Plus jeune, Draymond Green a été inspiré par une légende : « J’ai beaucoup étudié Boris Diaw au début de ma carrière »
Le 13 juin 2022 à 12:53 par Arthur Baudin
Le 13 mai dernier, d’une écurie au fin fond de la Serbie, son trophée de MVP sur les genoux, Nikola Jokic confiait son admiration pour Boris Diaw. Un mois plus tard, le 13 juin, c’est au tour de Draymond Green d’en toper une pour le bon vivant préféré de ton bon vivant préféré. Encore un hommage, qui prouve une nouvelle fois la grandeur de l’héritage laissé par le Français en NBA.
Ce n’est qu’au sommet que l’on pense à Babac. Pour tous ceux qui n’ont pas connu Croque Carotte et le prime de Ravensburger, ce shout-out de Draymond au Français n’est qu’une info parmi tant d’autres : « Boarf, les vieux parlent beaucoup de Boris Diaw mais ses stats ne faisaient pas rêver ». Une lecture simpliste que le bon sens n’autorise pas. Pour comprendre l’impact qu’a eu Boris Diaw chez les Amerloques, il convient de se repasser les cassettes. En 2006, dans sa troisième saison NBA, il est élu MIP grâce à un rôle de parfait titulaire. On lui décèle le caractère d’un coéquipier qui facilite la vie du vestiaire, et dont l’ego ne parlera jamais à la place du QI basket. Il n’a que 24 ans, flirte encore – plutôt très largement – avec Marcel l’arceau, et développe une science du jeu devenue, un peu moins de 20 ans plus tard, source d’inspiration pour n’importe quel intérieur au service de son collectif. Son passage à Charlotte et ses cinq années à San Antonio poliront d’ailleurs cette réputation de faux fainéant. Ses déplacements sans ballon sont millimétrés et sa négligence, elle, n’est qu’un déguisement en surface.
« Il y avait définitivement des gars dont j’ai pris des choses, et au cours de ma carrière, je continue toujours à regarder et à essayer de prendre des choses de ces gars. J’ai beaucoup étudié Boris Diaw au début de ma carrière.
La façon dont il bougeait la balle, dont il utilisait les DHO (Dribble Hand Offs). Plus qu’une action spécifique, la façon dont il repoussait les limites de l’adversaire. C’était très spécial pour moi. » – Draymond Green, en conférence de presse
Draymond Green on taking parts of his game from players like Boris Diaw, Kurt Thomas, Chuck Hayes, and Dennis Rodman.#NBAFinals presented by @YouTubeTV Media Availability pic.twitter.com/lwNiDaGZeg
— NBA (@NBA) June 12, 2022
Bon, comme Nikola Jokic, Draymond Green a également dédicacé d’autres silhouettes comme Kurt Thomas, Chuck Hayes et Dennis Rodman. Un panel de joueur qui sent les plumes, le goudron et la 1664 diluée à l’eau. On ne paierait pas des mille et des cents pour revoir les actions offensives de ces garçons, mais leurs carrières sont des œuvres peintes à l’altruisme. Il ne suffit pas de ressembler à John Stockton, pour faire du John Stockton. Comme le démontre Draymond Green depuis des années, toutes les passes décisives n’apparaissent pas sur la feuille de match. C’est d’ailleurs en cela que Boris Diaw est le profil d’étude le plus intéressant pour les nouveaux intérieurs. On parlait de joueurs dont « on ne paierait pas des mille et des cents pour revoir les actions offensives », mais le Français s’extirpe de cette logique « efficace et inélégant ». Il était un très bon attaquant, bien plus polyvalent que l’est Draymond Green sur ces Finales 2022. Ses mouvements sans ballon, son attaque de cercle, ses poses d’écran, son toucher de balle, sa finition et même son intelligence défensive – salvatrice d’une rapidité latérale limitée en fin de carrière – alimentent les pages du bouquin d’apprentissage qu’incarne Boris Diaw. Un must-read pour les novices, comme les tout meilleurs.
Pouvait-on mieux clore ce papier qu’avec le 8/9/9 de Boris Diaw sur les Finales 2014 ? La vidéo résume tout. Il joue pour lui, pour les autres, et décrochera un match plus tard – à 32 ans – le premier titre de sa carrière. Viva la vida, mais surtout notre artiste.