Fred VanVleet, mais quelle histoire : retour sur un parcours pas comme les autres, un parcours qui l’a mené jusqu’au All-Star Game
Le 20 févr. 2022 à 11:37 par Remy Guerre Chaley
Alors âgé de seulement 5 ans, le jeune Fred VanVleet vit, déjà, un premier traumatisme. Son père décède des suites de blessures par balle et s’en suit, forcément, une enfance chamboulée, laquelle va lui forger un mental d’acier. Passant par des moments difficiles à l’université il se frayera ensuite un chemin jusqu’à la NBA et malgré des débuts compliqués il atteindra jusqu’alors sa plus belle prouesse individuelle jusque-là, celle de décrocher sa première sélection All-Star. Retour sur la carrière d’un joueur pas comme les autres.
Le jeune Fred VanVleet naît en 1994 à Rockford, Illinois. Il grandit dans une famille amoureuse du basket, notamment grâce à son père absolument addict de la balle orange, une passion qu’il transmettra au fiston mais attention, rien ne prédestinait Fredo à devenir le bonhomme qu’il est aujourd’hui. En effet, en 1999, la famille VanVleet vit un évènement tragique. Lors d’un deal de drogue qui tourne mal, Fred Manning (le père de Fred VanVleet) se fait tirer dessus et les balles auront raison de lui puisqu’il meurt sur le coup. Cet évènement marquera un tournant dans l’esprit du Raptor. Son père aurait pu jouer au basket à haut niveau mais la drogue a pris le pas sur le sport et a foutu en l’air sa vie, au propre comme au figuré. Et Fred ne veut pas suivre la même voix.
“Mon père était l’exemple vivant de ce genre d’histoire. C’était un gars de 2 mètres, il aurait pu être plus que ce qu’il était. Mais en un claquement de doigts il est parti. J’en ai eu marre d’entendre toutes ces histoires de ‘ce type aurait dû réussir mais il avait dix enfants’. Ou alors ‘ce gars aurait pu aller en NBA mais il a commencé à vendre de la drogue’. Je ne voulais pas qu’il y ait un ‘mais…’ attaché à mon histoire. Je ne voulais pas être une personne de plus dans ce cas-là. » – Fred VanVleet
À partir de ce moment-là, l’homme au nom de cycliste hollandais va consacrer sa vie au basket, et un homme va l’aider très fort pour continuer dans cette direction : son beau-père Joe Danforth, officier de police et ancien de l’US Army, autant dire que ça ne mouftait pas chez les VanVleet. Avec joli papa ? C’était debout à 5 heures du matin pour parfaire son jeu et Joe l’a pris sous son aile pour qu’il devienne le meilleur joueur et la meilleure personne possible, dans le but de lui offrir un meilleur destin que son père, surtout que le voisinage des Danforth / VanVleet était alors gangrené par des gangs comme les Vice-Lords ou les Wacos,
“Tu ne vas pas t’asseoir et être un bon à rien. Tu ne vas pas être dans la moyenne. Tout le monde peut être moyen. Tu vas devenir quelqu’un.” – Joe Danforth à Fred VanVleet
“Il pouvait être si méchant. Il faisait claquer le fouet sur moi et mes frères, et je ne comprenais pas toujours. Je voulais juste être un enfant. Je ne souriais probablement pas beaucoup à l’époque.” – Fred VanVleet
Le traitement qu’a subi le sosie de Drake n’a visiblement pas été simple à vivre. De prime abord, le comportement du beau-père peut paraître relativement dictatorial, mais l’éthique de travail qu’il a imposé aux gamins VanVleet aura finalement payé. En 2012, notre héros du jour intègre l’université de Wichita State, un cursus de 4 ans qui lui aura permis d’évoluer en tant que personne, de grandir en tant qu’homme dans un environnement difficile où le crime sévit à chaque coin de rue. Malgré le comportement parfois violent de son beau-père, il rapportait pourtant en 2014 qu’il était heureux de la manière dont se sont déroulés les choses.
“Il s’est avéré être une bénédiction. S’il n’était pas arrivé, qui sait ce qui me serait arrivé.” – Fred VanVleet à propos de son beau père
“C’est devenu un travail pour eux. Ils avaient vu beaucoup d’enfants avec un tel potentiel se faire aspirer par les gangs, la drogue ou autre. Ils ne savaient pas comment s’en sortir. – Susan VanVleet (mère de Fred) à propos de Wichita State
En effet, la fac de Wichita State a vu beaucoup de jeunes essayer de sortir de la misère, et le traitement apporté aux joueurs va donc en conséquence. En quatre ans passés là-bas, Freddy aura en tout cas démontré toutes ses qualités de basketteur. Malgré tout, petite université oblige, il ne se fera pas – encore – un nom aux États-Unis, son parcours ne faisant de lui qu’un bon joueur parmi d’autres, ce qui ne l’empêchera pas, malgré tout, de se présenter à la Draft 2016. Ne jamais rien lâcher. Désillusion à venir, aucune des trente franchises NBA ne le sélectionne, FVV n’a plus le choix : il va falloir rentrer par la petite porte, parfait du haut de ses 185 centimètres. Un tonnerre d’applaudissements désormais pour… les Raptors et leur pif énorme à la C.J. McCollum d’avoir osé signer un… futur All-Star en 2016. Du pif, car rien ne laissait envisager un tel avenir à l’époque.
Après une première saison en bout de rotation où il affichera une moyennes bien discrète de 2,9 points en 8 minutes de jeu, il commence néanmoins à prendre un petit peu plus d’ampleur lors de la saison 2017-2018 chez les Dinos de DeMar DeRozan et Kyle Lowry, où son rôle en sortie de banc va évoluer tel un Salamèche se transformant en Reptincel, alors que son parcours de vie aurait pourtant pu laisser penser qu’il reste au stade de sale éméché. 20 minutes de jeu pour 9 points par match, ça commence à donner quelque chose de sérieux, allez. Sa saison 2018-2019 sera à peu près similaire, enfin… presque. La saison régulière ok, on ne note pas une progression folle, mais ses Playoffs 2019 seront placés sous le signe du feu. L’histoire est en marche, pour la vie. Avant le Game 4 des Finales de Conférence face aux Bucks, Fred a autant d’ampleur que le feu d’un briquet ayant trainé trois jours dehors en plein hiver, avec des moyennes à donner des soucis de vues à un aveugle : 4 points par match, 26% au tir dont 20% du parking et 71% aux lancers. Puis un heureux évènement vient chambouler sa vie d’homme et, par extension, sa carrière de basketteur. En effet, le 20 mai 2019, Fred VanVleet devient père pour la première fois. Après cette nouvelle trop choupi ? Fred se transforme tout simplement en un incendie humain avec des moyennes qui passent à 15 points en 51/53/86. Reptincel est désormais devenu Dracofeu, et Dracofeu deviendra dans les semaines suivantes le premier Pokemon de l’histoire champion NBA.
Dès le début de l’exercice 2019-2020, Fred VanVleet est transfiguré, il n’est plus la même personne et il va envoyer du lourd. Et vas-y que ça te fout 20 pions tous les soirs facile Émile, çet vas-y que ça te distribue ses 6 passes décisives tranquilou Bilou. Ah oui, ça shoot aussi du parking à l’aise Blaise et le backcourt qu’il forme avec Kyle Lowry est l’un des plus chiants de la ligue puisque ça te prend 48 passages en force par soir. Jusque-là habitué du banc depuis le début de sa carrière (28 fois titulaires sur ses 177 premiers matchs en NBA), il ne connaîtra désormais que des titularisations, jusqu’à… ce dimanche. Parce que nous y voilà, aujourd’hui c’est All-Star Game et MONSIEUR Fred VanVleet va y connaître sa première sélection. Mérité x 1000 pour un petit bonhomme qui a traversé des moments tellement difficiles au cours de sa vie avant de devenir un franchise player dans la plus grande ligue au monde. Bet on yourself (parie sur toi-même) avait tweeté Fred VanVleet en 2016 au moment de sa (non) draft, et aujourd’hui cette phrase est plus que jamais d’actualité. Ce n’était pas gagné, loin de là même.
— Fred VanVleet (@FredVanVleet) February 4, 2022
Personne ne le voyait venir, sauf peut-être lui-même, mais aujourd’hui Fred VanVleet est All-Star. Le tragique décès de son père aura bouleversé sa vie puisque pour se sortir de la misère, le basket était une option plus que plausible. L’entrée dans sa vie de Joe Danforth aura tout changé, inscrire de la rigueur à ce gamin pour qu’il ne finisse pas entre les mains d’un gang eut été la mission de beau-papa, et le moins que l’on puisse dire c’est que la mission est plus qu’accomplie. Kiffe ta soirée mec, tu l’as telelment mérité.
Source texte : Forbes, Bleacher Report, The Athletic