La Draft NBA, cette science inexacte : les plus grandes pépites ne se trouvent pas toujours aussi haut qu’on le croit
Le 28 juil. 2021 à 12:20 par Nicolas Meichel
Plus qu’un jour. Un jour avant la grande cérémonie de la Draft NBA 2021, composée de plusieurs prospects très séduisants qui pourraient bien devenir les futures stars de notre Ligue préférée. Mais la Draft, ce n’est pas uniquement le Top 5 ou le Top 10. On a deux tours pour 60 picks au total et parfois, les plus grandes pépites se situent plus loin dans la sélection, voire même très loin. Il n’y a qu’à regarder la liste des joueurs récompensés lors des NBA Awards 2021 pour s’en rendre compte.
MVP : Nikola Jokic, 41e choix de draft (2014)
Le plus gros steal de l’histoire de la NBA ? Il y a débat, mais Nikola Jokic a de sérieux arguments. Le pivot serbe, injouable tout au long de la saison, a logiquement décroché son premier titre de MVP en alliant perfs individuelles XXL et succès collectif avec ses Denver Nuggets. Un titre qui symbolise l’ascension exceptionnelle du Joker, que personne n’imaginait à ce niveau au moment de la Draft. Du 41e choix au statut de MVP, bonjour le grand écart. Pour info, jamais un joueur sélectionné aussi bas n’était reparti avec la plus prestigieuse des récompenses individuelles. Isaiah Thomas – 60e pick en 2011 – n’était pas passé loin d’un exploit encore plus fou en 2017, mais il avait fini cinquième. Enfin, pour votre culture perso, sachez aussi que seulement un autre joueur sélectionné au deuxième tour de la Draft a gagné le titre de MVP dans l’histoire. C’était Willis Reed, drafté en 1964 quand le premier tour contenait à peine… sept picks.
Défenseur de l’Année : Rudy Gobert, 27e choix de draft (2013)
Cela fait un moment que Rudy Gobert a déposé un brevet sur le titre de Défenseur de l’Année. Trois DPOY remportés sur les quatre dernières années, on commence à avoir l’habitude à force. Mais ce n’est pas pour autant qu’on doit oublier d’où il vient. Et Rudy vient de très loin. Le kid from Saint-Quentin a été sélectionné en toute fin de premier tour – avec le 27e choix plus précisément – par les Denver Nuggets en 2013, qui l’ont transféré dans la foulée au Jazz, dont il est devenu la pierre angulaire en défense. La preuve qu’on peut marquer l’histoire même en étant sélectionné bas. Rudy n’est désormais plus qu’à un DPOY du record all-time, détenu par Dikembe Mutombo et un certain Ben Wallace, qui n’avait lui tout simplement pas été drafté à sa sortie de l’université…
Rookie de l’Année : LaMelo Ball, 3e choix de draft (2020)
Le titre de Rookie de l’Année s’est joué cette année entre LaMelo Ball et Anthony Edwards, respectivement troisième et premier choix de la Draft 2020, avec au final une victoire du fils de LaVar. Pas de grande surprise donc et quand on dézoome, on voit que le titre de ROY est souvent réservé aux prospects sélectionnés dans le Top 5. Logique on a envie de dire. Mais comme la Draft n’est pas une science exacte, on peut aussi voir des mecs moins attendus se mêler à la course. Cette année par exemple, le jeunot des Kings Tyrese Haliburton a fait partie des finalistes et était même le favori en début de saison. Sa place à la Draft 2020 ? Douzième. On rentre doucement dans la catégorie “steal” là. Petit rappel aussi, en 2017, un certain Malcolm Brogdon avait remporté le titre de ROY après avoir été drafté en 36e position.
Sixième Homme de l’Année : Jordan Clarkson, 46e choix de draft (2014)
Le titre de Sixième Homme de l’Année est peut-être plus ouvert aux picks tardifs étant donné que les premiers choix de draft sont théoriquement des titulaires en puissance. Mais quand même, voir un mec sélectionné en 46e position remporter ce trophée, c’est pas rien. Depuis son arrivée au Jazz, Jordan Clarkson se régale dans un costume de booster offensif en sortie de banc, et il a été récompensé cette année pour son rôle joué dans la très belle campagne du Jazz. Il marche un peu dans les traces de Lou Williams, recordman dans cette discipline (trois titres remportés, à égalité avec Jamal Crawford) et sélectionné en 45e position en 2005.
Joueur ayant le plus progressé : Julius Randle, 7e choix de draft (2014)
Mis en place pour la saison 1985-86, le trophée de MIP termine assez rarement dans les mains des top picks. On est plus sur de la deuxième partie de Loterie (places 7-14) ou des joueurs draftés tardivement, que ce soit en deuxième partie de premier tour ou même au second tour. Là aussi, pas illogique, dans le sens où les premiers choix sont souvent responsabilisés assez vite dans leur nouvelle franchise et sont accompagnés de grosses attentes. Le profil type du MIP, c’est un joueur qui fait un grand pas en avant d’une saison à l’autre, par surprise ou par opportunité, et qui possède déjà deux-trois années dans la Ligue (les sophomores sont rarement récompensés, car la progression est naturellement attendue). Cette saison, c’est Julius Randle qui a remporté la mise. S’il s’était déjà montré chez les Pelicans, il a profité d’un nouveau départ chez les Knicks pour devenir un joueur All-NBA capable de mener une équipe en Playoffs.
MVP des Finales : Giannis Antetokounmpo, 15e choix de draft (2013)
Giannis, évidemment. Au top de la planète basket aujourd’hui, le Greek Freak est devenu le symbole du diamant brut transformé en bijou. Drafté avec le 15e choix par les Bucks en 2013, Antetokounmpo connaît une ascension de folie ces dernières années et on se demande jusqu’où il peut monter. Après avoir raflé les titres de MIP, MVP, et Défenseur de l’Année entre 2017 et 2020, Giannis a rajouté celui de MVP des Finales en 2021, lui qui a marché sur les Suns avec notamment un finish épique lors du Game 6. En d’autres termes, le Freak a déjà tout raflé ou presque alors qu’il n’a que 26 ans. Pas mal pour un mec sélectionné en milieu de premier tour non ?
All-NBA First Team :
- Giannis Antetokounmpo, 15e choix de draft (2013)
- Kawhi Leonard, 15e choix de draft (2011)
- Nikola Jokic, 41e choix de draft (2014)
- Stephen Curry, 7e choix de draft (2009)
- Luka Doncic, 3e choix de draft (2018)
Outre le fait d’avoir trois Européens dans la All-NBA First Team de la saison 2020-21, on se rend compte aussi que seulement deux d’entre eux proviennent du Top 10 de la Draft, à savoir Luka Doncic et Stephen Curry. On a déjà parlé de Giannis et Jokic, on voit aussi qu’un certain Kawhi Leonard a été drafté en milieu de premier tour, comme le Greek Freak. Aujourd’hui, Leonard fait partie des cinq meilleurs joueurs de la planète, et possède sur son CV deux titres de MVP des Finales et deux titres de Défenseur de l’Année.
NBA All-Defensive First Team :
- Draymond Green, 35e choix de draft (2012)
- Giannis Antetokounmpo, 15e choix de draft (2013)
- Rudy Gobert, 27e choix de draft (2013)
- Ben Simmons, 1er choix de draft (2016)
- Jrue Holiday, 17e choix de draft (2009)
Tiens, en parlant de défense, visiblement c’est une spécialité des picks tardifs. Est-ce que ça s’explique par le fait que l’aspect défensif est moins hypant que l’attaque ? Peut-être. Dans une NBA plus que jamais axé sur le jeu offensif, on ne peut pas dire que la défense soit à la mode mais certains parviennent justement à tirer leur épingle du jeu dans ce contexte, et font ainsi le bonheur de leur équipe respective. Outre Rudy et Giannis, le meilleur cinq défensif de la saison est également composé du meneur Jrue Holiday, véritable référence et sélectionné avec le 17e choix en 2009. Sans lui, les Bucks ne seraient sans doute pas champions NBA aujourd’hui. Et que dire de Draymond Green ? Pièce essentielle de la dynastie Warriors grâce notamment à sa polyvalence, son QI basket et son intensité, Green a été drafté en début de second tour. Ben Simmons, numéro 1 de la Draft 2016, fait presque figure d’intrus là-dedans…
NBA All-Rookie First Team :
- LaMelo Ball, 3e choix de la draft (2020)
- Anthony Edwards, 1er choix de la draft (2020)
- Tyrese Haliburton, 12e choix de la draft (2020)
- Saddiq Bey, 19e choix de la draft (2020)
- Jae’Sean Tate, non drafté (2018)
On a déjà parlé des meilleurs rookies de la saison un peu plus haut avec LaMelo, Ant-Man et Hali, mais on voit aussi que certains ont réussi à s’illustrer cette année alors qu’on ne les attendait pas forcément. On pense particulièrement à Jae’Sean Tate, joueur non drafté il y a quelques années qui a profité du bordel chez les Rockets pour se faire une place. Quant à Saddiq Bey, plutôt séduisant avec les Pistons, on savait qu’il pouvait contribuer assez rapidement. Deux ans de formation à Villanova, habituellement ça prépare bien pour le haut niveau. Mais faut pas oublier qu’il a été sélectionné avec le 19e choix, sans doute à cause de son âge (“déjà” 21 ans au moment de la Draft).
Hier, on analysait les first picks des vingt dernières années pour finalement se rendre compte que le choix numéro 1 de la Draft n’est pas forcément synonyme de succès. Aujourd’hui, on voit bien qu’il est possible de trouver la perle rare sans avoir une sélection dans le Top 5 ou le Top 10. Morale de l’histoire ? La Draft NBA n’est pas une science exacte, tout peut arriver, et il vaut mieux regarder jusqu’au bout.