La NBA veut mettre en place une vraie limite salariale pour remplacer la luxury tax : un sujet épineux, qui ne plaît pas au syndicat des joueurs
Le 28 oct. 2022 à 22:27 par Nicolas Meichel
Alors que l’accord collectif (CBA) entre la NBA et l’association des joueurs se termine en 2024, des négociations sont déjà en cours concernant le prochain CBA, qui sera évidemment au cœur du fonctionnement de la Grande Ligue lors des années à venir. Parmi les sujets qu’Adam Silver et les proprios veulent mettre sur la table, il y a celui qui concerne la mise en place d’une véritable limite salariale selon ESPN. Spoiler, ça va être très tendu à mettre en place.
Aujourd’hui, contrairement à d’autres ligues professionnelles US comme la NFL (football américain) et la NHL (hockey) qui fonctionnent avec un hard cap, la NBA possède un soft cap. Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? En gros, cela signifie que les franchises peuvent dépasser la limite salariale (lorsqu’on additionne tous les salaires des joueurs composant la franchise) censée garantir la parité entre les différentes équipes, à travers diverses exceptions permettant justement d’aller au-dessus du salary cap en place (pour info, il est fixé à 123 millions pour la saison 2022-23). Mais du coup à quoi sert cette limite si on peut la dépasser ? On y arrive. Les équipes au-dessus du cap sont fortement limitées en matière de recrutement et surtout, elles payent une taxe – la luxury tax – à partir d’un certain montant (fixée à 150 millions cette année).
Cependant, si cette luxury tax peut vite devenir très coûteuse pour les franchises, théoriquement elle n’empêche pas ces dernières d’enchaîner la signature de gros contrats pour prolonger leurs propres joueurs. Encore tout récemment, les Warriors – champions en titre et franchise à la plus grande valeur en NBA – ont fait exploser la banque en prolongeant coup sur coup Jordan Poole (128 millions sur 4 ans) et Andrew Wiggins (109 millions sur 4 ans) tout en devant déjà payer Stephen Curry (48 millions par an), Klay Thompson (40 millions par an) et Draymond Green (25 millions par an) au prix fort.
Ce scénario, c’est spécifiquement ce que la NBA aimerait éviter à l’avenir. Comment ? En mettant en place une véritable limite salariale à la place de la luxury tax, sans exception ni rien. Une limite qu’on ne pourra absolument pas franchir. Pour le dire autrement, mettre un hard cap une fois que le salary cap est dépassé.
L’objectif selon la NBA, c’est d’éviter des déséquilibres trop importants qui remettraient en question la notion de parité au sein de la Grande Ligue. Car outre les Warriors, d’autres franchises de gros marchés dépensent à tout-va pour maximiser leurs chances de gagner. Les Clippers par exemple (190 millions en salaires cette année !), qui possèdent un propriétaire – Steve Ballmer – plein aux as et prêt à tout pour monter la meilleure équipe possible à Los Angeles, même si ça lui coûte une blinde à cause de la luxury tax. On peut citer aussi les Nets du milliardaire Joe Tsai, basée à Brooklyn (New York) et qui sont à plus de 180 millions en salaires cette saison.
Le billet d’Alex : la luxury tax des Warriors, une bénédiction
Mais qu’en pense l’asso des joueurs de tout ça ? Parce que faut le rappeler, pour pouvoir mettre en place de tels changements en vue du prochain CBA, ça passe par un accord entre la NBA (et ses proprios) et la NBPA. Sans surprise, les joueurs sont d’ores et déjà contre si l’on en croit Adrian Wojnarowski d’ESPN. Et quand on dit “contre”, ce n’est pas “contre avec possibilité de négocier”. C’est “CONTRE !” d’entrée. Dans une NBA en plein boom économique et sur le point de signer un TV deal qui s’annonce absolument énorme (potentiellement d’une valeur de… 75 milliards de dollars et qui devrait commencer en 2025), les salaires n’arrêtent pas d’augmenter et toute limite est inconcevable pour les joueurs.
“On aura un lock-out bien avant d’avoir un hard cap.”
Ces mots d’un membre du camp des joueurs à l’insider Marc Stein montre à quel point la NBPA n’envisage même pas de négocier sur ce point. Mais si la NBA insiste vraiment, ce sera le début d’un long combat qui pourrait résulter en une grève patronale avec une Ligue complètement à l’arrêt, comme il y a dix ans…
Rassurez-vous, on n’en est pas là. On sait comment marchent les négos, si la NPBA est complètement fermée sur ce dossier-là elle devra se montrer plus ouverte sur d’autres. Néanmoins, même si ça a peu de chances de passer, un tel changement dans la structure économique de la NBA serait vraiment marquant.
Source texte : ESPN, Marc Stein, Spotrac
In wake of large market contenders Golden State, Brooklyn and the Los Angeles Clippers running up massive payrolls and luxury tax penalties, the NBA's proposing a system that would replace the luxury tax with a hard limit that teams could not exceed to pay salaries, sources said.
— Adrian Wojnarowski (@wojespn) October 28, 2022