À Phoenix, Luka Doncic a écrit sa légende : 35 points à 12/19 au tir, une aisance impolie, un sourire insolent, la marque des très grands
Le 16 mai 2022 à 05:29 par Arthur Baudin
Ce dimanche, à Phoenix, madame indécence – un peu rondouillette et au passeport slovène – s’est emparée du Footprint Center. Une salle, envoûtée d’un sentiment contraire à l’euphorie, et forcée d’assister à l’écriture des premières grosses lignes de Luka Doncic. Dans le stylo du blondinet, l’apathie des Suns, une encre qui prend merveilleusement bien le papier.
Il est né en 1999. Comme nous, ce gars a probablement ouvert des boosters Yu-Gi-Oh et senti leur intérieur. Pas comme nous, il vient de s’approprier un Game 7 d’une demi-finale de conférence face à la meilleure équipe de NBA. En seulement 30 minutes de jeu – le blowout l’ayant renvoyé respirer en fond de banc – Luka Doncic a posé des stats impressionnantes : 35 points à 12/19 au tir dont 6/11 à 3-points, 10 rebonds, 4 assists, 2 interceptions et 2 ballons perdus. Là où les mots ne suffisent pas, les chiffres dépannent. À la pause, il en était déjà à 27 unités. Les Suns aussi. Le séisme a été instantané. Il n’aura fallu que 26 secondes de jeu au Slovène pour envoyer un premier fadeaway. À ce moment précis, nous ne le savons pas encore mais l’avance des Mavericks est d’ores et déjà définitive. Jamais les Suns ne reprendront le lead. À base de bombinettes lointaines – et excellement épaulé par Spencer Dinwiddie – Luka assomme, distille, intercepte et… sourit. On en revient toujours à cette caractéristique : il sourit. Comme si l’enjeu ne lui avait pas été spécifié, le pansu de Ljubljana allie précision, lucidité, justesse, sang-froid et y ajoute ce soupçon d’arrogance. En une seule mi-temps, il a rebattu toute la hiérarchie établie par ces dernières années. À 23 ans, dans un match à élimination directe, la marge d’erreur était pourtant indulgente. Il aurait pu se manquer. Compte tenu de l’adversaire à 64 victoires sur la régulière, c’eût été plus logique. Mais cette marge d’erreur, figurez-vous que Luka Doncic ne la considère pas.
LUKAAAAAA 😱😱😱 pic.twitter.com/YtQgKCG9HD
— Bleacher Report (@BleacherReport) May 16, 2022
On sait que ça fait beaucoup de chiffres, mais cette victoire permet aux Mavericks d’accéder à la cinquième finale de conférence de leur histoire. En un seul match – plus précisément une seule mi-temps – Luka Doncic a foutu un barouf monstre. À cause de lui, Chris Paul sort de ces Playoffs 2022 la tête baisse, avec une réputation de « Point God » abimée, et n’ouvrira pas Twitter de tout l’été. Le Slovène a également fixé la mesure de la relation hiérarchique qu’il entretient avec Devin Booker. On a vu l’arrière des Suns le titiller sur les matchs précédents, cela n’arrivera probablement plus. Depuis le 3-2 et la fameuse « Ils font tous les durs quand ils mènent ! », Luka Doncic est devenu un mâle alpha : 68 points, 21 rebonds, 12 assists et 8 tirs du parking en… 2 matchs. Cette ligne statistique a permis le comeback de Dallas, en complément d’un énorme boulot de l’autre côté du parquet. Parmi les joueurs qui devaient progresser en défense, le blondinet n’était pas le dernier à plaider coupable. Sur les derniers matchs, Luka a gagné en constance, en concentration, en habileté et même en expérience. Il est toujours imprudent de l’associer à Jalen Brunson hein, mais les fautes bêtes se font de plus en plus rares. Même verbalement. Il était parti sur de très mauvaises bases avec les arbitres dans cette série. On se demandait s’il faisait bien de contester chacun des coups de sifflet, au risque de se retrouver dans le collimateur des hommes en gris. La tendance s’est inversée : Devin Booker a terminé en râlant, Luka en trottinant.
– Est-ce que vous étiez au courant que vous aviez autant de points (27) que les Suns à la mi-temps ?
– Bah oui bien sûr
💀💀💀💀💀💀pic.twitter.com/4B68RE80cr
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) May 16, 2022
« Vous ne pouvez pas enlever ce sourire de mon visage en ce moment », a glissé le Slovène en conférence de presse. Il ne file pas en vacances, il est heureux. On connaît cependant un autre meneur à la tête de nourrisson qui l’attend à San Francisco. Cette marche était haute, la prochaine sera immense.