De favoris pour le titre à une élimination avant le play-in : ne vient-on pas d’assister… à la pire saison de l’histoire des Lakers ?

Le 06 avr. 2022 à 18:54 par Nicolas Meichel

Lakers 30 octobre 2021
Source image : NBA League Pass

D’ores et déjà éliminés dans la course aux Playoffs étant donné qu’ils ne participeront même pas au play-in tournament, les Lakers ont complètement foiré leur saison alors qu’ils avaient des ambitions de titre il y a quelques mois. Un fail monumental qui nous fait nous poser la question suivante : et si c’était tout simplement la pire campagne de l’histoire de la mythique franchise californienne ?

“Pire” : Comparatif de mauvais. Plus mauvais, plus défectueux, plus nuisible.

La définition est assez claire et on sait tous ce que le mot “pire” signifie, mais chacun peut l’interpréter différemment. Encore plus dans le domaine du sport et de la NBA. Quand on parle de “pire saison” de l’histoire d’une franchise, certains peuvent tout simplement s’arrêter au bilan. Vous savez, ceux qui disent que “les chiffres ne mentent pas” et qui vouent un culte à Daryl Morey. Pour cette catégorie de personnes, le classement ci-dessous suffira pour couronner la magnifique campagne 2015-16 de Los Angeles, ponctuée du plus faible pourcentage de victoire all-time pour les Lakers.

Les 15 pires bilans de l’histoire des Lakers :

  • 17 victoires – 65 défaites (20,7% de victoire) en 2015-16
  • 21 victoires – 61 défaites (25,6%) en 2014-15
  • 19 victoires – 53 défaites (26,4%) en 1957-58
  • 26 victoires – 56 défaites (31,7%) en 2016-17
  • 27 victoires – 55 défaites (32,9%) en 2013-14
  • 25 victoires – 50 défaites (33,3%) en 1959-60*
  • 30 victoires – 52 défaites (36,6%) en 1974-75
  • 31 victoires – 48 défaites (39,2%) en 2021-22
  • 33 victoires – 49 défaites (40,2%) en 1993-94
  • 34 victoires – 48 défaites (41,5%) en 2004-05
  • 36 victoires – 45 défaites (44,4%) en 1966-67*
  • 37 victoires – 45 défaites (45,1%) en 2018-19
  • 36 victoires – 43 défaites (45,6%) en 1960-61*
  • 33 victoires – 39 défaites (45,8%) en 1958-59*
  • 33 victoires – 39 défaites (45,8%) en 1955-56**

*qualification en Playoffs
**qualification en Finales NBA

Mais ici, on aime prendre en compte le contexte avant d’arriver à des conclusions. Car si le bilan comptable est évidemment important pour juger la réussite ou plutôt le fail d’une saison, il n’a pas la même signification selon les attentes qui peuvent entourer cette dernière. Alors chez nous, on va définir “pire” en se basant sur le rapport résultats/attentes. Et à ce niveau-là, les Lakers version 2021-22 ont fait très très fort.

Jsuis désolé mais cette vidéo me fume trop 😭😭😭😭pic.twitter.com/Ld3UypAMAl

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) April 6, 2022

On ne va pas revenir sur le déroulement complet de la saison catastrophique des Lakers mais avant la reprise en octobre dernier, certains parlaient quand même de 70 victoires (coucou Kendrick Perkins) et nombreux sont ceux qui misaient déjà sur une Finale NBA entre la franchise de Los Angeles et les Brooklyn Nets. Pas forcément étonnant pour une équipe possédant cinq voire six futurs Hall of Famers avec LeBron James, Anthony Davis, Russell Westbrook, Carmelo Anthony, Dwight Howard et Rajon Rondo. D’ailleurs, nous aussi on plaide coupable hein, car on avait annoncé dans notre costume d’hexpert une régulière à 57 wins avec la deuxième place de l’Ouest au bout. La suite, on la connaît tous. Le fit Westbrook aux côtés de LeBron et AD n’a jamais fonctionné, ces deux derniers ont passé pas mal de temps à l’infirmerie, les Lakers n’ont jamais trouvé de véritable équilibre, la franchise ressemblait plus à une maison de retraite qu’à une équipe de basket, et les défaites – parfois humiliantes – n’ont pas arrêté de s’accumuler. On peut aussi pointer du doigt le coach Frank Vogel pour son incapacité à maximiser son groupe malgré l’adversité et les choix du boss des opé basket Rob Pelinka depuis le titre de 2020. Tout ça pour dire que c’est un échec à tous les niveaux, les Lakers passant de favoris de l’Ouest à la onzième place de la Conférence, synonyme d’élimination directe des Playoffs. Oui, l’équipe qui était censée tout écraser sur son passage après une petite période d’adaptation ne participera même pas au play-in tournament, une phrase qui était tout simplement impensable il y a quelques mois.

En vrai ? J’ai envie de tapoter le dos des fans des Lakers parce que je peux que imaginer ce que ça faisait cette saison et ça devait être juste insupportable à vivre au quotidien. Le jeu, les attentes, le drama, tout.

Limite Jsuis content pour vous que vous soyez en vacances.

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) April 6, 2022

Si on se met dans la peau d’un fan des Lakers, et c’est peut-être ça la meilleure façon de juger si cette saison est la pire de l’histoire de la franchise californienne, y’a de quoi être dégoûté temporairement du basket tellement cette année fut flinguée. Quand vous abordez la saison avec des rêves de titre pour votre équipe favorite, et que derrière ça se transforme en véritable fiasco avec tout le drama qui va habituellement avec dans la Cité des Anges, vous ne pensez qu’à une seule chose : que ça se termine. Chaque match est devenu un supplice en cette fin de saison. Chaque défaite est devenue source de moqueries sur les réseaux. Chaque nuit était remplie de cauchemars. Et ce ne sont pas les perfs de LeBron à 37 balais qui allaient aider à remonter le moral, même si c’était le petit rayon de soleil dans la misère générale. Alors certes, ce n’est pas la première fois qu’une superteam de L.A. ne répond pas aux attentes. On avait d’ailleurs fait une piqûre de rappel avant même le début de la campagne 2021-22 en soulignant les échecs des Lakers version 2004 et 2013. Mais quand on parle d’échec pour ces équipes-là, on parle d’une défaite en Finales NBA pour la première et d’une élimination au premier tour des Playoffs pour la seconde après la grosse blessure au tendon d’Achille de Kobe Bryant. Pas le même délire.

“On a touché le fond. De toutes les saisons que j’ai pu voir en tant que Laker.”

– James Worthy en février dernier, après une défaite humiliante contre Portland

James Worthy is DISGUSTED with the Lakers👀pic.twitter.com/StpmVHPnAp

— PointsBet Sportsbook (@PointsBetUSA) February 10, 2022

Est-ce qu’une équipe des Lakers a déjà autant déçu dans l’histoire ?

Quand on jette un œil à la longue histoire des Lakers, pas sûr qu’une équipe ait provoqué autant de déception et de frustration que celle de cette année. Certes, comme on peut le voir plus haut, y’a eu des versions moins bonnes sur le plan purement comptable. On pense particulièrement aux Lakers de la dernière décennie, la pire all-time pour la franchise californienne avec six saisons consécutives sans Playoffs et quatre des cinq pires bilans ever. 27, 21, 17 et 26 wins entre 2013 et 2017, bonjour la lose. Mais c’était la fin de carrière de Kobe avec un physique en perdition, c’était l’ère où le cinq majeur des Lakers pouvait être composé de Vander Blue, Jabari Brown, Ryan Kelly, Jordan Hill et Tarik Black. La période fut très sombre sauf que contrairement à cette année, les fans de Los Angeles ne se faisaient pas vraiment d’illusions sur les chances de leur équipe, même si y’en avait toujours qui pensaient que le trio D’Angelo Russell – Jordan Clarkson – Julius Randle allait redresser la franchise. Sacrée époque.

Une époque suivie par l’arrivée de LeBron James en 2019, venu pour épauler les jeunots Lonzo Ball, Brandon Ingram et Kyle Kuzma qui avaient réussi à redonner un peu d’élan à la franchise californienne. Les espoirs étaient élevés et un peu comme cette saison, cela s’est transformé en cirque avec un bilan final très décevant de 37 victoires – 45 défaites (pas de qualification en Playoffs). La différence avec 2021-22, c’est que l’effectif était loin d’être aussi hype et qu’on était seulement dans la première année du King dans la Cité des Anges. Du coup, ça parlait pas trop titre NBA vous voyez, on voulait plutôt voir ce que ça allait donner.

Parmi les autres saisons noires de l’histoire moderne des Lakers, on peut citer la saison 2004-05, la première sans Shaquille O’Neal et qui a mis fin à une série de dix saisons consécutives en Playoffs avec quatre Finales NBA et trois titres de champion. Le départ de Shaq a laissé un vide énorme à L.A. et Kobe s’est rendu compte à quel point ça pouvait être difficile de survivre dans la Conférence Ouest sans son meilleur ennemi. La mauvaise campagne des Lakers, marquée notamment par un changement de coach lié aux problèmes de santé de Rudy Tomjanovich, avait mis un sacré coup sur la tête de ces fans californiens habitués au caviar. Pour autant, le départ de Shaq avait sonné la fin de la dynastie et personne ne s’attendait à ce que Los Angeles joue le titre cette année-là.

En parlant de dynastie qui s’éteint, le début des années 1990 fut marqué par les derniers vestiges de la période Showtime. Les Finales de 1991 face aux Bulls ont été suivies d’un déclin rapide symbolisé par l’annonce glaçante de Magic Johnson concernant sa séropositivité en novembre de cette même année – un véritable tremblement de terre – et la très mauvaise saison 1993-94. Au terme de celle-ci, les Lakers ont raté les Playoffs (seulement 34 wins) pour la première fois depuis le milieu de la décennie 1970, tout ça avec un Magic peu convaincant dans son nouveau costume de coach pour les derniers matchs de la saison. Bref, beaucoup de fans des Lakers gardent logiquement un mauvais souvenir de cette époque, cependant ce n’est pas réellement la déception qui la caractérise.

Si on remonte bien plus loin, il faut obligatoirement ajouter les campagnes 1974-75 et 1957-58 dans la catégorie des pires saisons all-time des Lakers. Bien évidemment, c’est loin tout ça et c’est donc difficile de retranscrire le ressenti qu’il y avait au cours de ces deux années-là, mais elles ont un point commun : à chaque fois, la franchise a payé le départ d’un Hall of Famer. Jerry West en 1974, George Mikan dans la deuxième partie des années 1950. Spoiler, quand vous perdez un Hall of Famer, souvent les résultats en pâtissent en attendant que quelqu’un prenne le relais. On parle donc plus de deux périodes de transition après de longues années de succès. Et anecdote sympathique, West et Mikan sont tous les deux devenus coachs des Lakers après leur carrière de joueur. La différence, c’est que le premier a aidé la franchise à retrouver le droit chemin, tandis que le second était sur le banc au cours de la première partie de la terrible saison 1957-58 (celle à seulement 19 victoires).

Chacun jugera selon ses propres critères mais pour nous, la saison 2021-22 coche toutes les cases pour être reconnue comme la pire de toute l’histoire des Lakers. Car quand la hype est tellement grande et qu’ensuite l’échec est tellement cuisant, on rentre assez rapidement dans le Hall of Shame.


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