Duke – North Carolina, comme on se retrouve : avant le choc du Final Four, retour sur les 10 épisodes qui ont marqué cette rivalité légendaire
Le 02 avr. 2022 à 11:43 par Nicolas Meichel
C’est la plus grande rivalité du basket universitaire américain, et l’une des plus chaudes dans le paysage des sports US. Duke versus North Carolina, Blue Devils versus Tar Heels, Durham versus Chapel Hill. Les deux universités basées en Caroline du Nord vont se rencontrer ce samedi au Superdome de la Nouvelle-Orléans pour écrire un nouveau chapitre dans leur longue histoire, eux qui partagent pas moins de 257 confrontations en l’espace d’un siècle. Un chapitre qui s’annonce épique et qui pourrait bien être le plus marquant de tous. Mais en attendant, retour sur les dix épisodes qui symbolisent véritablement cette rivalité mythique.
2 mars 1974, North Carolina (#4) bat Duke 96-92
« L’un des, si ce n’est Le plus grand comeback de l’histoire du basket universitaire. » Voilà comment un certain Freddie Kiger qualifie cette rencontre de mars 1974 entre les Tar Heels, quatrièmes au classement national cette année-là, et les Blue Devils à Chapel Hill. Statisticien du légendaire coach d’UNC Dean Smith à l’époque, Freddie n’est peut-être pas le plus objectif, mais il a de sacrés arguments. Car dans le dernier match à domicile de la saison 1974, North Carolina réalise une remontée absolument improbable en effaçant un déficit de huit points lors des… 17 dernières secondes du match. Oui, 8 points en 17 secondes, c’est possible. Comment ? Grâce à deux lancers-francs de Bobby Jones, à un panier de John Kuester puis un autre de Jones suite à deux pertes de balle de Duke sur des remises en jeu, à la maladresse des Blue Devils sur la ligne des lancers, et à un buzzer-beater de Walter Davis sur une longue passe de Mitch Kupchak. L’alignement des planètes est incroyable. Alors que certains fans des Tar Heels ont déjà quitté la salle, cette dernière explose complètement quand North Carolina égalise à la sirène. Duke ne s’en remettra pas et tombera ainsi en prolongation.
28 février 1981, Duke bat North Carolina (#11) 66-65
Mike Krzyzewski a gagné plus de 1 000 matchs durant sa légendaire carrière sur le banc de Duke et est sur le point de prendre sa retraite dans le costume de coach le plus victorieux de l’histoire de la NCAA. Son tout premier succès dans la rivalité face à North Carolina ? Il date de février 1981, et il est mémorable. Lors du dernier match de la saison initiale de Coach K chez les Blue Devils, Duke accueille les Tar Heels de Dean Smith au Cameron Indoor Stadium. Menés de deux points à une seconde de la fin du temps réglementaire, les Blue Devils semblent condamnés mais ils peuvent compter sur le clutch gene de Gene Banks. Ce dernier enfile le costume de héros en plantant le shoot de l’égalisation qui emmène tout le monde en prolongation, le tout dans une ambiance complètement folle. Et ensuite, c’est encore lui qui marque le panier décisif qui donne un avantage de 66-65 à Duke en overtime, offrant ainsi un joli cadeau à son entraîneur. Une belle façon de finir la saison régulière alors que Coach K connaît des débuts plutôt compliqués sur le banc de Duke.
3 mars 1984, North Carolina (#1) bat Duke (#15) 96-83
Encore un match qui se termine en prolongation. Mais ce qui rend celui-ci tellement spécial, c’est que c’est le dernier de Michael Jordan à Chapel Hill. MJ est alors dans sa troisième campagne avec l’université de North Carolina, l’ultime saison avant de faire le grand saut vers la NBA. Et ce jour-là, il termine meilleur marqueur de son équipe avec 25 points au compteur pour aider les Tar Heels à l’emporter 96-83. Maladroit en première mi-temps, Jojo prend véritablement son envol après la pause avant d’en rajouter une couche en overtime en compagnie de Sam Perkins, le tout après le shoot égalisateur de son copain Matt Doherty dans les dernières secondes du temps réglementaire. Il faudra finalement deux prolongations à UNC pour prendre le dessus sur une vaillante équipe de Duke, mais Jojo n’allait quand même pas laisser la bande à Coach K gâcher ses derniers exploits à l’intérieur du Carmichael Auditorium.
2 février 1995, North Carolina (#2) bat Duke 102-100
Imaginez la scène. Vous êtes un joueur de Duke, vous évoluez devant 10 000 fans qui sont tous debout pour vous encourager, vous récupérez la balle avec trois points de retard et les dernières secondes qui s’écoulent, et vous envoyez une prière du milieu de terrain qui fait ficelle. C’est exactement ce que vit Jeff Capel le 2 février 1995. Dans un match aux multiples rebondissements et marqué notamment par les assauts aériens du duo de North Carolina Rasheed Wallace – Jerry Stackhouse, les Blue Devils donnent tout malgré l’absence de leur coach Mike Krzyzewski, indisponible cette saison-là à cause d’un dos en vrac. La bagarre entre les deux rivaux ira jusqu’en double prolongation, où les Tar Heels parviennent à assurer l’essentiel avec un succès 102-100. Le buzzer-beater de Capel restera donc un exploit sans lendemain dans l’histoire de la rivalité Duke – UNC, mais un exploit tout de même inoubliable.
28 février 1998, Duke (#1) bat North Carolina (#3) 77-75
Une fin de match folle. Un enjeu important. Des grands noms sur le parquet. Un air de revanche. Et une 500e victoire en carrière pour Coach K. Voici les ingrédients de ce Duke – North Carolina du 28 février 1998, qui se déroule seulement trois semaines après une première confrontation au sommet à Chapel Hill, remportée par UNC. Alors qu’un succès permettrait aux Blue Devils de sécuriser le titre de champion de saison régulière dans la Conférence ACC, les Tar Heels de Vince Carter et Antawn Jamison tentent de jouer les fauteurs de troubles. Et ils y arrivent très bien puisqu’ils prennent jusqu’à 17 points d’avance au cours de la deuxième mi-temps. Mais Duke ne lâche rien et sous l’impulsion d’un grand Elton Brand, les Blue Devils parviennent à grignoter leur retard. Le futur intérieur des Bulls et des Clippers – pourtant victime d’une fracture du pied en début de saison – aide la bande à Mike Krzyzewski à revenir à 75-75 dans les derniers instants de la rencontre, avant que Roshown McLeod ne donne l’avantage à Duke à une minute du buzzer. Le score ne bougera plus. Les Tar Heels, à la rue offensivement en fin de match, se plantent sur la ligne des lancers-francs à deux reprises, et le public du Cameron Indoor Stadium ne perd pas de temps pour envahir le terrain après la sirène.
5 février 2004, Duke (#1) bat North Carolina (#17) 83-81
Ancien joueur de North Carolina et ancien assistant du légendaire coach Dean Smith, Roy Williams prend les commandes du programme d’UNC en 2003. Et le 5 février 2004, il croise la route de Coach K pour la première fois dans l’histoire de cette rivalité. Une première qui reste dans les mémoires, Duke et North Carolina s’offrant une bataille épique à Chapel Hill. Incapables de se départager après 40 minutes, les deux équipes s’en vont en prolongation après un 3-points égalisateur du joueur des Tar Heels Jawad Williams. Et durant l’overtime, le scénario se répète. Duke mène 81-78 mais Rashad McCants permet à UNC de recoller grâce à un tir primé avec 15 secondes au chronomètre. Sauf que cette fois-ci, la balle de match ne sera pas gâchée par les Blue Devils. Chris Duhon traverse le terrain puis marque un superbe lay-up dans le trafic pour donner un avantage définitif à Duke, qui prend ainsi le dessus sur les Tar Heels pour la septième fois en neuf confrontations depuis 2000. Roy Williams devra attendre jusqu’au 6 mars 2005 pour enfin battre Mike Krzyzewski en tant qu’entraîneur de North Carolina.
6 mars 2005, North Carolina (#2) bat Duke (#6) 75-73
Justement, on y arrive à ce 6 mars 2005. Ce jour-là, North Carolina a l’opportunité de rafler le titre de meilleure équipe de saison régulière dans la Conférence ACC. C’est le dernier match de l’année à Chapel Hill et plus de 22 000 personnes se rassemblent à l’intérieur du Dean Smith Center, un record pour une rencontre de basket sur un campus universitaire de l’État de Caroline du Nord. Et le match sera à la hauteur de la hype qui l’entoure. Menés de neuf points à environ trois minutes de la fin, les Tar Heels vont réaliser une remontée fantastique en sortant les barbelés et en prenant véritablement le contrôle du rebond des deux côtés du terrain. De 73-64 en faveur de Duke, le score passe à 73-68, puis 73-71 après un and-one de Sean May. Le sniper J.J. Redick a l’occasion de refroidir tout le monde avec un 3-points ouvert dans le corner, mais l’arrière des Blue Devils envoie une briquasse. North Carolina a ainsi l’opportunité d’égaliser voire même de prendre les devants. UNC échoue une première fois mais parvient à récupérer le ballon sur un big play défensif signé David Noel, ce qui permet ensuite à Raymond Felton de se retrouver sur la ligne des lancers-francs après une pénétration. Le premier lancer rentre, le second est manqué, et la suite donne encore des cauchemars aux fans de Duke. Sur le raté de Felton, les Blue Devils ne parviennent pas à sécuriser le rebond et la balle revient dans les mains de Marvin Williams, qui marque avec la planche… et la faute. Explosion à Chapel Hill, UNC vient de prendre le lead 75-73. Les tentatives de Redick et Daniel Ewing dans les ultimes secondes n’y changeront rien, North Carolina est en fête. Un mois plus tard, les Tar Heels de Roy Williams remporteront le titre national.
8 février 2012, Duke (#10) bat North Carolina (#5) 85-84
C’est l’un des plus grands moments de la carrière d’Austin Rivers, peut-être le plus grand. Le 8 février 2012, Duke et North Carolina se retrouvent à Chapel Hill pour une rencontre opposant deux des dix meilleures équipes du pays. À un peu plus de deux minutes de la fin, les Tar Heels semblent avoir la main sur le match, eux qui mènent 82-72. Mais c’est précisément à partir de ce moment-là qu’on bascule dans une autre dimension. En l’espace de 130 secondes, les fans d’UNC vont assister à un enchaînement d’événements terribles. Les Blue Devils commencent à prendre feu au shoot sous l’impulsion de Seth Curry et Tyler Thornton, les joueurs de North Carolina enchaînent les maladresses en perdant des ballons et en laissant des lancers en route, et l’intérieur des Tar Heels Tyler Zeller marque même contre son camp. C’est ainsi qu’on arrive à un scénario où Duke n’est plus mené que 82-84 avec la balle dans les mains d’Austin Rivers, qui possède alors 26 points au compteur. Et là, en terre ennemie et devant les yeux de son papa Doc, Austin va marquer le shoot de sa vie.
8 février 2020, Duke (#7) bat North Carolina 98-96
Si vous aimez les fins de match complètement WTF, on vous conseille de jeter un œil à ce North Carolina – Duke du 8 février 2020, juste avant que le COVID ne vienne foutre le bordel dans ce bas monde. Alors que les Tar Heels sont dans le dur cette saison-là, ils montrent leur meilleur visage face à leur rival historique sous l’impulsion notamment d’un grand Cole Anthony. UNC mène carrément 77-64 avec quatre minutes à jouer et il est alors difficile d’imaginer les Blue Devils sortir la tête de l’eau dans l’environnement hostile de Chapel Hill. Et pourtant. Pendant que North Carolina vendange en attaque, Duke prend feu avec notamment un Tre Jones inarrêtable. Ce dernier enchaîne les pénétrations pour faire revenir les Blue Devils, mais son plus grand exploit est celui qu’il réalise sur la ligne des lancers-francs. Avec un score qui indique 84-82 pour UNC à quatre secondes de la fin, il rate volontairement son lancer pour récupérer le ballon, avant de marquer un buzzer improbable pour forcer la prolongation. Les fans de North Carolina n’arrivent pas à y croire, et le pire c’est que le scénario va se reproduire une deuxième fois en overtime. De 96-91 pour les Tar Heels avec 20 secondes à jouer, le score passe à 96-95 après un alignement de planètes assez fou en faveur de Duke, qui recolle grâce à des paniers de Jones et Wendell Moore Jr. ainsi qu’un coup de sifflet oublié sur une faute des Blue Devils lors d’une remise en jeu de North Carolina. Les hommes de Coach K ont ainsi une occasion inespérée de prendre la tête, et ils ne vont pas la laisser passer. L’intenable Jones parvient à retourner sur la ligne des lancers pour remettre les deux équipes à égalité, mais rate le second. C’est alors que la balle revient miraculeusement dans ses mains, North Carolina ne parvenant pas à sécuriser le rebond. Le chrono s’approchant du double zéro, il tente un tir désespéré qui se transforme finalement… en passe décisive pour Moore Jr., qui inscrit un lay-up alors que la sirène rebondit. Juste irréel.
5 mars 2022, North Carolina bat Duke (#4) 94-81
Le 5 mars 2022, le gratin de Duke Basketball se retrouve au Cameron Indoor Stadium pour célébrer la dernière de Coach K devant son public. C’est effectivement ce jour-là que le légendaire coach des Blue Devils fait ses adieux aux fans de Duke lors du dernier match de la saison à domicile, sous les yeux de plusieurs grands noms du programme comme Christian Laettner, Shane Battier et Grant Hill. Quoi de mieux qu’une victoire sur le rival historique de North Carolina pour fêter ça ? Pas grand-chose. Problème, les choses ne se passent pas vraiment comme prévu. En effet, les Tar Heels – pourtant très loin d’être favoris – débarquent à Durham pour faire leur loi et s’imposent finalement 94-81 dans un match que les joueurs de Duke ne voulaient absolument pas perdre. Cela n’empêchera pas Coach K de lâcher un discours poignant après la rencontre, entouré de sa famille.
Bonus : 15 mars 2019, Duke (#5) bat North Carolina (#3) 74-73
Zion Williamson n’a passé qu’une seule saison à Duke, mais elle fut mémorable à de nombreux égards. L’un des grands moments de sa campagne freshman, c’est sa performance le 15 mars 2019 lors de la demi-finale du tournoi de la Conférence ACC. Ce jour-là, il fait la totale à North Carolina avec une performance XXL à 31 points – 11 rebonds, avec le panier décisif en prime dans la dernière minute. Une perf’ d’autant plus remarquable que Zion s’était blessé au genou un mois auparavant, quand sa chaussure a littéralement explosé lors d’une opposition très attendue entre les Blue Devils et les Tar Heels à Durham, tout ça sous les yeux de l’ancien président américain Barack Obama. Les Blue Devils de Zion, R.J. Barrett et Cam Reddish finiront par remporter le tournoi ACC, mais tomberont lors de l’Elite 8 de la March Madness face à Michigan State.
Ce samedi, Duke et North Carolina vont se rencontrer pour la toute première fois de leur histoire à la March Madness, c’est-à-dire le tournoi universitaire final. Une première qui coïncide avec la dernière danse de Mike Krzyzewski, et qui sera également la 100e confrontation entre les Blue Devils et les Tar Heels dans l’ère Coach K. Vous l’avez compris, on est probablement devant l’un des plus grands matchs de l’histoire de cette rivalité légendaire, et peut-être même devant l’un des plus grands moments all-time du basket NCAA.