Howard University : une fac pour prendre le relais des 12th Streeters au sommet du basketball afro-américain

Le 07 oct. 2022 à 07:27 par David Carroz

Howard University lors de la saison 1910-11
Source image : Youtube, chaîne EDWIN HENDERSON

Les 12th Streeters, le Black Five mis sur pied par Edwin B. Henderson, met fin à son aventure sans avoir perdu un seul match. Mais si la formation n’existe plus au sein de la YMCA du même nom, elle poursuit son chantier face aux autres équipes afro-américaine sous un nouveau pavillon. Celui de Howard University.

Déménagement à Howard University

La fin de cette courte vie – en tout cas parmi l’élite – des 12th Streeters ne signifie pas la fin du basket pour ses joueurs. Au contraire, l’effectif rejoint l’équipe nouvellement créée de Howard University. Là où ils étudient, à quelques centaines de mètres de la YMCA. S’il ne joue plus, Henderson endosse tout de même le rôle de manager. Le Black Five de la fac se lance alors dans l’objectif de récupérer le titre. Ou plutôt le conserver puisque fondamentalement, le noyau dur est celui des champions de 1910. On retrouve ainsi Henry Nixon, Edward B. Gray, Charles Gilmore, les frères Maurice et Arthur Curtis, tout comme Hudson “Huddy” Oliver.

Le basket universitaire n’est pas organisé comme aujourd’hui. Pas de rencontre ou presque en dehors de la ville. Pas de conférence. Et surtout pas de  tournoi final pour sceller chaque saison. Howard University a donc tout le loisir de se frotter aux autres Black Fives. Avec un chemin tout tracé en vue de leur objectif : battre tous les adversaires déjà mis au tapis l’année précédente en tant que 12th Streeters. Easy. Si le bilan n’est pas immaculé, le titre est tout de même pour Howard. La supériorité des gars de Washington est confirmée.

La concurrence montre les crocs

Après ce nouveau couronnement, Howard University ne réduit pas la voilure avec un nouveau début de saison canon. Six victoires en autant de rencontres. Des roustes collées aux équipes new-yorkaises – les scores cumulés par Howard affichent un 251 à 59. Tout roule pour les boys d’Henderson au moment de se rendre en Virginie pour affronter Hampton Institute. C’est la première fois que Howard se frotte à une autre équipe de fac. Il semblerait également que cette rencontre soit la première entre deux universités afro-américaines. L’école de Virginie dispute sa première saison, donc malgré un gymnase flambant neuf et quelques ballers ayant fait leurs preuves sur les terrains de Big Apple, ils ne doivent représenter qu’une mise en bouche pour le Big Five d’Howard University. En théorie, car entre les absences des uns et les mauvaises prestations des autres, c’est Hampton qui s’impose en prolongation, infligeant aux joueurs d’Edwin Henderson leur seconde défaite en deux ans.

Un avertissement lourd de conséquence au moment d’aller pour la première fois du côté de Pittsburgh pour jouer Monticello. L’équipe qui monte, dans le sillage de Cumberland Posey Jr, considéré comme le meilleur joueur afro-américain de l’époque. Un mec malin et prêt à tout pour gagner. Ce qu’il va faire contre Howard dans un match où le Monticello Athletic Club se débrouille pour faire perdre leurs moyens à leurs adversaires. Ainsi les locaux s’imposent, peu importe la manière, puis gèrent au mieux l’après-match dans la presse pour mettre en avant leur performance. Malgré une fin de saison parfaite, Howard perd son titre. Henderson et ses hommes remettent la main dessus en 1913 – récompense partagée avec l’Alpha Physical Culture Club – avant de voir les meilleurs éléments partir, pour la plupart loin du basketball, une fois leurs études terminées.

Washington, pas taillé pour le basketball afro-américain

L’émergence d’autres Black Fives – dont celui de Cum Posey à Pittsburgh – ainsi que l’évolution de la situation raciale à Washington mettent un frein au basketball afro-américain du côté de D.C. Le True Reformer’s Hall est désormais trop petit pour permettre de couvrir les frais du déplacement d’une équipe new-yorkaise à D.C. Si bien que lors de la saison 1913-14, Howard University joue une série de rencontres à domicile… au Manhattan Casino, du côté de Big Apple. Pas l’idéal.

L’absence de salle de meilleure qualité et capacité que le True reformer’s Hall à Washington freine donc le Black Five. Et comme dans le même temps les hommes d’Edwin B. Henderson terminent chacun à leur tour leur cursus, l’effectif a du mal à se renouveler. D’ailleurs du côté de la direction de Howard University, on se rend compte également des aléas du basketball indépendant. Le choix est fait de se diriger désormais vers une forme de compétition mieux organisée, structurée au sein de la Colored Intercollegiate Athletic Association, première conférence d’envergure pour les fac afro-américaine.

La période de gloire de Washington dans la Black Fives Era a été de courte durée. Mais suffisante tout de même pour glaner trois titres de Colored Basketball World’s Champions. Un minimum qui souligne le travail accompli par Edwin B. Henderson pour apporter la balle orange à sa communauté.

Source : Hot Potato de Bob Kuska et The Black Fives: The Epic Story of Basketball’s Forgotten Era de Claude


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