Tracy McGrady, les 13 points en 35 secondes : récit du légendaire 9 décembre 2004

Le 09 déc. 2022 à 13:20 par Enzo Lecoq

Source Image : Youtube

C’était le 9 décembre 2004. Les Rockets de Tracy McGrady et Yao Ming recevaient au Toyota Center les Spurs “de la grande époque”. Et dans un match qui semblait scellé en faveur des San-antoninos, Tracy McGrady va alors réaliser l’un des exploits les plus marquants de l’histoire. 

La zone. Cet état semi-conscient dont tout sportif a déjà entendu parler. Légende urbaine pour certains, fait scientifique pour d’autres, elle alimente les débats autour des plus grands moments de sport de l’histoire. Étudiée et décrite par les psychologues comme un “état de concentration ultime”, elle n’a sans doute jamais mieux décrit un highlight NBA mieux que celui-ci.

Tracy McGrady, scoreur exceptionnel des années 2000, vient d’arriver aux Rockets en provenance du Magic d’Orlando. Double meilleur marqueur de la ligue en titre, il y rejoint un jeune joueur chinois drafté en première position deux ans plus tôt : Yao Ming. Le duo apprend à jouer ensemble et les résultats… ne viennent pas tout de suite. Le 9 décembre, au moment de l’entre-deux, les Rockets arrivent avec un bilan de huit victoires pour onze défaites et sont 11e à l’Ouest. De leur côté, les Spurs signent comme à leur habitude un énorme début de saison en 16-4. Pour ce qui est du match, on est clairement sur un combat de gladiateurs, supplément boue. Grosse défense et maladresse offensive des deux côtés, et les deux équipes rejoignent les vestiaires à la mi-temps sur un score… de 38 à 34 pour Houston. San Antonio prend l’avantage au retour sur le parquet, grâce à un grand Tim Duncan (12 points, 4 rebonds et 3 contres en QT3), et même si McGrady recolle en début de quatrième, les Spurs conservent puis augmentent leur lead jusqu’à 11 points à moins de trois minutes du terme.

Houston ne parvient pas à recoller suffisamment, et l’écart est toujours de huit points après les lancers-francs de Devin Brown à 44 secondes du buzzer. Le reste appartient à l’histoire.

13 POINTS IN 33 SECONDS

On this day in 2004, Tracy McGrady caught fire late in the 4th, leading the @HoustonRockets to an incredible comeback win against the Spurs! #NBAVault pic.twitter.com/XcEO1tmbhS

— NBA History (@NBAHistory) December 9, 2020

L’incrédulité sur les visages de Gregg Popovich et Tony Parker en dit long sur la teneur miraculeuse de cette séquence. Jamais dans l’histoire de la Ligue un joueur n’avait inscrit autant de points dans un laps de temps aussi court. Encore moins dans les 35 dernières secondes d’un match, pour l’emporter au buzzer sur une équipe telle que les Spurs. En revoyant les images de cette fin de match invraisemblable, on a vraiment l’impression que T-Mac ne pouvait littéralement rien louper. Trois pull-up à 3-points sur la truffe de Malik Rose, Bruce Bowen et Brent Barry, et même un 3+1 impossible après une feinte sur Tim Duncan ? Tous les astres étaient alignés, jusqu’à l’arrachage de ballon dans les mains de Devin Brown alors au sol, et jusqu’à la défense sur le dernier shoot de TP pour la victoire.

Interrogé par TNT (vidéo ci-dessus, timecode à 3:51) sur “ce qui venait de se passer” à la fin du match, McGrady répond alors  :

“J’ai essayé de faire tout ce que je pouvais pour rentrer chaque shoot… dans des situations comme celle-là, le meilleur joueur doit s’élever et créer le jeu. De mon côté, les shoots rentraient à la fin, mais je ne sais pas comment je les ai tous mis […] Ma volonté a juste pris le dessus et rentrait les shoots pour moi”

Ah ça, on peut être sûr que le Big Sleep ne manquait pas de confiance. Il n’en a d’ailleurs jamais manqué. Scoreur exceptionnel, McGrady avait l’habitude de prendre les choses en main personnellement quand il le fallait… et aussi quand il ne fallait pas. Souvent comparé à Kobe Bryant pour leur aptitude exceptionnelle à scorer et leur propension au hero ball, d’aucuns considèrent même T-Mac comme un meilleur marqueur que son homologue Purple & Gold, bien que moins complet… et surtout moins titré. Alors que le sideline reporter de TNT lui demande à quel moment il a commencé à croire en la victoire, McGrady ne se cache pas :

“À partir du moment où j’ai mis le 3+1, ça m’a mis en confiance et je me suis dit qu’à chaque fois que j’aurais le ballon dans les mains et que je verrais le moindre espace pour tenter un shoot, je le prendrais”

Cependant, même le principal intéressé a du mal à réaliser ce qui vient de se passer et semble perplexe :

“Sur la dernière action […] je ne pensais qu’à essayer de remettre un trois, alors je l’ai pris, et là, game-winner. Je… Je n’avais jamais vécu ça.”

Septuple All-Star et autant de fois All-NBA, Tracy McGrady est depuis 2017 un Hall of Famer, n’en déplaise au monsieur chauve de votre chaîne YouTube préférée. Peut-être même T-Mac est-il le meilleur joueur de un contre un de l’histoire de ce sport… mais le basketball est un sport qui se joue à cinq contre cinq, et ça, le cousin de Vince Carter avait parfois tendance à l’oublier. Malgré quinze saisons NBA jouées entre Toronto, Orlando, Houston, ou plus tardivement New York, Detroit, Atlanta et même San Antonio, le Big Sleep n’a aucune bague aux doigts, en tout cas pas celles de la NBA.

Tracy McGrady est sans aucun doute l’un des plus grands talents offensifs de sa génération, voire toutes générations confondues. L’armoire à trophée de T-Mac n’est certes pas très remplie, pour ne pas dire quasiment vide, mais sa Legacy est bien réelle. Et elle se résume presque en… 35 secondes. 


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