James Harden : entre courage, grosses briques et nouvelle désillusion, un tableau contrasté livré par le Barbudo
Le 20 juin 2021 à 08:37 par Max Thomas
James Harden est donc – encore – éliminé à l’issue d’un Game 7, et sa performance inspire à la fois le respect et… irrite tout autant. Sur le parquet 53 minutes, accumulant donc 139 minutes sur trois matchs depuis son retour de blessure, sa combativité et sa façon de passer au dessus de la douleur a été admirable et peut être inspirante pour ses coéquipiers. Malheureusement, sa gêne à la cuisse ne lui a pas permis de mettre de rythme dans son jeu et de trouver le chemin des filets à distance, loin de là. Ce match, même avec des excuses, donnera en tout cas de l’eau au moulin des haters de Ramesse sur sa capacité à faire les bons choix dans un match à enjeu XXL.
L’image de James Harden dans les matchs à enjeu a toujours étée plus ou moins associée à celle d’un homme ne faisant pas toujours les bons choix dans les moments où les destins s’écrivent. Entre le contre de Manu Ginobili, les déceptions successives contre les Warriors ou la curieuse expérience passée avec Russell Westbrook l’an dernier, Harden n’a jamais réussi à tuer une série face à un prétendant au titre et pâtit encore aujourd’hui de cette image contrastée, entre amour et haine. Le joueur clive, et son départ aux Nets a par ailleurs marqué une claire évolution dans le jeu du MVP 2018. Moins croqueur, plus playmaker, faisant quelques efforts en défense et intégré à merveille dans le collectif de Steve Nash, Harden abandonne petit à petit son image de joueur nonchalant et avare sur le terrain. Seulement, l’odeur des Playoffs se rapprochant au fil de la saison, de vieux démons peuvent parfois ressurgir. A 2/12 à 3-points cette nuit et au plus mauvais des moments, JH ne pouvait pas jouer sur son habituelle capacité à aller au cercle, mais ses qualités de sniper étaient elles aussi considérablement diminuées. Sentant sûrement que sa vivacité et sa capacité à dépasser l’adversaire ne pouvaient être exploitées, le numéro 13 a alors jugé plus intéressant d’arroser du parking. Très peu en vue dans l’exercice, on a rapidement senti qu’il ne saurait faire la différence grâce à cette arme plutôt fiable habituellement dans la palette offensive du joueur. Crise de confiance ou vraie gêne, la deuxième option semble plutôt claire, tant on peut voir les trajectoires de shoot, changées à cause d’une prise d’appui moins marquée et plus plate à cause d’une force mise dans les bras plutôt que dans les jambes. Mais alors pourquoi James Harden s’est-il obstiné à ce point ? Difficile à dire, mais le reste du tableau dressé par l’arrière des Nets a toutefois été souvent impeccable. Le playmaking du Barbu reste intact, malgré une explosivité ne permettant pas de libérer des espaces pour ses partenaires. Neuf passes décisives sont ainsis à ajouter à ses 22 points, et même si Harden n’a pas pu inscrire autant de lay-ups qu’à son habitude, son abnégation et sa malice pour aller chercher des lancers-francs est à noter. À 10/10 sur la ligne, son flair a été encore une fois précieux pour ses coéquipiers. Oui, même sur une jambe, Harden a apporté une valeur ajoutée chez les Nets dans ce Game 7.
Bien étrange toutefois celui qui pourrait expliquer comment la prestation d’Harden n’aurait pas pu être meilleure sans cette blessure. Ne pouvant pas courir de toute la partie, clairement au ralenti, Harden a réussi à être le deuxième joueur des Nets avec le plus d’impact sur la partie, en bien… comme en mal. Son abnégation a été plus que courageuse dans cette série, le joueur n’ayant pas hésité à jouer durant de longues minutes et n’étant sorti que douze minuscules minutes sur les trois derniers matchs. Même pour un joueur à 100% de ses moyens, cette statistique aurait été déjà à souligner. Pour le cas d’Harden ? Elle est à souligner, à mettre en gras, et en rouge. De son passage à Houston, peu d’observateurs avaient mis en avant sa combativité et son courage comme première qualité, le gaucher passant souvent pour un joueur nonchalant voire trop douillet et perdant ses moyens dans les grandes batailles. Spolier, on peut désormais tirer un trait sur cette partie de lui, gommée par cette tentative – infructueuse – de coup de main utopique de dernière minute. Mais que ses haters se rassurent, son côté buté et forceur n’est pas encore parti de ses caractéristiques.
Quoiqu’on en dise, James Harden a l’air d’avoir changé depuis son départ de Houston et son caractère de diva pop semble être derrière lui, malgré un cadre qui aurait pu le permettre. Pour autant, tous les défauts du joueur ne sont pas restés à Houston et certains se sont fait la malle avec lui à Brooklyn. Pour ses prochaines joutes de Playoffs, avec KD et Kyrie debout on l’espère, le Barbudo devra mettre un peu plus sa rationalité à profit pour éviter de devenir la caricature de lui-même. Même si des circonstances atténuantes peuvent justifier ses choix parfois douteux.