C’est la fin de l’ère Damian Lillard – CJ McCollum : 9 saisons passées sur le même backcourt, pour le meilleur et pour le pire
Le 08 févr. 2022 à 19:15 par Arthur Baudin
Tirage de rideau, refermez les écoutilles et larguez les souvenirs, c’en est terminé du binôme Damian Lillard – C.J. McCollum. Après 9 saisons passées à se partager le backcourt de Portland, les deux compères empruntent pour la première fois de leur carrière des chemins différents. Le meuble reste – pour l’instant – et son tournevis se fait la malle en Louisiane.
Parmi les plus emblématiques binômes de ces dernières années en NBA, la paire Damian Lillard – C.J. McCollum tope haut dans la liste. Draftés à une saison d’intervalle – 6ème choix de la Draft 2012 pour Dame, 10ème choix de la Draft 2013 pour Djibril Cidjé – les deux têtes à penser de l’Oregon cohabitaient sur le backcourt de l’Oregon depuis maintenant 9 saisons. C’est terminé. Ce mardi, C.J. McCollum a été envoyé à New Orleans contr… C.J. McCollum a été envoyé à New Orleans. Du monde part avec lui, d’autres silhouettes arrivent en échange, là n’est pas le sujet. L’heure est au tirage de bilan, au coup d’œil dans le rétro. En 9 saisons, Dame et son arrière ont partagé bien plus qu’un ballon. On reprend.
Nous sommes le 27 juin 2013. Sous les projos du Barclays Center de Brooklyn, C.J. McCollum – jeune meneur des Hawks de Lehigh Mountain – attend sagement son tour. Appelés avant lui, Anthony Bennett, Victor Oladipo, Otto Porter, Cody Zeller, Alex Len, Nerlens Noel, Ben McLemore, Kentavious Caldwell-Pope et Trey Burke grimpent sur l’estrade pour y empoigner Adam Silver. Le casting est foireux à souhait, mais ça, on ne le sait pas encore. « For zi ten pick of zi two fasande and feurtine NBA Draft, the Portland Trail Blazers select, C.J. McCollum from Lehigh University ». Mission réussie pour Neil Olshey qui apporte un complément de backcourt au jeune Damian Lillard, ainsi qu’une certaine garantie de Playoffs à LaMarcus Aldridge. Avec une solide base de role players que sont Nicolas Batum, Wesley Matthews et Robin Lopez, la saison s’annonce choupinette. D’un exercice 2012-13 et son bilan de 33 victoires pour 49 défaites, les Blazers tapent un giga bond jusqu’à prendre la 5ème place de la Conférence Ouest à l’issue de la régulière 2013-14. Peu de traces du jeune C.J. McCollum cependant, qui s’est fracturé le pied en début de saison avant de filer piger en D-League (ancien blaze de la G League). En Playoffs, Portland passe le premier tour grâce au légendaire buzzer envoyé par Dame sur les Rockets de la paire James Harden – Dwight Howard. Même si les Spurs renverront par la suite l’escouade de Terry Stotts couper du bois dans l’Oregon (4-1), l’avenir de Portland s’écrit en lettres dorées.
La saison 2014-15 est anecdotique. Dans l’ombre d’un Damian Lillard sélectionné au All-Star Game pour la deuxième fois consécutive, C.J. McCollum progresse et participe à 62 matchs – 3 en tant que titulaire – pour des moyennes de 6,8 points, 1,5 rebond et 1 assists à 44% au tir dont 40% à 3-points, le tout en 16 minutes de jeu. Ce n’est pas encore dingue mais l’arbalète se règle, en attendant un exercice 2015-16 époustouflant. Les Blazers réatteignent les demi-finales de conférence en dégustant les Clippers de Blake Griffin, Deandre Jordan et Chris Paul (4-2). L’équipe de Terry Stotts commence à ressembler à ce qui se fait de mieux dans l’Oregon : plus de LaMarcus Aldridge, plus de Nico Batum, mais Damian Lillard et C.J. McCollum entouré de valeureux soldats dévoués à la cause. Des mercenaires prêts à distribuer des châtaignes sous le cercle pour faire briller leurs extérieurs. Autrement dit, Al-Farouq Aminu et Moe Harkless joue à Portland. En complément de Dame donc, C.J. McCollum sort d’une saison régulière à 20,8 points, 3,2 rebonds, 4,3 assists et 1,2 interception à 45% au tir dont 42% à 3-points. Il tope au passage le trophée de Most Improved Player, lui qui a quitté sa zone d’ombre avec toute l’adresse qu’on ne lui connaissait pas encore. Les Warriors vont sécher Portland au second tour (4-1), un revers resté anecdotique et peu discuté dans les livres d’histoire. L’important est ailleurs : dans l’affaire Blazers, Damian Lillard a un nouvel associé.
Les saisons 2016-17 et 2017-18 sont celles du rodage. Deux éliminations au premier tour des Playoffs – une première fois contre les Warriors (4-0), une seconde face aux Pelicans (4-0) – grossissent les traits d’une affaire dont seuls les individualités voient le jour. Lors de l’immense désillusion face à la Louisiane d’Anthony Davis, C.J. McCollum sort une série à 25,3 points, 2 rebonds, 3,5 assists et 1,3 interception à 52% au tir dont 42% du parking. Mais c’est ailleurs que fuit la carlingue de Portland : Damian Lillard tire à 35% de réussite sur les 4 matchs. Malgré un bon Jusuf Nurkic dans la peinture, le backcourt de Portland est branché sur courant alternatif. Cela fait maintenant 5 saisons que C.J. et Dame coordonnent mal leurs festivités personnelles, à quand le déclic ?
« On jouait notre meilleur basket puis on a eu un coup d’arrêt juste avant de rentrer en Playoffs. Et c’est là qu’eux (les Pelicans, ndlr) ont commencé à jouer leur meilleur basket. Je pense que ça compte. Quand tu arrives en Playoffs, tu dois être en forme et comprendre que c’est toute la saison qui est en jeu. Sur ce point, ils nous ont battu. » – Damian Lillard, pour l’Oregon Live
We often rave about how great Damian Lillard and CJ McCollum as players. But what about their toughness / durability?
Since entering the NBA, Dame has played in 94.9% of his 658 games.
Since becoming a starter in 2015-16, CJ has played in 95.3% of his 408 games.
That’s heart. pic.twitter.com/BJvYA4eBNa
— Rip City Project (@ripcityproject) July 13, 2020
Il faut du neuf, il faut repartir à zéro. Les têtes ont pris un coup à l’issue de cette élimination face aux Pelicans, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Blazers ont appris de leurs erreurs. La régulière 2018-19 de Portland est somptueusement réussie avec un bilan de 53 victoires pour 29 défaites. Il y a du Seth Curry, du Enes Kanter, toujours Al-Farouq Aminu, Moe Harkless et Jusuf Nurkic. On observe même un soupçon de Gary Trent Jr. en fond de banc. La cerise ? Les Playoffs. Une campagne passée à la postérité lors de laquelle les Blazers vont gifler la quasi totalité de la Conférence Ouest. Primo, le Thunder repart de Portland avec l’un des plus beaux buzzer de l’histoire dans la caboche (4-1). Sur la série, le backcourt affiche une magnifique complémentarité : 33 points de moyenne à 48% du parking pour Dame, 24,4 points à 45% à 3-points pour Cidjé. Bis repetita lors du second tour contre Denver (4-3) lors duquel les deux compères vont littéralement salir les extérieurs de Nikola Jokic : 25,4 points pour Lillard, 26,4 points à 46% au tir signés McCollum. Le dernier nommé sort même un Game 7 à 37 points, fossoyeur des Nuggets.
Le Game 7 de CJ McCollum à Denver en 2019… c’était inoubliable 🙏pic.twitter.com/h7DIfb2Gmb
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) February 8, 2022
En Finale de Conférence Ouest ? La bête noire. Les Warriors se dressent devant la meilleure équipe que Portland ait affiché depuis… très longtemps. Malheureusement, le duo C.J. McCollum – Damian Lillard touche son plafond et les Dubs de Steph, Draymond Green et Klay Thompson passent le coup de balai dans l’Oregon (4-0). Sur les deux saisons suivantes, les Blazers trébuchent à chaque fois au premier tour des Playoffs. Les belles années sont passées, leur chance est derrière eux. Le Cidjé ne joue que 83 matchs en deux ans, la faute à quelques pépins bien coriaces : un pneumothorax droit en décembre dernier, la cheville, le pied gauche, toussa toussa. Le changement était devenu inévitable. En ce mardi 8 février 2022, le backcourt de Portland a rendu les clés de la colloc’. Adviendra que pourra dans leur carrière respective, en attendant, C.J. McCollum et Damian Lillard resteront liés. Peu importe ce qui les oppose. Peu importe ce qu’ils n’ont pas accompli.
Clap de fin sur l’un des duos les plus clinquants de ces dernières saisons NBA. Dans l’Oregon, l’heure est au dépoussiérage des meubles et à la restructuration d’effectif. L’avenir ne ressemblera pas au passé, mais les souvenirs restent. C’est tout ce qui compte.