Obi Toppin remporte le Slam Dunk Contest 2022 : au bout de l’ennui, au bout de la gêne, au bout de notre vie
Le 20 févr. 2022 à 05:46 par Giovanni Marriette
5h10 et c’est officiel : nous sommes à bout. Oh, pas à bout de souffle comme en 2016, loin de là. Plutôt à bout de force, carrément à bout de nerfs. Ce Slam Dunk Contest 2022 s’inscrit d’ores et déjà comme l’un des plus claqués de l’histoire si ce n’est “le”, et il faudra très vite se poser quelques questions pour redonner un peu de crédit à un évènement censé être l’une des vitrines de la NBA.
Obi Toppin, Cole Anthony, Juan Toscano-Anderson et Jalen Green. En soit le plateau proposé n’était pas si cradingue, avec quelques athlètes qui avaient déjà fait leurs preuves en match. Le jury était également plein de paillettes puisque Clyde Drexler, Dominique Wilkins et Julius Erving ne sont pas loin d’être ce qu’il se fait de mieux en matières de tomar, dans toute l’histoire de la NBA s’il vous plait, alors que David Robinson et Isiah Thomas resplendissaient pour leur part de toute leur classe. Malheureusement à l’heure de ces lignes nos cinq courageux pleurent probablement des larmes de sang, comme le public présent lors du “show”, comme nous tous qui nous étions levés avec l’espoir de vibrer devant l’écran. Au final ? On aurait presque pu s’en douter, tant le préambule à ce Slam Dunk Contest avait, déjà, en quelques sortes lancé le thème de la soirée. Un Skills Challenge bordélique à souhait, avec plus de bazar qui traîne sur le parquet que dans la chambre d’un gosse de quatre ans, un entracte WTF en mode Tournez Manège avec le couple Curry qui doit encore se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère, une respiration, ouf, avec la victoire d’un incroyable Karl-Anthony Towns lors du 3-points Contest, et donc THE main event de la soirée, oh mon dieu si on avait su, oh mon dieu les deux heures de sommeil qu’on a perdu.
Le mood général quelques minutes après le light off ? C’est pas qu’on s’est fait chier, c’est que c’était carrément gênant. Cole Anthony avait plutôt bien lancé les hostilités en appelant son daron sur le parquet avant de chausser des… Timberland pour son premier dunk, mais si le Slam Dunk Contest était un concours de blagues ça se saurait. Un dunk raté, deux dunks ratés, trois dunks ratés, on baille une première fois, si seulement on savait ce qui nous attend. Un quart d’heure de perdu et Juan Toscano-Anderson fait le taf en passant au dessus d’Andrew Wiggins, Obi Toppin réussit au bout de quelques essais à passer un tomar assez technique, quand surgit l’un des héros de la soirée : Jalen Green. Et c’est là que tout s’écroule. Auto-promo à base de NFT, tout ce qu’on déteste (l’auto-promo hein, pas les NFT), Jalen sautille comme un cabri, déborde de flow autant que sa tenue old-school des Rockets, mais au contraire de ses matchs avec Houston dans lesquels il fait le show mais il perd, ce soir Jalen a perdu sur tous les tableaux. Mise en scène exagérée, une dizaine (on a arrête de compter au moment de faire le noeud à la corde) de dunks ratés au premier tour, et un sentiment dérangeant qui monte un peu partout, visible jusqu’au regard du pauvre gamin, bien conscient de l’atmosphère gênante qu’il était en train d’instaurer. Au bout de quatre heures de train Jalen passera finalement un dunk, chouette on peut passer à la suite même si on est pas sûr d’avoir envie. Ah, on avait donc raison de ne pas avoir envie. Le deuxième tour est une purge, Jalen Green passe son deuxième dunk un peu plus rapidement et ce sont au final Obi Toppin et Juan Toscano-Anderson qui se disputeront le trophée, mais honnêtement le fait de voir chaque mec attendre son 37ème essai pour passer un dunk nous a déjà un peu perdu.
La fin du bail ne sera qu’une fin de… bal, moment tant attendu des viandes saoules qui offre une grosse générale à cause d’un pogo qui a mal tourné. Juan Toscano-Anderson tente tout d’abord de reproduire le dunk de Vince Carter, celui avec le coude dans le cercle, mais pour JTA le mot “coude” signifie apparemment “doigt”. Le kangourou des Warriors enfile ensuite le maillot de Jason Richardson et tente de reproduire l’un de ses dunks signature, mais il reproduit plutôt le dunk signature de Jason Richarsson, un footballeur danois ou quelque chose comme ça. Ou plutôt il ne le reproduit pas car toutes ses tentatives échouent, bref, bref, bref… Au final Obi Toppin remportera bien le concours en ayant passé un ou deux gros dunks, vraiment hein, mais comme un baryton dans un orchestre composé uniquement de chanteurs de metal, ce n’est absolument pas la performance d’Obi que l’on retient aujourd’hui.
Une purge, littéralement. Vite, NBA, fais quelque chose et sauve-nous de la noyade, sauve ce concours de sa propre perte à laquelle il court. Interdis les accessoires, bannis Jalen Green à vie, fais quelque chose. Nous ? On n’avait même pas envie de vous montrer les images, un peu comme si Gordon Hayward s’était mis la cheville en Z, mais on va quand même le faire. Comment on dit déjà ? Ah oui : “j’ai vu alors tu vas voir”.