Jrue Holiday, le maestro défensif des Boston Celtics

Le 05 févr. 2024 à 16:22 par Nathan Maguer

Jrue Holiday Boston Celtics 4 janvier 2024
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Les Celtics ont la deuxième meilleure défense de NBA. Les Bucks ont la 19è meilleure défense de NBA. Le point commun entre ces deux informations ? Jrue Holiday. Le meneur transféré à l’été dans le Massachusetts est très important dans les systèmes de Joe Mazzulla. Avec le départ de Marcus Smart, sa polyvalence et son niveau le remplacent parfaitement pour permettre à Boston de posséder encore et toujours une excellente défense. 

Le trade de Marcus Smart à l’été a posé beaucoup de questions sur la défense bostonienne. En ramenant Kristaps Porzingis dans l’effectif, le profil polyvalent du défenseur de l’année 2021-22 n’avait pas été remplacé directement… mais Brad Stevens n’a pas laissé Joe Mazzulla en détresse très longtemps. Un mois plus tard, le front office profitait de l’échange entre les Bucks et Portland (Lillard) pour récupérer Jrue Holiday. Si les deux profils ne sont pas vraiment les mêmes, ils permettent en tout cas une flexibilité très importante des schémas défensifs pour emmerder l’adversaire. C’est ce qui se passe cette année à Boston, et si l’on peut féliciter Mazzulla pour son inventivité… c’est aussi le personnel qui le permet.

Même si l’on se concentrera plutôt sur Jrue Holiday aujourd’hui, il faut dire – déjà – qu’autour de lui, il y a peu de défenseurs ne serait-ce que moyens. C’est simple, dans le cinq majeur : de gros défenseurs, sans exception. Porzingis est un excellent protecteur de cercle, Jayson Tatum est un très bon défenseur, Jaylen Brown a fait de sacrés progrès et Derrick White est beaucoup trop fort tout court. Les défauts se trouvent plus sur le banc avec Payton Pritchard par exemple, qui est limité par sa taille malgré ses efforts. Dans l’ensemble, l’entourage est de haute volée concentrons-nous donc sur Jrue Holiday.

Un défenseur élite au point d’attaque

On considère pour commencer que la défense “au panier” est la plus importante. C’est le type de shoot où on peut le plus impacter défensivement et c’est en partie pour cela que la plupart des défenseurs de l’année sont des intérieurs. Un excellent protecteur de cercle sera structurellement plus valuable qu’un excellent défenseur au point d’attaque. Mais ça n’empêche pas qu’elle est très importante. Si on prend l’exemple du Jazz avec Rudy Gobert, il devait couvrir des brèches trop importantes et il était impossible pour le Jazz d’alors de ne pas laisser un shooteur ouvert.

Cette année, les Celtics défendent le pick-and-roll en drop – c’est-à-dire que Porzingis vient défendre bas pour protéger le cercle. Dans ce cas, l’extérieur doit revenir le plus vite possible pour contester le shoot pris à mi-distance ou dans la zone des flotteurs. Jrue Holiday en est un expert. Il revient très vite grâce à ses appuis et peut alors très bien contester le shoot. Et comme Porzingis est aussi un très bon défenseur, cela permet au drop de Boston d’être efficace. Dans le dernier match face aux Grizzlies par exemple, il a défendu sur Luke Kennard au début de la rencontre et les trois premières possessions du match sont positives de sa part.

Les Leprechauns sont cette saison la deuxième équipe qui laisse le moins de shoots au cercle et l’efficacité sur ces shoots est très basse (quatrième de NBA). Les schémas font qu’ils laissent beaucoup de longs shoots à mi-distance, qui sont les moins rentables en NBA.

Sur le back-court, Jrue Holiday est accompagné de Derrick White, qui a fait des contres par derrière une spécialité. Les deux sont infernaux en défense et quand on combine cela avec l’activité off-ball qu’ils ont, on se retrouve avec un enfer à devoir contrôler. Les geôliers font parfaitement leur boulot et les prisonniers restent au chaud, ou au froid c’est selon. Cette saison seul Shai Gilgeous-Alexander a pu s’échapper de la prison mais c’est un habitué des évasions spectaculaires.

Le chef d’orchestre de la défense de zone

La zone revient plutôt à la mode en ce moment en NBA, portée en partie par Erik Spoelstra qui l’utilise très souvent. Joe Mazzulla a d’ailleurs déjà dû faire des cauchemars de la zone du Heat en Playoffs et comme le dit le dicton : “Fume la vie avant qu’elle te fume”.

JM a donc organisé une zone qu’il sort de temps en temps, et le rôle de Jrue Holiday y est prépondérant. C’est une zone 2-3, voire 2-1-2, avec notre protagoniste au centre. Au lieu de mettre le pivot au milieu, c’est le meneur qui occupe ce poste. Il est en permanence en mouvement, en permanence la bouche ouverte, couvrant les petits trous qui pourraient se former et il est assez solide pour dissuader l’intérieur de le jouer en 1 contre 1. Mais le plus impressionnant reste sa capacité à organiser le tout. C’est un chef d’orchestre qui permet à ses coéquipiers de savoir ce qu’il faut faire à chaque fois. Un quarterback défensif.

Nouvel exemple, face aux Pacers début janvier, les Celtics ont lancé une zone au début du deuxième quart avec Payton Pritchard et Sam Hauser en haut puis Luke Kornet, Jrue Holiday et Jayson Tatum en bas. Une séquence très impressionnante où ça bougeait vraiment de partout, une vraie symphonie. Jrue Holiday est un GPS pour ces coéquipiers et ce jour-là la première action se finit par une perte de balle. La deuxième ? Bonne défense collective et même si Buddy Hield drive, Luke Kornet conteste bien et la balle est récupérée. La troisième ? Défense 3-2 pour varier et Pritchard n’arrive pas à contenir McConnell qui finit par marquer. La quatrième ? Retour à la 2-1-2 qui se finit par un long fade-away kobe-esque de Mathurin qui brique. Vous avez compris l’idée… C’est efficace et ça leur permet d’avoir plus d’options. Jrue Holiday en est le maestro.

More needs to be said about how the Celtics play Jrue Holiday at center in 2-3 zone, w/ him responsible for all cutters, and then morph into man when the ball breaks the free throw line.

This is something, wow. pic.twitter.com/E40tBXqEcI

— Caitlin Cooper (@C2_Cooper) January 7, 2024

Jrue Holiday sur Joel Embiid ?

En début de saison, le temps est aux tentatives – fructueuses ou non. Justement, côté Boston, Joe Mazzulla a tenté des choses et notamment le fait de mettre Jrue Holiday en défense sur… Karl-Anthony Towns et Joel Embiid à 2 jours d’intervalle. Le lundi c’est le gros chat, et le mercredi c’est panzani le gros Jojo. Jrue Holiday est très solide pour un meneur et il peut très bien tenir l’intérieur des Wolves, même sur le drive. Le but étant aussi de protéger Kristaps Porzingis pour lui permettre de jouer le rôle de roamer. Il peut ainsi venir aider au panier sans devoir s’inquiéter de laisser un pure shooteur ouvert. Ce soir-là la défense sur KAT a été une réussite puisqu’il n’a scoré que 7 points à 3/10 au shoot.

Pour Embiid, c’est un peu plus surprenant. Déjà qu’aucun pivot ne peut le défendre en 1 contre 1… il apparait très osé de mettre Jrue Holiday sur lui. Mais justement, le but n’est pas de le défendre en 1 contre 1. Le rôle d’Holiday est de bloquer la première passe vers Joel quand il est installé au poste. Ensuite, il doit le contenir un maximum avant qu’une aide arrive. Porzingis joue ce rôle – comme avec KAT – et ça lui permet de ne pas avoir à défendre en permanence sur le MVP en titre. Le résultat est plus mitigé puisqu’il parvient quand même à s’en défaire, parfois Aspect tactique très intéressant tout de même, puisque les deux équipes pourront peut-être se croiser en Playoffs.

Au-delà de ce point précis, on voit bien toute la polyvalence que Jrue Holiday apporte à cette équipe. Les C’s ont la deuxième défense de NBA et le collectif y est pour beaucoup, mais c’est toujours intéressant, assez hallucinant pour le coup, de voir l’impact et les différents rôles que peut avoir un joueur. A voir si cette diversité sera utile aux Celtics dans les batailles de post-season, c’est plutôt bon signe en tout cas.

Source texte : Ben Taylor, Thinking Basketball


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