Pourquoi les Cavs ont-ils récupéré Lauri Markkanen, et qu’est-ce que cela indique pour la saison à venir à Cleveland ? 

Le 28 août 2021 à 14:51 par Bastien Fontanieu

Lauri Markkanen
Source image : NBA League Pass

Ce vendredi, les Cavs ont fait l’actualité aux côtés des Bulls et des Blazers en récupérant Lauri Markkanen dans un transfert à trois équipes. Immédiatement après l’annonce de ce trade, plusieurs sourcils se sont froncés en se penchant du côté de Cleveland. Pourquoi ce transfert ? Et qu’est-ce que cela peut signifier pour la saison à venir ? Posons les premières réponses, calmement.

Kevin Love, Lauri Markkanen, Evan Mobley, Jarrett Allen.

Qui reste, qui bouge, qui a quel rôle et quelle logique derrière cette rotation actuelle ? Voilà une question, parmi tant d’autres, qui occupe l’esprit des fans de l’Ohio et des autres observateurs extérieurs à l’heure actuelle. Il est clair que, sur le papier, l’obtention de Markkanen et la signature du Finlandais sur un contrat long-terme (4 ans, 16 millions par saison) a de quoi interroger du monde. En effet, lorsqu’on vient de prolonger Jarrett Allen cinq ans à 100 millions de dollars et qu’on vient de drafter un intérieur qui aura besoin de temps de jeu dans la raquette, réaliser ce type de mouvement semble bizarre. Mais il est important de prendre la réalité complète du management de Cleveland en compte, et les prochaines semaines à venir, pour mieux capter une telle décision.

Premièrement, le dossier Kevin Love.

Comme de nombreux fans de basket l’ont vu ces derniers jours, les Cavs et le vétéran champion en 2016 sont actuellement en discussion pour réaliser un buy-out, ce qui permettrait à Love de faire sa vie ailleurs et à Cleveland de se débarrasser – enfin – du barbu formé à UCLA. Il ne semble donc pas y avoir de scénario, du moins aujourd’hui en voyant les murmures qui défilent dans l’Ohio, dans lequel Love est présent avec les Cavs au camp d’entraînement qui démarrera dans un peu moins d’un mois. La piste la plus probable, c’est que Love soit libéré par son équipe, qu’il aille signer chez un contender et que JB Bickerstaff puisse coacher son équipe sans avoir à faire avec les hauts et les bas apportés par Kevin dans sa rotation. Il n’y aura donc pas Kevin Love et… le fils de Kevin Love version finlandaise dans la même équipe, un stretch-4 à la belle chevelure qui défend grand maximum un lampadaire sur pick and roll. Ce serait particulièrement illogique, et contraire aux bruits actuels, de voir cela se produire. Cleveland a beau avoir essayé de transférer Love, on devrait plus se retrouver sur un scénar à la Blake Griffin des Pistons qu’autre chose.

Mais alors – deuxièmement – pourquoi prendre Love bis, et le signer sur 4 ans ?

Sportivement, lorsqu’on regarde la rotation intérieure des Cavs et qu’on se penche sur les joueurs uniquement, il y a de quoi tiquer. Et comme on en parlera en détail un peu plus bas, Markkanen, Mobley et Allen ont tous besoin de minutes pour s’exprimer. Mais il est nécessaire de parler sportivement… en se penchant sur la franchise au global plutôt que les joueurs à proprement parler. Les Cavs veulent être compétitifs cette saison, visant le play-in tournament tout en développant leurs jeunes joueurs. C’est ce qui explique, notamment, le fait que Collin Sexton n’a pas été transféré cet été. Membre de la Draft 2018 qui a vu plusieurs garçons prendre leur gros chèque ce mois-ci (Doncic, Young, Shai), Sexton est un bon joueur à son poste et le retirer de l’effectif aurait été un pas en arrière d’un point de vue sportif et des ambitions de la franchise pour la saison à venir. Dan Gilbert et Koby Altman ont été clairs, et plusieurs sources autour des Cavs jouent la même partition depuis plusieurs semaines : il faut que Cleveland aille chercher le Top 10 de l’Est, ce qui demande un effectif rempli de talent et capable de contribuer d’octobre à avril prochain. On peut notamment prendre l’exemple d’Atlanta la saison dernière, et de cette intersaison 2020 qui avait soulevé pas mal de questions sur la planète basket. Pourquoi signer Danilo Gallinari, alors que tu as déjà John Collins au poste 4 et des jeunes à développer ? Si Gallo a évidemment 100 fois plus d’expérience que Markkanen et que les dossiers sont très différents, l’Italien représente et a représenté pour les Hawks un point clé pour n’importe quelle équipe visant le haut du tableau : avoir une réelle profondeur d’effectif. On peut donc voir la signature de Lauri ainsi, l’ajout d’un joueur de talent, fort, capable de maintenir le groupe compétitif s’il y a un blessé, et qui augmente offensivement le niveau global des Cavs.

Du coup – troisièmement – comment faire jouer tout ce beau monde ?

Une fois que l’on se sépare de Larry Nance Jr et qu’on libère Kevin Love, regarder le secteur intérieur des Cavs n’est pas la plus belle des expositions visuelles de l’ère moderne. Jarrett Allen, Evan Mobley, Lauri Markkanen et…? Hormis les flèches de Dean Wade, pas grand chose à se mettre sous la dent. Ce sont donc 96 minutes (48 minutes pour un pivot, 48 minutes pour un ailier-fort) qui seront départagées entre les trois lascars, offrant au passage une certaine flexibilité à Bickerstaff et son coaching staff. S’il faut jouer mobile et défensif, insérez Allen et Mobley. S’il faut jouer mobile et offensif, insérez Mobley et Markkanen. S’il faut affronter des grands avec un peu d’expérience et qui vont soulever n’importe quel intérieur maigrelet, insérez Allen et Markkanen. Et s’il y a un pépin physique chez un des trois ? Cleveland n’aura pas à demander à un videur de boîte random de tenir 15-20 minutes par match sur un contrat de 10 jours. C’est sur cette base que le camp d’entraînement va se poser, et c’est aussi dans la compétitivité interne que la franchise de l’Ohio souhaite se développer. Ce n’est pas comme si, il y a deux ans, les Cavs avaient drafté un petit guard pas défensif ayant besoin du ballon dans ses mains (Darius Garland), pour le mettre à côté d’un… petit guard pas défensif ayant besoin du ballon dans ses mains (Collin Sexton). La bataille interne a élevé le niveau de ces deux jeunes, et aujourd’hui Cleveland peut se considérer en position de force à la rentrée pour affronter plusieurs back-courts de talent.

Mais alors – pour finir – tout va bien dans le meilleur des mondes ?

Non, forcément, il y a des éléments qui vont continuer à travailler le staff et les fans de la franchise. Dès que Markkanen va avoir trop de temps de jeu, nombreux seront ceux qui vont hurler qu’on ne drafte pas un talent en pick 3 pour le freezer sur le banc. Dès que Mobley et Allen vont devenir le frontcourt titulaire officiel de la franchise, quel que soit le temps que cela prendra, nombreux seront ceux qui vont hurler qu’on ne paye pas 16 millions un Finlandais qui traîne une remorque en défense. Et on ne rappellera jamais assez que ce travail est dans les mains de JB Bickerstaff, un coach qui n’a pas non plus révolutionné sa profession et rassuré ses managers au fil des années. Donc oui, il y aura du challenge, c’est inévitable. Mais ce challenge est au moins en lien avec la dynamique interne à Cleveland, qui est celle d’aller chercher le play-in tournament et appendre aux jeunes qu’on se développe aussi… en gagnant des matchs. Ce que les Cavs n’ont pas trop fait depuis le départ de LeBron.

En attendant le buy-out de Kevin Love, le camp d’entraînement des Cavs promet d’être intense cette année. Compétitivité à l’intérieur, jeunes qui doivent faire leurs preuves, objectifs dans le management, beaucoup d’ingrédients qui peuvent mener à de beaux résultats… ou à un casse-tête de plusieurs mois. Cleveland prend un pari, mais pour une raison logique : avoir des éléments de réponses après avoir vécu dans le flou depuis trois ans, sans vraiment savoir où aller.


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