Le mystère Shaedon Sharpe : que peut-on attendre du septième pick de la Draft lors de sa campagne rookie ?
Le 27 sept. 2022 à 12:52 par Nicolas Meichel
Considéré comme le grand mystère de la Draft après une saison sans jouer du côté de l’université de Kentucky, l’arrière Shaedon Sharpe a finalement atterri aux Blazers qui ont décidé de miser sur lui avec leur septième choix. Le talent du jeunot est aussi grand que l’incertitude qui l’entoure, alors forcément on se demande ce qu’il peut vraiment apporter lors de sa campagne rookie.
7 juillet 2022, Las Vegas (Nevada), premier match de Summer League pour les Blazers face aux Pistons. Au milieu du premier quart-temps, Shaedon Sharpe marque son premier panier sous les couleurs de Portland à travers un magnifique turnaround jumper, avant de… sortir du terrain à cause d’un bobo à l’épaule qui le privera de tout le reste de la Summer League. En l’espace d’une séquence, on vient de vous résumer pourquoi il y a à la fois tant d’espoirs et tant de doutes autour de ce gamin de seulement 19 ans.
Shaedon Sharpe got into his 💼 for his first NBA bucket.
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— The Athletic NBA (@TheAthleticNBA) July 8, 2022
Avant la draft, on a longtemps cru que les Blazers allaient lâcher leur pick numéro 7 dans le but de se renforcer sur le court terme via un transfert et rebondir après la saison à 27 victoires de l’an passé. Finalement, Portland a préféré le conserver pour miser sur Shaedon Sharpe, dont le talent offensif n’est pas passé inaperçu aux yeux du franchise player Damian Lillard. Parce que oui, du talent, le jeune Canadien en a plein les mains. Que ce soit au niveau de ses qualités de scoreur comme de ses capacités athlétiques, Sharpe a ce qu’il faut en magasin pour pouvoir se faire une vraie place en NBA. Pour ceux qui ne connaissent pas trop le parcours du bonhomme, sachez que l’arrière originaire de l’Ontario a connu une ascension fulgurante en 2021 lorsqu’il était au lycée, lui qui est passé du statut d’inconnu à celui de prospect cinq étoiles après avoir brillé sur la plus grande des scènes du niveau high school : la Nike Elite Youth Basketball League. Réunissant les meilleurs lycéens du pays, l’EYBL est l’occasion pour tous ces jeunots de montrer leur plein potentiel et notamment de taper dans l’œil des recruteurs NCAA, ce que Shaedon Sharpe a parfaitement réussi à faire l’an dernier. 12 matchs au total, 22,6 points de moyenne en 28,3 minutes de jeu, à 47,9% de réussite au tir dont plus de 36% de réussite à 3-points, tout ça sous les yeux de LeBron James et Carmelo Anthony en personne. C’est ce qui s’appelle faire grosse impression au meilleur des moments.
Sauf que depuis sa performance Triple XL à l’EYBL 2021, on n’a pas vu grand-chose de Shaedon Sharpe. S’engageant avec l’université de Kentucky où coache un dénommé John Calipari, le néo-Blazer n’a pas joué le moindre match avec les Wildcats en NCAA. La raison ? L’arrière canadien a tout simplement préféré bosser dans son coin pour mieux progresser sur le plan individuel. Une décision inhabituelle mais que Sharpe n’a jamais eu peur d’assumer.
“J’en ai parlé avec coach Calipari, et même mes parents. Mais en fin de compte c’était ma décision de ne pas jouer. En tant qu’athlète, en tant que joueur de basket, dans ma tête je voulais juste progresser. Donc j’étais à la salle chaque jour pour m’entraîner. […] Je n’ai aucun regret. Je suis actuellement en train de travailler avec des équipes NBA, donc bon je pense que j’ai bien fait.”
– Shaedon Sharpe, en juin dernier avant la Draft
Curieux de voir ce que le Canadien pouvait nous proposer après avoir passé une année dans l’ombre, on avait hâte de jeter un œil sur les Blazers à la Summer League de Las Vegas. Finalement, on l’a vu pendant seulement cinq minutes. De quoi entretenir le mystère autour du bonhomme, qui heureusement a pu éviter la case opération après sa blessure à l’épaule. Cela lui a permis de retrouver l’entraînement il y a quelques semaines afin de commencer à se préparer pour son premier training camp avec l’équipe de Portland. Néanmoins, comment ne pas avoir des doutes aujourd’hui concernant l’adaptation de Shaedon Sharpe à la NBA ? En refusant de jouer à l’université la saison dernière, l’arrière de 19 piges va en quelque sorte faire le grand saut du lycée vers la Grande Ligue. Une transition qui pourrait bien être brutale quand on connaît le rythme hyper soutenu de la saison régulière. Alors évidemment les Blazers ne vont pas le jeter au feu sans penser à le gérer un minimum, mais on se demande vraiment si Sharpe peut juste tenir le choc.
Si la réponse est oui et que Shaedon parvient assez rapidement à étaler tout son potentiel, les Blazers pourraient recevoir un coup de boost bienvenu en sortie de banc. Sharpe a le talent pour apporter sa dizaine de points dans un rôle limité dès sa saison rookie, ce qui peut aider Portland à rebondir cette année après la campagne à seulement 27 victoires en 2021-22. Car faut pas se mentir, c’est l’objectif dans l’Oregon cette année avec le retour de blessure de Damian Lillard et les arrivées de Jerami Grant et Gary Payton II. Contrairement à d’autres rookies draftés haut et au talent offensif similaire, Shaedon Sharpe débarque dans une équipe possédant déjà une superstar et des joueurs confirmés à ses côtés, mais ce n’est pas pour autant qu’il ne sera pas responsabilisé. Rappelez-vous ce qu’on a dit au-dessus, les Blazers envisageaient de trader leur pick numéro 7 pour renforcer leur effectif actuel et maximiser la fin du prime de Lillard. Aujourd’hui Sharpe doit prouver qu’ils ont bien fait de le conserver pour ensuite miser sur lui, et ça passe par une première saison rookie prometteuse où on veut le voir un maximum sur le terrain.
Shaedon Sharpe a les outils pour devenir rapidement une pièce qui compte au sein d’une équipe comme Portland qui veut retrouver les Playoffs. Mais peut-il tenir le rythme NBA après un an sans jouer en université ? Peut-il mettre fin au mystère qui l’entoure et prouver aux yeux de la planète basket que la hype le concernant est justifiée ? En le sélectionnant à la Draft en juin dernier, les Blazers pensent que oui, à Sharpe de montrer qu’ils ont raison.