La Draft NBA… mais c’est quoi en fait ? On vous explique tout !
Le 23 juin 2022 à 11:40 par Arthur Baudin
Ce jeudi aura lieu la 77e Draft NBA de l’histoire. Rien de neuf pour les vieux loups du basket-ball, dont le fonctionnement de cette soirée est déjà acquis. Mais pour les autres – aux connaissances plus mesurées – la rédaction de TrashTalk a contacté le professeur Sebastiano Drafto, un Chilien de 57 ans qui n’existe pas, titulaire d’un doctorat en explications synthétiques de l’Université de Boulogne. Entretien.
Bonjour professeur.
Sebastiano Drafto : Bonjour.
Merci beaucoup de nous accorder cet entretien par Zoom. Vous êtes à New York, dans votre salon, pourquoi cet endroit ?
Comme vous le savez, cette année sera la 77e Draft NBA de l’histoire. Cela ne fait en revanche que depuis 2013 qu’elle se tient au Barclays Center de Brooklyn. Depuis le début du XXIe siècle, elle est passée par le Prudential Center de Newark, le Madison Square Garden de New York et le Target Center de Minneapolis. Si la NBA conserve le Barclays Center comme lieu hôte depuis une décennie, c’est à ma demande personnelle. J’habite sur Bedford Avenue, ce n’est qu’à sept minutes de trotte.
Vous mentez ?
Totalement.
Qu’a donc cette soirée de si spécial ?
Le soir de la Draft, 60 prospects – âgés de 19 à 22 ans – sont dispersés parmi les 30 franchises NBA. C’est un processus de sélection en deux tours : le premier, du 1er au 30e choix, et le second, du 31e au 60e choix. Un joueur sélectionné en 7e position est grosso modo considéré comme le 7e prospect le plus attrayant de la cuvée. Un joueur sélectionné en 58e position passe la tête ric-rac, et ne se verra pas offrir autant de garanties par son équipe que les 57 joueurs choisis avant lui.
Mais pourquoi deux tours et pas qu’un seul ?
Un joueur dont le nom sort au premier tour signe un contrat garanti d’au moins deux ans avec l’équipe qui l’a sélectionné. Les autres signent un contrat non garanti et jouent constamment avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
Donc, si je suis sélectionné en 31e position, j’ai clairement les…
Les boules ! C’est ça. Mais il faut aussi relativiser, certains s’attendent à ce que leur nom sorte au milieu/fin du second tour, et s’il sort au début du second, alors la joie l’emporte sur la déception. A contrario, un joueur annoncé dans le top 20 de sa cuvée et qui tombe au second tour – Bol Bol en 44e position de la Draft 2019 – l’aura forcément mauvaise.
Mais on peut quand même réussir en NBA si l’on est sélectionné au second tour ?
Nikola Jokic, Draymond Green ou encore Marc Gasol vous diront que oui. S’il fallait aller plus loin, je dirais même que c’en est le principe. C’est en 1989 que la Draft est passée à deux tours. Avant 1985 – réduction progressive de 85 à 89 – il y en avait dix. Je ne vous détaille pas les profils des zouaves sélectionnés en fin de dixième tour, mais à cette époque, Mister V n’aurait probablement pas eu besoin de se lancer sur YouTube.
Ah professeur, votre fille passe derrière vous !
Ce n’est pas ma fille c’est ma femme.
…
Je suis à deux doigts de couper là.
Et comment répartit-on les choix selon les équipes ? Pourquoi cette année, les Spurs ont-ils le « first pick » ?
La distribution des quatorze premiers choix se fait à la loterie, entre les quatorze équipes qui ne jouent pas les Playoffs. Les probabilités sont influencées par le classement des équipes à la fin de la saison régulière. Plus une équipe est mauvaise, plus elle a de chance de drafter haut. Cette année, les trois pires bilans de NBA avaient chacun 14% de chance d’obtenir le first pick et 52% de chance d’acquérir un choix du top 4. Plus le bilan est bon et plus ces probabilités décroissent. Avec un affreux bilan de 22 victoires pour 60 défaites, les Spurs ont logiquement obtenu le 1er choix. Si vous êtes encore perdu, je conseille Tankathon, un site qui détaille parfaitement ce système de probabilités.
Et donc quand on tire le 1er choix comme San Antonio le 17 mai dernier, c’est la festoche dans tous les bureaux de l’institution, non ?
Absolument, surtout quand un prospect générationnel comme Victor Wembanyama est sur le point de débarquer en NBA. Vous l’avez bien compris, un 1er choix permet de drafter avant tout le monde et d’obtenir potentiellement LA pièce maitresse pour reconstruire la franchise. Donc sauf grosse déconnade du GM – ou intervention excessive d’un actionnaire dans le processus de décision, la bise à Vivek – le prospect le plus convoité de la cuvée atterrira dans votre équipe.
Sauf grosse déconnade du GM ?
Il arrive qu’en dépit de ce qu’annonçaient tous les mocks (classement évolutif des prospects selon les différents médias/scouts sur la saison qui précède la draft), une équipe crée la surprise. On se souvient de la sélection d’Anthony Bennett en 1er choix de la Draft 2013 par les Cavaliers. Il n’était attendu qu’en 4e choix par la plupart des observateurs. Et pour vous donner une idée de l’ampleur de la connerie, Bennett n’est resté que quatre saisons en NBA, pour 151 matchs disputés dont quatre seulement en tant que titulaire. Un garçon sélectionné aussi haut et qui déçoit autant, on appelle ça un « bust ».
Et les autres choix, du 15e au 60e, comment sont-ils distribués ?
Pour le coup il n’y a pas de loterie, c’est fixe. En se basant sur les résultats de la saison précédente, avec les meilleures équipes qui draftent en dernier. Le meilleur bilan de la régulière sélectionne en 30e (fin de premier tour) et 60e position (fin de deuxième tour), le deuxième meilleur bilan de la NBA drafte en 29e et en 59e position, et ainsi de suite. Vous pigez ?
Ouaip.
C’est bien.
Mais cette année, il n’y a que… 58 choix ?
Eh oui, les Sixers et les Bulls sont privés de leur choix de second tour pour « tampering ». Faire du « tampering », c’est négocier entre franchise et joueur avant l’ouverture de la Free Agency. Ce qui est théoriquement interdit, d’où la sanction.
On a tout suivi mais un truc continue de nous échapper : pourquoi le Magic drafte-il deux fois cette année, en 6e et en 11e position ?
Un choix de draft est monnayable. Le 11e choix vient en réalité du transfert de Nikola Vucevic d’Orlando à Chicago en 2021. Dans le deal, les Bulls avaient inclus leur premier tour de Draft 2023, sûrs d’être compétitifs à cette période. Mais les Taureaux ont réalisé une saison décevante cette année, suffisamment décevante pour obtenir le 11e choix à la loterie, ainsi revenu à Orlando.
Ah, on peut donc monter des trades en amont de la Draft pour…
Et pendant ! Il arrive qu’en pleine soirée de Draft, le commissionnaire – aujourd’hui Adam Silver – intervienne pour annoncer un trade entre deux équipes. Ce trade doit bien entendu influencer le déroulement de la Draft. Un exemple ? Imaginons que ce jeudi, les Blazers envoient leur 3e choix à la Nouvelle-Orléans en échange de Zion Williamson. Ce transfert sera alors annoncé par le commissionnaire.
Dernière interrogation, peut-on être drafté ?
Si vous êtes dans votre 22e année – la dernière pour se faire drafter – oui, car vous êtes automatiquement éligible. Si vous avez moins, il faut déposer votre candidature.
Vous savez tout professeur.
Sauf comment obtenir la garde de mes enfants auprès de mon ex compagne *rire biaisé*.
Merci.
Merci à vous.