Kristaps Porzingis et Dallas, un mariage qui a tourné court : la Licorne s’est perdue en chemin, retour sur les raisons d’un échec
Le 15 févr. 2022 à 11:25 par Alexandre Taupin
En transférant Kristaps Porzingis à Washington le soir de la trade deadline, les Mavs ont mis fin à l’ère Doncic-Porzingis dans le Texas. Le duo devait offrir un avenir doré à Dallas mais les mariages n’ont pas tous une fin heureuse. Retour sur les raisons qui ont abouti à un tel scénario.
Lorsque Kristaps Porzingis débarque du côté de l’American Airlines Center en février 2019, Mark Cuban pense avoir réussi son coup : “notre objectif est de les garder ici pendant 20 ans”. Entre Porzi (23 ans) et Luka (19 ans), le proprio des Mavs sait qu’il tient un duo à la fois jeune, extrêmement talentueux et avec une belle marge de progression. Le champion 2011 imaginait déjà un retour sur le devant de la scène en Playoffs mais, trois ans plus tard, c’est déjà l’heure de mettre fin à l’expérience, et d’une manière qui laisse peu de place au doute quant au succès de cette dernière. Alors que Brooklyn et Philadelphie procédait à un échange de stars, la Licorne était envoyée chez les Wizards contre… les restes de Spencer Dinwiddie et Davis Bertans. Une compensation qui a retourné pas mal de fans de la franchise mais qui montre surtout la valeur qu’avait le joueur dans l’esprit de ses dirigeants. Comment a-t-on pu en arriver là ? Lorsqu’il arrive à Dallas en février 2019, Porzingis est certes un joueur brisé par une énorme blessure mais c’est un All-Star de 22 ans qui a tout pour faire du sale dans la Ligue pendant facilement dix ans. Il a déjà prouvé aux Knicks qu’il avait la carrure d’un futur grand et la possibilité de lui associer Luka Doncic laisse entrevoir un tandem de choc qui peut détruire toutes les défenses. Un rêve qui ne deviendra jamais réalité. À qui la faute dans ce cas ?
La première cause semble facile à trouver : les blessures. Avec 134 matchs disputés en deux saisons et demie, la Licorne a confirmé sa réputation d’homme de verre. Difficile de trouver de la régularité et de passer un cap avec son compère quand on rate 1/3 des rencontres. Si Porzi a souvent eu du mal à retrouver le parquet, il n’a pas non plus toujours brillé lorsqu’il était sur celui-ci. Les chiffres n’ont rien de choquant en soi (20 points, 9 rebonds de moyenne sur son passage) mais l’impression visuelle était, elle, particulièrement explicite. Souvent limité à un simple rôle de spot-up shooteur par Rick Carlisle, Kristaps Porzingis n’a jamais retrouvé l’ancienne version de lui-même qui semblait promis à un avenir étoilé. Agacé par ce rôle secondaire, alors qu’il se voyait comme l’option A’, le Letton a parfois donné l’impression de jouer à l’envie. La différence entre ses Playoffs 2020 et 2021 est un bon exemple. Capable de claquer des perfs très solides des deux côtés du terrain dans la bulle pour finir avec une prestation désastreuse huit mois plus tard, le natif de Liepāja est capable du meilleur comme du pire. Malheureusement pour les fans, le pire sortait plus souvent du chapeau. Un contraste particulièrement marquant par rapport aux dingueries de son acolyte à la mène.
La relation Luka-Kristaps, justement, n’a jamais semblé si idyllique. Les premiers mois étaient évidemment marqués par des éloges de part et d’autre mais de l’eau a coulé sous les ponts depuis. Rien que sur le terrain, le fit ne semblait pas incroyable et les rapports à l’extérieur ne vendaient pas plus de rêve. Le premier avait compris qu’il ne pouvait pas compter sur son compère pour faire passer un cap à Dallas en Playoffs, le second jalousait probablement le rôle du meneur au sein de la franchise. Bref, pas de quoi imaginer une union à long terme. Un constat d’autant plus vrai qu’on imagine mal le GM de l’équipe trader Porzingis sans toucher un mot à Luka pour connaitre son avis. Est-ce que Nico Harrison aurait échangé le Letton avec le véto de Doncic ? No way, il est hors de question de froisser la pépite. C’est donc qu’il était possible de passer à autre chose l’esprit léger.
Maintenant, l’objectif pour Dallas est de réussir à retomber sur ses pattes malgré cet échec. L’arrivée de Spencer Dinwiddie et Davis Bertans n’enthousiasme personne mais ils pourraient être plus utiles que ce qu’on pourrait croire au premier abord. Ils ressemblent aujourd’hui à des contrats boulets mais ils seront plus faciles à refourguer que Porzi s’ils retrouvent quelques couleurs au sein du collectif texan. De plus, ils possèdent chacun une dernière année partiellement garantie qui effraiera moins les GM pour un futur deal. Aujourd’hui, le trade semble peut-être perdu mais d’ici quelques mois, voire dans un an, on pourrait avoir un avis bien différent.
Kristaps Porzingis et les Mavs, c’était une histoire qui semblait partie pour durer mais le mariage a tourné court et la franchise a préféré prendre une autre voie. Qu’il semble loin l’époque où Dallas voyait son duo d’Européens l’emmener sur le toit du monde.