Nicolas Batum, le plaisant comeback : un passage à vide et Nico est redevenu Batman, demandez donc à Klemen Prepelic ce qu’il en pense

Le 12 oct. 2021 à 12:11 par Giovanni Marriette

Nicolas Batum 5 août 2021
Source image : FIBA - TrashTalk

On l’a connu en perdition à Charlotte, relégué en bout de banc puis rendu à un rôle d’assistant-coach payé comme un franchise player. Il y avait eu les blessures, évidemment, l’âge qui grandit jour après jour, sans blague, et le statut de Nicolas Batum avec les Hornets posait question, ainsi que la suite de sa carrière NBA, forcément. Puis il y eut le rebond, un bon de sortie offert par MJ, l’étalage de son salaire sur plusieurs années et donc cette signature en tant que joueur libre chez… les Clippers, au milieu des All-Stars et des étoiles hollywoodiennes. Rétrospectivement ? Quelle bonne idée.

Quelle bonne idée, car si à l’annonce de la signature les sobriquets franco-français faisant allusion à son rapport qualité/prix à Charlotte laissent place à une réputation de ring chaser, très vite Nicolas Batum va montrer qu’il n’est pas venu là pour balayer l’arrière-cour de la bijouterie. La première surprise ? Nico est… titulaire, aux côtés de Paul George et Kawhi Leonard, utilisé comme poste 4 et comme capitaine d’une défense comptant pourtant quelques spécialistes. Un opener discret face à ses nouveaux voisins de L.A. et 13 points, 10 rebonds et 4 passes deux jours plus tard, c’est officiel Nico a retrouvé la joie de jouer au basket et c’est toute une franchise qui se frotte les mains. Le nouveau rôle du n°33 de Tyronn Lue ? Défendre le fer, jouer les guides spirituels dans un roster pourtant compliqué sur le papier (Kawhi dira notamment de lui qu’il est le joueur le plus écouté dans le vestiaire), et accessoirement faire de tout et plutôt très bien, des deux côtés du terrain. Petite cerise sur le Batum, Nico est également devenu l’un des artificiers en chef des Clippers, transformant une bonne partie de ses tentatives extérieures en bucket bien salé, avec au final un pourcentage du parking (40,4%) qui en dit long sur son efficacité et qui plus est sur un volume intéressant.

Longtemps titulaire donc, imperturbable, et pas plus gêné quand T-Lue lui demandera de sortir du banc au retour de Marcus Morris. Nico garde son apport mais augmente cette fois-ci le level de la second unit, turbinant entre 25 et 30 minutes par match, tous les soirs. Bizarrement on ne parle plus d’argent, on ne parle plus de manque de motivation, on ne parle plus de braquage à la normande. Les Clippers avancent sans peine avec leur vétéran gaulois jusqu’en Playoffs, des Playoffs lors desquels Nico se mettra une fois de plus au diapason de son équipe, une équipe qui échouera aux portes des Finales NBA après être tombée, sans Kawhi Leonard, les armes à la main contre l’ancien boss de la franchise Chris Paul. Une postseason à 10 points et 6 rebonds de moyenne mais des FDC terminées complètement rôti, faut comprendre hein, et un exercice global réussi, très réussi, avec des moyennes so Batum de 8,1 points, 4,7 rebonds, 2,2 passes, 1 steal et 0,6 contre mais, surtout, ce statut retrouvé de mec que toute franchise rêverait d’avoir dans son roster. Et ça, après la traversée du désert de 2020, il fallait le voir venir, et lui-même en est d’ailleurs conscient :

“En novembre dernier, si quelqu’un m’avait dit que je jouerais encore au basket fin juin, que je jouerais pour quelque chose de grand en étant SUR le terrain, je n’y aurais pas cru. Je n’étais pas très bien mentalement et quand je vois où j’en suis maintenant, c’est incroyable. Je ne remercierai jamais assez la franchise des Clippers pour m’avoir donné une chance de redevenir un joueur de basket.

“C’était une année spéciale. J’ai toujours du mal à y croire pour être honnête. […] Je me suis surpris un peu moi-même. Quand vous commencez à écouter tous les bruits extérieurs, vous commencez à vous demander si vous êtes vraiment fini. Le fait de revenir, de bien jouer et d’être dans une équipe qui joue quelque chose, j’étais un peu surpris, je me disais, ‘peut-être que je ne suis pas si mauvais en fait, je ne suis pas fini’. Peut-être que les gens avaient tort me concernant, et peut-être que je m’étais trompé sur moi-même.”

Résultat des courses ? Un été… qui n’en sera que plus beau. En NBA d’abord puisqu’après avoir été dragué par environ quarante-douze franchises Nico re-signera finalement pour deux ans avec les Clippers, puis à Tokyo évidemment, où ce grand maboule rentrera ensuite dans la grande Histoire de France en enchainant notamment une masterclass en quarts de finale face à l’Italie et, surtout, cette performance monumentale en demi face à la Slovénie, symbolisée par le contre le plus clutch de sa vie et de toute la France du basket par la même occasion. “Récompense” logique pour une saison de rédemption, récompense logique pour un mec qui n’est pas ce que l’on disait de lui depuis un an, récompense pour un mec qui mérite tout ce qui lui arrive et qui n’en a donc pas fini avec la NBA loin de là.

C’est ça aussi la NBA, c’est ça aussi le sport. Des destins aux sentiers tortueux, faits de downs pour mieux rebondir. Reculer pour mieux sauter, hiberner quelques mois pour revenir toujours plus affamé mais au bout du compte, seules les légendes s’en sortent aussi bien, peut-être car Nicolas Batum en est une, une foutue légende du basket français. 


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