Rudy Gobert, quelle place dans l’histoire du Jazz ? Derrière Stockton et Malone, Rudy a des arguments pour intégrer le podium

Le 05 juil. 2022 à 18:56 par Nicolas Meichel

Rudy Gobert
Source image : NBA League Pass

Transféré du Jazz aux Wolves vendredi dernier, Rudy Gobert va découvrir un nouvel univers à partir de la saison 2022-23. Mais avant de se projeter sur le prochain chapitre de sa carrière, on se doit de revenir sur celui qui vient de se clôturer. Rudy a passé neuf saisons à Utah où il est devenu une véritable référence défensive en NBA ainsi qu’un multiple All-Star. Alors question : on le place où dans l’histoire du Jazz ?

Le palmarès de Rudy

  • 3 participations au All-Star Game (2020, 2021, 2022)
  • 4 nominations dans une All-NBA Team : 1 fois dans la All-NBA Second Team (2017), 3 fois dans la All-NBA Third Team (2019, 2020, 2021)
  • 3 titres de Défenseur de l’Année (2018, 2019, 2021)
  • 6 nominations dans la NBA All-Defensive First Team (2017, 2018, 2019, 2020, 2021, 2022)
  • 1 fois meilleur rebondeur NBA (2022)
  • 1 fois meilleur contreur NBA (2017)

Dans l’histoire de la NBA, seulement deux joueurs possèdent plus de trophées de Défenseur de l’Année que Rudy Gobert, à savoir Dikembe Mutombo et Ben Wallace (4). Avec ses trois titres de DPOY et ses six nominations consécutives dans la meilleure équipe défensive de la saison, la tour française fait clairement partie des joueurs les plus dominants de sa génération en défense, voire all-time. Sa greatness dans sa propre moitié de terrain associée à sa domination au rebond ainsi qu’à l’ascension du Jazz lui ont permis de participer non seulement à trois All-Star Games, mais surtout de décrocher quatre nominations dans une All-NBA Team de la saison. Du lourd !

La place de Rudy au Jazz sur le plan purement statistique

  • 10e au nombre de matchs joués (611)
  • 7e au nombre de minutes (18 301)
  • 10e au nombre de paniers marqués (2 796)
  • 10e au nombre de points marqués (7 592)
  • 1er au pourcentage de réussite au tir (65,3%)
  • 5e au nombre de lancers francs marqués (2 000)
  • 2e au nombre total de rebonds (7 119), 2e au nombre de rebonds offensifs (2 023), 2e au nombre de rebonds défensifs (5 096)
  • 3e au nombre de contres (1 357)
  • Bonus : record de franchise pour le nombre de rebonds sur un match (28, le 14 mars 2021), record de franchise égalé pour le nombre de rebonds offensifs sur un match (13, le 22 mars 2017), record de franchise pour le nombre de rebonds défensifs sur un match de Playoffs (19, le 10 juin 2021)
  • Statistiques avec le Jazz : 12,4 points, 11,7 rebonds, 2,2 contres, 65,3% de réussite au tir

Quand on regarde les leaders statistiques au sein de la franchise du Jazz (merci Basket-Reference), le nom de Rudy Gobert apparaît quand même pas mal. Il est dans le Top 10 de nombreuses catégories qu’on peut juger comme “principales”, et n’est pas loin du sommet dans son registre à savoir les rebonds et les contres. En dehors de Karl Malone, aucun joueur dans l’histoire du Jazz n’a gobé plus de rebonds que Rudy, et seuls Mark Eaton et Andrei Kirilenko ont accumulé plus de bâches que notre Gobert national.

Un maillot qui sera un jour retiré

1, 4, 7, 9, 12, 14, 32, 35, 53, 1 223. Voilà les chiffres qui flottent aujourd’hui au sommet de la Vivint Smart Home Arena. Et bientôt, il y aura le 27 de Rudy Gobert. Au vu du palmarès individuel de Rudy et des belles prouesses statistiques qu’il a pu sortir en neuf ans de carrière à Salt Lake City, on ne prend pas trop de risques en disant que Gobert rejoindra un jour Tony Parker dans le clan des Frenchies ayant leur numéro retiré dans une franchise NBA. De plus, le Jazz semble moins restrictif que d’autres franchises quand il s’agit d’honorer les anciens. Sans manquer de respect à Jeff Hornacek, un membre important du Jazz version Karl Malone – John Stockton qui a disputé deux Finales NBA en 1997 et 1998, il ne possède pas le même CV qu’un Rudy mais a vu son maillot monter au plafond de la salle. Mark Eaton, tragiquement décédé en mai 2021 et mentor du Français, était en quelque sorte un Gobert avant l’heure mais avec un palmarès individuel légèrement moins imposant, ce qui ne l’a pas empêché de voir son numéro 53 être retiré. Tout ça pour dire qu’à Utah, on aime mettre en avant ceux qui ont fièrement porté les couleurs de la franchise. Et même si le Jazz a changé de proprio fin 2020 et que Rudy Gobert a finalement fait les frais du remaniement actuel de la franchise de SLC, y’a pas de raison qu’il ne soit pas récompensé à l’avenir, surtout au vu du travail qu’il a également réalisé au sein de la communauté locale. Actif sur le terrain, investi en dehors, Rudy Gobert a su laisser sa trace.

 

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Rudy Gobert juste derrière les intouchables Karl Malone et John Stockton ?

Quand on se dirige vers l’entrée de la Vivint Smart Home Arena, les statues de Karl Malone et John Stockton dominent le paysage. Et pour cause, ces deux-là sont tout simplement intouchables. L’un des meilleurs ailiers-forts de l’histoire, l’un des meilleurs meneurs all-time, l’un des plus grands duos de l’histoire de la NBA tout simplement, qui aurait probablement apporté le premier titre de son histoire au Jazz si Michael Jordan n’était pas né un jour de février 1963. Mais derrière ces deux-là, qui mettre sur le podium ? Rudy ? Un autre grand nom du Jazz ? Pete Maravich et Adrian Dantley sont probablement les deux plus gros “concurrents” de Rudy Gobert dans cette bataille pour la troisième place, avec Deron Williams voire Donovan Mitchell en embuscade.

Pete Maravich aka Pistol Pete (1974-1980)

  • 3 fois All-Star avec le Jazz
  • 3 nominations dans une All-NBA Team (2 fois la All-NBA First Team, 1 fois la All-NBA Second Team)
  • 1 fois meilleur scoreur NBA (31,1 points de moyenne en 1977, record de franchise)
  • Statistiques avec le Jazz : 25,5 points, 4,3 rebonds, 5,6 passes, 1,4 interception, 43,4% au tir

Nommé dans le Top 50 puis le Top 75 de la NBA, Pete Maravich (RIP) était surnommé Pistol Pete pour sa capacité à dégainer, lui qui possédait une forme de tir assez particulière puisque son shoot partait depuis sa hanche droite tel un cowboy dans le Far West. Il est encore considéré par certains comme un véritable génie offensif, Pete n’ayant jamais été à court d’idées pour s’ouvrir le chemin du panier. Néanmoins, Maravich n’a jamais participé aux Playoffs avec le Jazz et n’a pratiquement pas joué à Utah étant donné que la franchise se trouvait à la Nouvelle-Orléans lors de la deuxième partie des années 1970. Les Mormons n’ont donc pas vraiment pu apprécier son immense talent. Pete Maravich restera cependant le tout premier joueur de l’histoire de la franchise du Jazz, lui qui a été tradé d’Atlanta vers la Nouvelle-Orléans – alors une franchise d’expansion – en mai 1974.

Adrian Dantley aka la machine à scorer (1979-1986)

  • 6 fois All-Star avec le Jazz
  • 2 nominations dans la All-NBA Second Team
  • 2 fois meilleur scoreur NBA
  • Statistiques avec le Jazz : 29,6 points, 6,2 rebonds, 3,7 passes, 1,1 interception, 56,2% au tir

Dans la catégorie “machine à scorer”, Adrian Dantley c’était quelque chose. Dans son prime qu’il a passé au Utah Jazz, le mec a enchaîné pas moins de quatre saisons à plus de 30 pions de moyenne, le tout avec une efficacité diabolique. Et si on parle de “machine”, c’est aussi parce qu’il était plutôt du genre à scorer ses points en mode assassin silencieux qui ne montre peu ou pas d’émotion. Sa personnalité n’était pas faite pour tout le monde et Dantley a d’ailleurs fini par s’embrouiller avec le coach du Jazz Frank Layden, ce qui a provoqué le transfert de l’ailier à l’été 1986. Au cours de son passage à Utah, la franchise de Salt Lake City n’a jamais fait mieux que 45 victoires en régulière pour trois campagnes de Playoffs au total, avec deux demi-finales de conférence au bout.

Deron Williams aka le rival de Chris Paul (2005-2011)

  • 2 fois All-Star avec le Jazz
  • 2 nominations dans la All-NBA Second Team
  • Statistiques avec le Jazz : 17,3 points, 3,2 rebonds, 9,1 passes, 1,1 interception, 46,6% au tir

Depuis les années Karl Malone – John Stockton, le Jazz n’a connu qu’une seule participation aux Finales de Conférence Ouest. C’était en 2007, avec un certain Deron Williams aux manettes. Accompagné du solide intérieur Carlos Boozer, Williams était seulement dans sa saison sophomore à l’époque mais montrait déjà d’énormes qualités à la mène. C’est simple, dans ses meilleures années à la fin de la décennie 2000, Deron était à la lutte avec Chris Paul en personne pour le titre officieux de meilleur meneur NBA, les deux enchaînant les performances en 20 points – 10 caviars. Cependant, Williams n’a pas eu la longévité de CP3, lui qui a été transféré du Jazz aux Nets en février 2011 (peu après la démission du légendaire coach Jerry Sloan, dont la relation avec Deron s’était bien dégradée) avant de devenir l’une des principales victimes du lock-out.

Donovan Mitchell aka Spida (2017-aujourd’hui)

  • 3 fois All-Star avec le Jazz
  • Statistiques avec le Jazz : 23,9 points, 4,2 rebonds, 4,5 passes, 1,3 interception, 44,1% au tir

On le sait, la relation entre Donovan Mitchell et Rudy Gobert a connu des hauts et des bas, notamment après l’épisode COVID de mars 2020. On sait aussi que le duo Spida – Rudy n’a jamais réussi à franchir le cap des demi-finales de Conférence Ouest en six participations, ce qui joue forcément contre l’un et l’autre même si la réputation de Gobert a un peu plus souffert que celle de Mitchell jusqu’ici. Mais si le pivot français était à la base de la construction défensive d’Utah, Donovan est lui un sacré dynamiteur offensif qui a sorti quelques grosses dingueries en postseason ces dernières années (57 points dans la bulle, grosse campagne de Playoffs 2021…). Et dans le cas où Utah choisit de reconstruire à 100% sur lui, Spida pourrait prendre une place encore plus importante chez les Mormons. Faut pas oublier qu’il n’a que 25 piges et que ses meilleures années sont sans doute à venir…

Mentions honorables : Carlos Boozer, Andrei Kirilenko, Mark Eaton, Jeff Hornacek, Darrell Griffith, Greg Ostertag

Alors, vous le mettez où Rudy dans la hiérarchie des joueurs du Jazz ? Plutôt Top 3 ou Top 5 ? Ici on a bien envie de le foutre sur le podium. Alors oui, peut-être qu’on est chauvin, mais Gobert a aussi et surtout de vrais arguments pour prendre la troisième place derrière John Stockton et Karl Malone. Et ça, c’est quand même une sacrée phrase pour un gamin de Saint-Quentin.