il touche beaucoup de ballons, joue des un-contre-un à la pelle, bref a totalement orienté son jeu autour du scoring. Mais voilà, depuis le 6 décembre dernier – au sortir de quatre matchs consécutifs à au moins 30 points – Victor attaque avec le frein à main.
Victor Wembanyama est parfaitement lock-down par Aamir Simms 🔐 pic.twitter.com/ER1nqH5WPu
— Arthur TrashTalk (@ArthurJBaudin) December 17, 2022
Les 10 derniers matchs de Victor Wembanyama en championnat :
- 4 novembre vs Limoges : 33 points à 10/17 au tir
- 20 novembre vs Nanterre : 30 points à 10/19 au tir
- 26 novembre @ Nancy : 30 points à 9/19 au tir
- 2 décembre vs Fos sur Mer : 32 points à 12/20 au tir
Et pouf !
- 6 décembre @ Roanne : 15 points à 7/14 au tir dont 1/5 du parking
- 11 décembre vs Monaco : 27 points à 11/20 au tir dont 0/5 du parking
- 17 décembre @ Paris : 11 points à 4/11 au tir dont 1/5 du parking
- 23 décembre vs Cholet : 24 points à 8/21 au tir dont 4/8 du parking
- 26 décembre @ Strasbourg : 26 points à 6/18 au tir dont 2/9 du parking
- 9 janvier vs Asvel : 15 points à 4/12 au tir dont 0/4 à 3-points
Trois défaites des Mets 92 en décembre, une seule sur les deux premiers mois de compétition. Changement observable dans les feuilles de match de Victor. Coïncidence ? On ne pense pas. Son impact sur la décision d’un match tire loin aux deux extrémités. S’il est à la peine – ou qu’il se met simplement en retrait – les Mets 92 s’inclinent contre Roanne et Strasbourg. Deux équipes hors du Top 8. Pour autant, même en “galère” comme hier soir, Victor Wembanyama termine avec 9 rebonds, 5 contres, “seulement” 2 ballons perdus, 21 d’éval et +2 de plus/minus. Il reste valuable. Le derby contre le Paris Basket était son pire match offensif de la saison : 11 points à 4/11 au tir dont 1/5 à 3-points. À côté ? 6 contres, 2 interception et… +23 de plus/minus. Il faudrait bander les yeux de Victor pour qu’il connaisse le sentiment d’être un boulet. Sa présence sur le parquet est – et sera toujours – bénéfique à ses coéquipiers. Que ce soit par sa dissuasion naturelle, ou par un dernier bon geste, comme ce putback dunk sur toute la raquette de l’Asvel. L’intello qui a “raté” son devoir et récolte quand même un 15.
Victor Wembanyama pour (peut-être) enterrer l’ASVEL. Ce grand bonhomme est béni son match est vraiment pas dingue 😭 pic.twitter.com/L8v9Vn6QlJ
— Arthur TrashTalk (@ArthurJBaudin) January 9, 2023
Mais du coup, pourquoi est-ce que ça coince en attaque ?
Depuis un bon mois, Victor Wembanyama s’écarte trop du cercle. On dirait un peu Kristaps Porzingis après ses premières blessures en carrière. La création d’espace est timide, les fadeaways qui suivent manquent de calcium : il y a trop de simplicité dans son jeu de un-contre-un. Si bien que des gars aux appuis solides comme Aamir Simms, Justin Patton ou encore Silvio De Sousa ont réussi à le tenir au poste. « Ouai mais TrashTalk, il bosse sur ce qu’il veut devenir, à savoir presque un attaquant extérieur, non ? ». Extérieur il le sera, mais polyvalent avant tout. Ça ne sert à rien de se priver de cartons sous le cercle pour s’égarer dans des zones d’inconfort. On le veut autant à la bataille intérieure qu’ouvert à 3-points. Difficile de correctement répartir son jeu à seulement 18 ans, mais c’est un point que Victor aborde suffisamment tôt pour arriver prêt en NBA (ou du moins, prêt à travailler). Bon et de temps en temps, ça rentre quand même. Sur une action isolée, Yves Pons en a été le malheureux témoin.
Victor Wembanyama sur la TÊTE de Yves Pons 🇫🇷🙆♂️@TrashTalk_fr pic.twitter.com/T6osUmc1gf
— Arthur TrashTalk (@ArthurJBaudin) January 9, 2023
Pas de panique, ce coup de moins bien n’est qu’un petit coup de moins bien. Mieux vaut pour Victor qu’il découvre ses points à bosser avant de faire le grand saut, plutôt qu’avec un bras collé au dos plein de sueur de Nikola Jokic. Et puis de toute manière, il en connaîtra d’autres des galères. Des petites, des grosses, des moyennes… et même des énormes. Ainsi va la vie. Inspecteur Barnaby.