Que sont ils devenus – Joel Przybilla : l’immense « Vanilla Gorilla », intérieur lambda par excellence

Le 29 juil. 2022 à 16:00 par Arthur Baudin

Joel Przybilla
Source image : YouTube

La NBA est le théâtre parfait pour réaliser des rêves de gosse, mais la NBA a également pour particularité de parfois éteindre la lumière plus vite encore qu’elle ne l’a allumée. Période creuse oblige, on se penche cet été sur des noms qui nous sont familiers, certains plus que d’autres, des noms qui nous « disent quelque chose » mais qui ne font plus vraiment les premiers titres. Des histoires qui ramènent à une douce mélancolie. Cold Case Affaires classées mais version NBA, avec l’ambition de vous donner quelques nouvelles de ces mecs qui ont fait partie fut un temps de notre quotidien. Troisième épisode ? Un random de chez random, monsieur Joel Przybilla !

« Le meilleur style est celui qui se fait oublier ». Ce n’est pas pour rien que les écrits de Stendhal l’ont rendu délicieux aux yeux d’un demi-siècle de femmes. Il puisait dans le vrai, s’appuyant de toutes ses facultés de visionnaire pour balancer de la punch bien littéraire, bien petits fours. Ce n’est pas pour rien non plus qu’il a écrit le Rouge et le Noir. Une ode à Portland avant l’heure, maison mère de Joel Przybilla sur huit saisons de ses treize saisons passées en NBA. Le meilleur style est alors celui qui se fait oublier. Beaucoup ne se sont souvenus du bonhomme qu’à l’ouverture de cet article. Au compteur de Joel Przybilla, des moyennes en carrière de 3.9 points à 55% au tir, 6.2 rebonds et 1.4 block. Les canards n’ont aucunement peur pour leurs trois pattes. Mais ses 592 matchs disputés devraient, huit ans après l’annonce de sa retraite, laisser des traces dans la mémoire des fans. On parle d’un bonhomme qui a chopé 26 rebonds sur une seule rencontre, la deuxième plus grosse perf dans l’histoire de Portland. De l’intérieur titulaire des Blazers sous l’égide de Brandon Roy. D’un intérieur de 2m16 qui n’a tenté que trois tirs du parking dans toute sa carrière. Du 9e choix de la Draft 2000, sélectionné par les Bucks, qui n’a ni déçu ni surpris. Il a fait le boulot, sans vagues, avec tous les avantages et inconvénients que cela impliquait. Un excellent protecteur de cercle, parfois mué en lave godasses officiel des Boeing adverses : Amar’e Stoudemire, Baron Davis, J.R. Smith et même Omri Casspi lui sont déjà passés dessus. Summum de la banalité, « Vanilla Gorilla » a connu des blessures qui l’ont définitivement envoyé à la retraite, dont l’une au genou droit après avoir glissé en entrant dans sa douche. Une courte dernière danse en 2012-13 avec Milwaukee (seulement 12 matchs disputés), et la NBA tire le rideau sur une carrière… lambda.

Le 25 août 2014, Charley Walters – chroniqueur sportif pour le Pioneer Press – annonce la retraite de Joel Przybilla après treize saisons NBA et 45 millions de dollars accumulés dans le bagage. Huit ans plus tard, effacé des mémoires par la transparence de son style, qu’est devenu le Vanilla Gorilla ? Fait-il partie de ces joueurs qui boxent des sacs de riz sur leur compte Instagram ? S’investit-il au sein d’une institution sportive ? Passe-t-il ses samedis après-midi à coacher l’équipe de son fils ? A-t-il un fils, déjà ? On ne va pas jouer les faux enquêteurs, Joel Przybilla ne laisse absolument aucune trace de son après-carrière sur les réseaux sociaux, pour la simple et bonne raison qu’il n’en a aucun. La formule parfaite pour se reposer loin des tabloïds, qu’il n’a toutefois jamais attirés pendant son passage en NBA. En gros, Joel est un fantôme pour quiconque essaierait d’obtenir de ses nouvelles. Les mentions les plus récentes le concernant sont des comparaisons avec des joueurs actuels, des papiers sur le néant de la Draft 2000 ou encore des commentaires de fans qui s’amusent de son souvenir. On est tombé sur un récit très marrant publié le 22 février 2018 sur le média Passion of the Weiss. Un gars raconte qu’à l’été 2004, accompagné d’un ami, il a rencontré Joel Przybilla dans le magasin de sa femme, et que Joel Przybilla refusait d’admettre qu’il était Joel Przybilla. L’intérieur aurait été à deux doigts d’en décocher une aux deux gosses. Une scène complètement kamoulox, qui peut aider à comprendre la sous-exposition de son après-carrière. Un type discret, qui n’aime pas la lumière des projos et qui, à l’heure qu’il est, doit probablement être sur une barque en train de sortir de la carpe dans l’étang de son village.

On se souviendra de Vanilla Gorilla comme d’un gars discret, qui mène aujourd’hui une vie discrète, à l’ombre de caméras qu’il n’a pourtant jamais rendu folles. On ne lui souhaite pas une bonne suite de vie, tout simplement parce qu’il ne nous lit sûrement pas. Il faut avoir une box internet pour ça.


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