Joe Mazzulla (Celtics) s’inspire de Pep Guardiola : “C’est le meilleur coach, tous sports confondus”

Le 27 févr. 2024 à 16:49 par Nathan Maguer

Joe Mazzulla Celtics Pep Guardiola Manchester City
Source image : YouTube

Beaucoup de fans de NBA et de basket en général sont aussi suiveurs – voire carrément fans en parallèle – de foot. Le coach des Celtics Joe Mazzulla en fait partie. Si son job à Boston lui prend évidemment tout son temps, il a pu profiter du All-Star Break pour se rendre à Manchester histoire de rencontrer un autre entraîneur : Pep Guardiola. 

Arguably – comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique la Manche –  les coachs des deux meilleurs équipes de leur sport respectif. Joe Mazzulla a donc rendu visite à Pep Guardiola et aux joueurs de Manchester City avant leur match contre Brentford en Premier League. Ce n’est pas anodin puisque le jeune coach de Boston a avoué s’être beaucoup inspiré de son homologue Citizen. Il le considère même comme le meilleur à ce poste tout sport confondu, une belle marque de respect.

When Joe Mazzulla came to visit 🙌@celtics 🏀 pic.twitter.com/4S0zvA4syn

— Manchester City (@ManCity) February 18, 2024

Dans un article de Jared Weiss sur The Athletic, on apprend que Mazzulla est un passionné de foot depuis son enfance. Le basket l’a emporté mais cet amour est resté jusqu’à aujourd’hui, et lui a permis de progresser dans dans son poste de coach.

“I study a lot of Man City. I study Pep a lot. I think he’s the best coach at any level, in any sport. It’s had a huge influence (on me).”

– Joe Mazzulla

(Via https://t.co/VYZ7juczGW) pic.twitter.com/kr0CtpWRyQ

— NBACentral (@TheDunkCentral) February 26, 2024

Le pont entre le foot et le basket n’est pas si évident mais il existe bel et bien. Pour ce dernier, on a réellement ce principe de séquences attaque – défense qui se rapproche plus du hand que du football. Pourtant, ce n’est pas la vision de Joe Mazzulla qui va plus loin que cette simple analyse séquentielle.

“Tout le monde essaye de séparer le basket entre attaque et défense, mais c’est un match. Si ta défense en transition est mauvaise, tout le monde parle de ta défense en transition. Pourtant, c’est ton spacing, ta prise de décision, ta sélection de tirs, et ensuite ta défense en transition. Je pense que là où le basket et le foot se rejoignent c’est que les transitions arrivent très vite. Tu peux être en attaque et 2 secondes plus tard, tu es en défense.”

Le bougre a bien choisi son exemple vu que son équipe est celle qui prend le moins de points sur contre-attaque cette saison. Elle gère aussi bien le nombre de transitions accordés à l’adversaire avec le 6ème plus faible volume concédé.

Une notion très importante en foot est la notion de chaos. Le basket est, malgré tout, beaucoup plus organisé avec des possessions timées… mais on peut retrouver ce “chaos” au sein d’une attaque ou d’une défense. Par exemple, lorsqu’un décalage est créé et qu’il y a du mouvements de balle, la défense doit faire des rotations très rapides en dehors des switchs habituels.

Il est donc très important de bien savoir évoluer et d’habituer les joueurs à faire le bon choix. Joe Mazzulla a très bien fait passer cette philosophie à ses joueurs. La plupart des joueurs de Boston sont capables de faire le bon choix quand ils doivent le faire. Derrick White, Horford ou Jrue Holiday sont des excellents connecteurs sans même parler des Jays qui ont appris à être meilleurs dans cet aspect du jeu. Un effectif parfaitement calibré pour le coach et rendez-vous compte, on n’a pas encore évoqué Kristaps Porzingis. Tranquille, ça va venir.

L’année dernière, Joe Mazzulla était pointé du doigt pour ses prises parfois timides de temps-morts. Une initiative qui devait apprendre à ses joueurs à régler les problèmes par eux-mêmes, sans forcément arrêter le jeu. Il s’y prend clairement à la dure, mais cela va avec le fait de les responsabiliser sur leurs choix.

Une gestion des passages à vide qui rappelle forcément le football, où les temps morts n’existent tout simplement pas. Pas de pause publicitaire de 5 minutes voire plus, ça fait aussi du bien… Désolé TNT. Cela va aussi avec la philosophie qui se développe de plus en plus et qui amène à ne pas prendre temps mort avant un dernier shoot. On laisse les joueurs prendre l’initiative et gérer ce chaos pour éviter que la défense ne puisse s’organiser.

Dans le jeu, le coach de Boston laisse beaucoup de flow et on voit peu de systèmes très élaborés chez les Celtics. On se base beaucoup sur des switchs, l’exploitation de ces derniers et la prise de décision dont on a parlé. Un côté créatif qui se reflète dans le fait de voir son travail avec une perspective artistique. “Il y a tellement de possibilités, explorons-les” avance t-il.

Chez Jared Weiss, il a aussi évoqué les liens plus directs entre les deux sports :

“Le foot et le basketball, quand je les regarde, c’est plus ou moins le même sport du point de vue tactique de comment tu te crées des avantages ? Comment tu crées des deux contre un ? Comment tu reconnais des faiblesses sans la défense et comment tu tires parti des angles ?”

De fait, dans une attaque peu importe le sport, le point clé est de créer CE décalage qui va te permettre de marquer. C’est la qualité recherchée chez tous les meilleurs attaquants NBA que ce soit en un contre un, via un écran ou une passe. Une création de décalage dans la défense augmente très fortement les chances de marquer. Pour revenir à la déclaration de Joe Mazzulla, les Celtics utilisent beaucoup cette idée des avantages qu’on peut élargir au mismatch et qui est très présente dans le foot.

– Stagger screen is going to force a switch
– Ball resets as Kristaps Porzingis establishes post position on an easy mismatch
– Kuzma comes to help on the post-up
– Leaves top-10 NBA player Jayson Tatum wide open
– Good recognition and pass by Porzingis pic.twitter.com/k99WnlxAd8

— Ethan Fuller (@ethman43) October 31, 2023

Comme on peut le voir sur l’action avec Porzingis, Les C’s arrivent à créer un mismatch avec Tyus Jones sur KP. Pas besoin d’avoir des lunettes grossissantes pour se rendre compte que Tingus Pingus est beaucoup plus grand. L’avantage est créé. Ensuite, les Wizards sont obligés de venir aider puisque Porzingis est le joueur le plus efficace au post-up. Le pivot est à 1.40 points par tir sur ces situations tout en ayant le 8ème plus gros volume. L’avantage est crée et ça permet de créer une supériorité numérique pour Boston qui est très bien exploité par le Letton. Oui, un 3-point ouvert dans un corner de Jayson Tatum, c’est ce qu’on appelle un avantage exploité.

Ce n’est clairement pas quelque chose d’isolé aux Celtics, l’appétence de Mazzulla pour le football et ses notions sont certainement d’une bonne aide. On apprend aussi qu’Al Horford est un fan de Premier League et il est également revenu sur le “Mazzula Ball”. En espérant qu’il ne soit pas supporter de Tottenham, s’il veut gagner des titres…

“Même moi, j’apprends de lui [de Joe Mazzulla, ndlr]. Juste de la façon dont il nous fait comprendre comment travailler et prendre soin de ces avantages. C’est comme ça qu’il les appelle.”

“Il veut qu’on voit et exécute, il veut vraiment qu’on ne soit pas des robots. Peu importe ce que le jeu te demande, fais le.”

Jaylen Brown est aussi revenu là-dessus et va dans le même sens que le vétéran Dominicain.

“Penser le jeu, manipuler le jeu, c’est tout ce sur quoi on s’est concentré cette année.”

La volonté de Joe Mazzulla de s’inspirer de Pep Guardiola ne s’arrête pas seulement aux fondamentaux du football mais aussi à la philosophie de Pep directement. Créer un jeu collectif où tout le monde touche le ballon. Le “Jeu avant le Je“, en quelque sorte. Une belle phrase sortie de la bouche de Raynald Denoueix, héritier du célèbre “Jeu à la Nantaise” de José Arribas et Jean-Claude Suaudeau, qui inspireront Guardiola himself. Un jeu de mouvement qui permet d’impliquer tout le monde et qui se reflète dans le jeu des Leprechauns.

This is it. Peak Celtics basketball.

Beautiful ball movement. pic.twitter.com/qB4ByChHni

— Jack Simone (@JackSimoneNBA) February 25, 2024

“Pep, son style, c’est comme ce style à Barcelone, impliquer tout le monde, faire toucher la balle à tout le monde. […] Joe (Mazzulla) nous montre des clips de possessions où tout le monde touche la touche et à quel point le ballon est vivant. Quand la balle est en mouvement et que tout le monde est impliqué, quelque chose de bien arrive. C’est à ce moment qu’on joue le mieux.”

– Al Horford sur l’influence de Pep sur son coach.

Une philosophie qui fonctionne bien puisque les Celtics sont la meilleure équipe de NBA cette année. Ils sont aussi et surtout la meilleure attaque de NBA. 45 victoires pour 12 petites défaites. 5 victoires d’avance sur les Wolves deuxième de la Ligue et 7,5 sur les Cavs deuxième de la Conférence Est. Un peu plus de 10 de net rating (différence offensive rating-defensive rating) et une domination très importante.

Au delà du jeu, Joe Mazzulla serait bien heureux de s’inspirer des résultats de Josep. Une Ligue des Champions en 2023 pour Man City et le titre pour Boston en 2024 ? On lui souhaite mais tous les feux sont au vert à Boston !

Source texte : Jared Weiss, The Athletic