Killian Hayes, la saison ou jamais ? Au relai de Cade Cunningham et Jaden Ivey, le gamin doit confirmer son rang dans le projet Pistons

Le 20 sept. 2022 à 18:19 par Mattis Monier

Killian Hayes
source image : Twitter/Detroit Pistons

Après deux premières saisons plutôt galères chez les Pistons, Killian Hayes va devoir réellement songer à performer s’il ne veut pas perdre sa place de titulaire ou tout simplement son temps de jeu et par conséquent une place en NBA, qu’il a du mal à se creuser depuis son arrivée dans la Grande Ligue. Et la Draft de Jaden Ivey est sans doute un signe que le futur s’annonce (très) concurrentiel à Detroit.

Actuellement plus haut choix de Draft français de l’histoire, jusqu’à 2023 et l’arrivée de Victor Wembanyama, Killian Hayes peine pourtant à confirmer les attentes placées autour de lui. La faute à un temps de jeu limité ? Une trop forte concurrence à son poste ? Clairement pas. En revanche ça pourrait devenir le cas dans les mois voire dans les semaines à venir. En effet, alors qu’il partageait la saison dernière le backcourt avec le premier rookie sélectionné en 2021, Cade Cunningham, les Pistons ont recruté l’athlétique Jaden Ivey via le 5è choix de la Draft 2022. Un recrutement qui fait sens pour la franchise du Michigan, qui veut visiblement accélérer sa reconstruction, mais qui fait aussi poser la question de l’avenir de Hayes au sein de l’équipe. Le meneur gaucher était attendu très haut après sa Draft et trois années pro à Cholet et Ulm, mais pour l’instant sa progression peine à décoller.

Avec 6,9 points, 4,2 passes et 3,2 rebonds de moyenne, difficile de dire, aussi franchouillard que l’on soit, que les débuts de Killian furent bons outre-Atlantique. Ou même suffisants. Kiki manque parfois d’agressivité balle en main, symptomatique d’une confiance en soi trop fragile, chose qu’on ne voit en général pas chez ses adversaires ricains à son âge, qui depuis minots font tout pour se faire une place et n’ont pas peur de finir à 3/14 au tir sur une rencontre. Hayes n’a tout simplement pas cette dalle-là, en tout cas il ne l’a pas encore montré en NBA, si ce n’est le 2 avril dernier, quand la pression et l’enjeu (et l’adversaire) étaient les plus faibles avec 25 tirs tentés pour un total de 26 points marqués face à OKC. On sait donc qu’il peut le faire… mais mon Dieu qu’il fallut attendre avant de voir Killian être agressif et libéré. Après son année rookie, les responsabilités au playmaking qui lui étaient accordées ont déjà été réduites avec l’arrivée de Cunningham sur le backcourt, mais il a tout de même passé 25 minutes sur le parquet en 66 matchs. Et c’est lui qui, la plupart du temps, menait le jeu en attaque, à trop essayer de trouver ses partenaires qui n’ont eux pas peur de tirer, quitte à envoyer parpaings sur parpaings. Killian est pourtant un bon défenseur et un passeur de qualité mais – c’est plus facile à dire qu’à faire – la vie serait tellement plus simple si il ré-apprenait à regarder le cercle. Les Pistons ont sans aucun doute besoin de plus qu’un mec qui connaît les systèmes, et un peu de folie ne ferait pas de mal à KH et à sa franchise.

De la folie, Jaden Ivey arrive à 141 km/h pour en apporter, ça il n’y a pas de doutes. Et c’est pourquoi Killian va devoir surmonter ses peurs et prouver qu’il n’est pas simplement là pour faire de la figuration. Au risque de se faire grailler dans la hiérarchie par le nouvel arrière des Pistons bourré de talent et de… confiance. Ivey devrait logiquement sortir du banc pour débuter la saison, mais à terme (au bout de trois matchs hein), il est évident que Dwane Casey va finir par le faire starter aux côtés de Cade pour former un duo d’arrières ultra dynamique. D’ici là, Killianounet va devoir relever la tête et enfiler les paniers, du moins les tenter, aller sur la ligne des lancers, créer pour lui et ses collègues et prendre conscience que s’il a été choisi aussi haut dans la Draft 2020, c’est qu’il n’est pas fait pour cirer le banc toute sa carrière et regarder les autres jouer. Va falloir y aller tête baissée avec le couteau entre les dents parce que le garçon entre tout de même dans sa troisième saison et qu’il se pourrait que le front office de Detroit s’impatiente avec lui et des performances trop peu… performantes.

Sa franchise a d’ailleurs jusqu’au 31 octobre pour décider si elle active la team option de Killian et le conserve pour sa dernière année de contrat rookie en 2023-24. La saison commençant le 18 octobre, autant vous dire qu’il ne faudra pas tortiller du cul et qu’il va falloir rentrer sur le terrain aussi affamé que vous après avoir regardé Top Chef pendant trois heures non-stop. Les Pistons pourraient aussi essayer de le prolonger, mais à quel prix étant donné son rendement ? Killian vient tout juste d’avoir 21 ans est on est sûr qu’il peut progresser mais surtout se li-bé-rer. Facile à dire quand on est dans son canapé en slip, certes, mais on sait que le potentiel de Hayes ne s’arrête pas à ce qu’il a produit jusqu’ici. On sait aussi que les places sont chères en NBA, et que si ça continue de la sorte, il ne faudra pas s’étonner de voir Killian de retour en Europe ou sous le maillot des Shanghai Sharks ou autre équipe chinoise d’ici deux ou trois ans. Aperçu dans les runs de Rico Hines cet été, Hayes a peut-être – on l’espère si fort – passé un cap offensivement. On peut aussi s’imaginer que l’arrivée d’Ivey aux Pistons soit une source de motivation pour se tirer la bourre aux entrainements et progresser à force de voir des gars plus jeunes te rentrer dedans. Et oui, une bonne gifle, parfois ça réveille.

Pour le moment, il serait cruel de dire que Killian est mauvais, mais il frôle parfois le terme et on a tendance à dire qu’il est plutôt fantomatique. Tout était en place aux Pistons pour qu’il puisse y trouver la sienne, et on espère franchement que l’arrivée d’Ivey ne va pas mettre un terme à son mariage avec Detroit. Désormais c’est à lui de jouer et de montrer qu’il peut être un piston essentiel dans la chaine de Detroit. Piston. Detroit. Traudraule.


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