Rudy Gobert x Hassan Whiteside : le tandem part de loin, mais jusqu’où leur association peut-elle aller cette année ?

Le 14 oct. 2021 à 12:17 par Corentin Dimanche

montage gobert witeside
Source : montage TrashTalk

Il est de ces duos NBA qui détonnent par leur composants, des mecs que l’on n’aurait jamais imaginés bras dessus bras dessous. On peut notamment penser à Joel Embiid et Dédé Drummond chez les Sixers, Dennis Rodman et Michael Jordan à l’époque, Rajon Rondo et Russell Westbrook sous le soleil de L.A. et donc… Hassan Whiteside et notre Rudy Gobert national. Les deux pivots du Jazz ont toujours été rivaux et doivent aujourd’hui partager le même vestiaire, cohabitation incertaine selon nous, mais apparemment aujourd’hui évidente et plaisante selon les intéressés.

Lorsque la Woj BombHassan Whiteside has agreed to a deal with the Utah Jazz” est tombée le 4 août dernier, la planète basket a buggé pendant quelques instants. En effet, l’ancien pivot du Heat à la sombre réputation, au tempérament sanguin et à l’ego plus gonflé que ses gros bibi rejoignait alors l’une des franchises les plus calmes et discrètes de la Ligue, le tout dans un marché que l’on pourrait qualifier, au mieux, de quelconque et moyen. Les identités d’Hassan et du Jazz sont totalement aux antipodes et pour couronner le tout, le fit avec Rudy Gobert dans la raquette est plus que soumis au doute. Au cours de leur carrière, les deux pivots culminent par exemple à un magnifique total de huit tirs 3-points plantésau total – tous pour Whiteside, Evan Fournier gagnant toujours son pari jusqu’ici – et peuvent tous deux être définis comme des rim-runners, spécialistes de la défense avec un apport offensif inexistant au-delà de 80 centimètres du panier. Mais alors, comment faire cohabiter deux pivots défensifs aux poignets en apparence plus carrés que le pied de Valère Germain devant les cages, et qui par-dessus le marché ont un passé tumultueux aux douces odeurs de trashtalking ? Car oui, depuis des années, la paire d’intérieurs s’affronte régulièrement et s’est échangée quelques mots doux à plusieurs reprises. On était donc clairement en droit de s’interroger sur tout ce tintouin, mais Sassan nous a vite rassuré en promettant très vite de beaux efforts pour s’intégrer au groupe et venir en paix au pays des Mormons.

“Il n’y a pas de rivalité ou quoi que ce soit. C’est juste de la compétition. Au bout du compte, je suis toujours heureux de voir un autre big man réussir en NBA. […] C’est simplement l’esprit de compétition.” – Hassan Whiteside

Sauf que c’est bien mignon ces jolis mots pleins d’espoir, mais le nom Whiteside est bien connu à travers les States pour être celui d’une forte personnalité qui n’aligne pas toujours ses paroles et ses actes. Réputé pour avoir des stats des dizaines de fois plus impressionnantes que son réel impact des deux côtés du terrain – qui se révèle d’ailleurs souvent négatif -, le spécialiste de la bâche puissante ne fait pas partie des joueurs à qui l’étiquette de bon coéquipier est greffée. Mais alors allait-il réellement tenir sa promesse ? Et bien il semble que la question elle est vite répondue comme dirait l’autre. En effet, il semble que nouvelle franchise égal nouveau départ pour monsieur Côtéblanc qui aurait déjà fait la paix avec notre Tour Eiffel national, et les deux nouveaux potes passeraient même déjà du bon temps sur ET en dehors des parquets. Le respect semble même mutuel puisque notre triple Défenseur de l’année ne tarit pas d’éloges pour son ancien rival et voit déjà les bienfaits du recrutement d’une telle carcasse en guise de back-up à chaque match, mais aussi en partenaire d’entraînement.

« On essaye de se pousser à devenir meilleurs l’un et l’autre. Pour Hassan, avoir quelqu’un qui le pousse chaque jour et pour moi avoir quelqu’un qui me pousse aussi, je pense que c’est quelque chose qui va nous permettre de progresser au fil de la saison. […] Tout va être plus facile en match car nous sommes probablement les deux meilleurs protecteurs de cercle de la Ligue actuellement. C’est un privilège, un luxe de nous avoir tous les deux dans la même équipe ». – Rudy Gobert selon Deseret.com

Hassan Whiteside, on his practice battles with Rudy Gobert: “We beat the hell out of each other during the day, and then we play Call of Duty together at night.” pic.twitter.com/B85sRF8skb

— Eric Walden (@tribjazz) October 10, 2021

Ah ouais d’accord donc la hache de guerre est enterrée aussi vite ? Plus besoin de s’inquiéter pour la survie de la Vivint Smart Home Arena qui ne s’effondrera donc pas sous les échanges de mandales quotidiens sous le panier mais plutôt sous les fous rires des géants ? Bien heureux et talentueux celui qui aurait parié sur ce dénouement, mais nous on ne l’aurait pas fait. Alors ok c’est bien mignon de transpirer à grosses gouttes la journée et de tuer des dizaines de zombies la nuit, mais ça n’a rien à voir avec le parquet et la bonne tenue de leur association dans l’effectif. On laissera de côté le chauvinisme, la confiance personnelle légitime et les louanges (beaucoup trop) excessives Rudy pour son nouveau bras droit pour se focaliser sur la belle cohésion qui semble être en train de se créer. Donc l’entente personnelle c’est bon c’est check, mais quid du fit et de l’intégration d’Hassy aux côtés de Gobzilla ? Comme on l’a déjà dit, les deux pivots ont un profil plus que similaire et ne sont aucunement complémentaires. Si le tandem est sur le parquet en même temps, le cercle du Jazz sera probablement le mieux protégé de l’histoire du basket, mais on risque surtout de voir Donovan Mitchell forcé d’enchaîner les bombes de 12 mètres tant la raquette adverse sera bouchée par nos deux pivots aussi bons shooteurs que Ben Simmons. Et ce n’est clairement pas en tenant tête à un vieux Dwyane Wade lors d’un petit concours à 3-points improvisé que les deux intérieurs vont soudainement se transformer en Big Splash bros pour toute la saison.

Il est donc nécessaire que mister Blancheface accepte de devenir le back-up officiel de la tour de contrôle française universellement reconnue comme bien meilleure que lui. Sauf que le nouveau Jazzman est réputé tête de mule et assez égocentrique donc… donc c’est foutu d’avance. Non ? Non. Car comme il l’a montré dans ses déclarations, le grand dadet est prêt à faire des concessions et cerise sur le gâteau pour Quin Snyder, il s’est déjà habitué à sortir du banc à Sacramento cette année. En effet, en doublure de Richaun Holmes chez les Rois de la loose, HW n’a été titu qu’à quatre petites reprises sur ses 36 rencontres disputées et n’a pas fait de réelles vagues perturbantes tout au long de la saison, preuve de sa redescente de son petit nuage de joueur surconfiant. Logiquement, Count Blockula vient prendre la place de Derrick Favors qui jouait en moyenne 15 minutes derrière Rudy et vous voulez savoir quelque chose d’intéressant ? Et bien notre grand touffu jouait… 15 minutes derrière Richaun Holmes. C-Q-F-D cher lecteur. Whiteside devrait parfaitement rentrer dans le moule de D-Fave en acceptant sa dizaine de minutes quotidienne à bouger sa grosse carcasse bien épaisse dans la raquette sans broncher comme il a montré en être capable cette année. Le coach n’aura donc qu’à faire ses changements Whiteside / Gobert et Gobert / Whiteside et d’un coup de baguette magique, le tour sera joué, enfin… tant qu’il n’oublie pas de s’adapter lorsqu’il affronte les Clippers, tout devrait théoriquement bien se passer. En plus, notre homme changé semble clairement être là pour la gagne et l’odeur de la bague semble plus que le motiver à faire tout ce qu’il faut pour redorer son blason en ajoutant l’étiquette “champion NBA” à son palmarès.

« Le but pour moi c’est de retourner en Playoffs. […] Le Jazz a une vraie chance de gagner un titre, et c’est une des raisons pour lesquelles je voulais venir ici. » – Hassan Whiteside

Reste désormais à voir comment tout cela va se transcrire dans la vraie vie mais il y a définitivement de quoi être confiant. Au pire si le projet Hassan échoue, coach Snyder pourra se rabattre sur ses jeunots Azubuike et Bolden pour boucher les trous. Allez Rudy on compte sur toi pour que ça se passe comme sur des roulettes car Whiteside ne sera peut-être au final pas tout blanc, un jeu de mots incroyable pour conclure.