Quelle fin de carrière pour Russell Westbrook ? À L.A. ou ailleurs, titulaire ou sur le banc, Brodie arrive à un tournant

Le 24 juil. 2022 à 15:09 par Alexandre Taupin

Russell Westbrook Lakers 27 novembre 2021
Source image : NBA League Pass

Annoncé avec insistance sur le départ, et c’est la version polie, Russell Westbrook est pour le moment toujours un membre des Los Angeles Lakers. Après une saison décevante et alors qu’il aura 34 ans à l’automne, l’ancien MVP arrive sans doute à un tournant dans sa carrière. Quelles solutions pour le voir encore briller dans la Ligue ? 

Peut-on être MVP et avoir une valeur marchande proche du néant cinq ans plus tard ? La réponse est oui et quelqu’un en fait l’amer découverte en ce moment. Qu’il est loin le temps où les fans et les experts saluaient les accomplissements et les saisons en triple-double de Russell Westbrook. Il faut dire que depuis son départ du Thunder, Brodie a multiplié les franchises et les expériences pas franchement convaincantes. Son association avec son pote James Harden à Houston a tourné court, tout comme celle avec Bradley Beal à Washington. À chaque fois le constat est le même : les chiffres individuels sont là mais les résultats sont loin d’être à la hauteur. Trop amoureux de ses stats pour les uns, incapable de porter une franchise vers les sommets pour les autres, Russ s’est vu coller pas mal d’étiquettes ces dernières années. Heureusement, les Lakers sont venus lui offrir une chance inespérée de rebondir. Allié à LeBron James et Anthony Davis, le numéro 0 avait une occasion en or de faire taire les haters. En allant remporter un titre à L.A., sa ville natale, Westbrook pouvait prouver qu’il n’était pas qu’un joueur de stats mais un vrai gagnant. Un an plus tard, l’expérience est un cuisant échec… Pas complémentaire de LeBron James, qui a lui aussi besoin du ballon en main pour montrer son plein potentiel, pris en grippe par le public de Los Angeles à cause de ses mauvaises performances, Russ a simplement vécu une de ses pires saisons en carrière. Un constat aussi vrai sur le plan sportif que sur le plan personnel.

Face à ce “naufrage”, le joueur aurait pu mettre les voiles et aller kiffer sa vie ailleurs mais pourquoi renoncer à une player option de 47 millions alors que personne ne risque de lui offrir autant à la Free Agency ? Russ n’est pas fou et il a évidemment activé son option pour sécuriser le pactole. Une sacrée épine dans le pied de Rob Pelinka, qui n’aurait sans doute pas dit non à l’idée d’alléger ses finances un gros coup pour envoyer du renfort à LBJ et AD. Et puis est arrivée la demande de trade de KD et la possible disponibilité d’un certain Kyrie Irving. Il n’en fallait pas plus pour voir les rumeurs de retrouvailles entre le King et Uncle Drew du côté de L.A. Qui en contrepartie potentielle ? Russ bien sûr, mais encore faut-il trouver un terrain d’entente avec Sean Marks. Pas une mince affaire puisque selon de nombreux insiders, les négociations sont au point mort entre les deux parties. Plus de chance avec les Pacers pour récupérer un ticket Buddy Hield – Myles Turner ? Même pas, car Indiana voulait non pas un mais deux premiers tours de Draft en contrepartie. Le MVP 2017 et deux premiers tours contre Buddy Hield et Myler Turner ? Paye ta dégringolade. Le pire c’est que dans chaque scénario de trade, la fin annoncée est toujours la même : Westbrook sera coupé dans la foulée…

On arrive donc à ce 24 juillet, au moment de gratter ces quelques lignes, et le constat semble implacable : Russell Westbrook arrive à un tournant de sa carrière et un changement semble (est ?) inévitable. Un changement d’équipe peut-être mais aussi et surtout un changement de rôle et/ou de style de jeu pour ne pas gâcher ses dernières années dans la Ligue. À lui de voir s’il en est capable ou non…

Le Rôle d’alpha dog, c’est fini

Peu importe les critiques, les doutes autour du joueur, Russell Westbrook reste une star de la Ligue et un joueur qui rentrera sans trop de problème au Hall of Fame lorsqu’il décidera de ranger les baskets. Ce billet première classe vers le panthéon du basket américain, il le doit à sa longévité, son palmarès individuel (MVP 2017, plusieurs saisons en triple-double) et en particulier à l’époque où il avait tout pouvoir du côté du Thunder. Brodie en franchise player d’une équipe, ça a été testé et ça n’amène pas au titre, loin de là même. D’ailleurs, on se demande bien qui pourrait vouloir lui offrir ce rôle en 2022. Même les équipes du bas de classement n’ont aucun intérêt à offrir les clefs à Russ. Mettre un morfale de ballons dans les pattes d’un Cade Cunningham, d’un Shai Gilgeous-Alexander (sans oublier Josh Giddey), d’un Tyrese Haliburton ? Mais pourquoi faire ? Niveau égo, c’est peut-être compliqué à entendre mais il va sans doute falloir accepter de se mettre un peu en retrait, accepter que les ballons dans le money time ne soient pas forcément pour lui, ne plus être en haut de l’affiche quoi.

Starter oui mais à quelles conditions ? 

Ne plus être l’option numéro un pourquoi pas mais Russell Westbrook a encore le niveau d’un starter en puissance en NBA. Le seul petit truc c’est qu’il doit adapter son jeu et ce, peu importe l’équipe dont il portera le maillot. Les Lakers ont besoin d’un LeBron James avec la balle en main et les autres contenders ont aussi des leaders qui sont fortement responsabilisés. Qu’il commence la saison à L.A. ou ailleurs, il ne sera pas celui à qui on confie toute l’organisation du jeu. Problème : Westbrook ne sait pas jouer sans la gonfle. On a longtemps espéré que Russ allait travailler à fond son tir du parking pour pouvoir enfin faire taire les critiques mais rien n’y fait… (29,8% la saison dernière). C’est pourtant un élément qui peut lui offrir un vrai renouveau pour sa fin de carrière. Si vraiment le tir à longue distance n’est pas améliorable, il faut pouvoir compenser dans un autre secteur du jeu, en défense particulièrement. Darvin Ham, nouveau coach des Lakers, avait d’ailleurs insisté sur l’importance de la défense dès son intronisation, expliquant qu’il n’y aurait de passe-droit pour personne. Un joueur qui ne peut pas peser de loin ni défendre en 2022, c’est un joueur qui semble de plus en plus destiné au banc et on se demande si… ce ne serait pas la meilleure option en fin de compte.

Un beau profil de sixième homme mais peut-il l’accepter ?

Russell Westbrook sixième homme, on sait que les adorateurs de Brodie vont monter les boucliers mais dans un sens c’est parfaitement logique. Pour encore briller dans un cinq avec d’autres stars autour de lui, Russ doit progresser en défense ou à longue distance et c’est rare de voir un joueur évoluer autant à presque… 34 ans. Quitte à garder la version originale, pourquoi ne pas l’optimiser au maximum ? À L.A., le marsupilami doit partager la gonfle avec LeBron chez les starters, ce qui limite son impact. En devenant le leader de la second unit, Russ pourrait retrouver des responsabilités XXL sur des courtes périodes de temps, lorsque LBJ se repose sur la touche. Une sorte de franchise player du banc en fait. Qui plus est, face à des joueurs moins “référencés”, Brodie aura sans doute plus de facilité à percer les défenses et à dominer, et il intégrerait immédiatement la colonne des favoris pour le titre de Sixth Man Of the Year. Bien sûr, tout cela c’est bien beau mais encore faut-il convaincre le joueur. Celui-ci s’est déjà plaint de trop voir le banc l’an dernier sous Frank Vogel, pas sûr qu’il appréciera d’y débuter les rencontres… Ce virage, souvent difficile en termes d’égo, a déjà coûté cher à d’autres stars en fin de carrière (Melo, Iverson avant lui). C’est aussi un modèle qui a réussi à d’autres comme Bob McAdoo. MVP en 1975 et triple meilleur marqueur de la Ligue dans les années 70, l’intérieur avait accepté de devenir le sixième homme des Lakers au début de l’époque du Showtime. Résultat de ce sacrifice ? Deux bagues à la mimine. C’est peut-être le meilleur exemple à suivre pour Russ s’il veut finir sa carrière en beauté.

Comment parlera-t-on des dernières années de Russell Westbrook en NBA ? Joueur amoureux des stats et incapable de changer pour gagner ? Champion prêt à se sacrifier pour aller remporter le titre ? C’est peut-être le moment pour Brodie de choisir la voie qu’il souhaite suivre pour le dernier chapitre de sa, malgré tout, riche carrière. 


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