Mais comment est construit un panier de basket ? Zoom dans les coulisses d’un constructeur et fournisseur, de l’arceau au plexiglas
Le 11 juin 2021 à 12:13 par Bastien Fontanieu
On ne se pose jamais vraiment la question, et pourtant force est de constater qu’elle a du sens quand on y pense. Comment est construit un panier de basket ? Comment arrive-t-on à obtenir cet immense objet que l’on voit en permanence, dont l’apparence est si unique et le fonctionnement tout aussi complexe ? Cela tombe bien, on a obtenu la réponse à notre question.
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Avant de partir en mode Bernard de la Villardière dans Enquête exclusive, avec une équipe de caméras cachées ultrasophistiquées et une investigation complète diffusée en prime time sur votre chaîne YouTube préférée, il fallait qu’on se penche à notre manière sur cette grande interrogation. Bah oui, forcément, on est tellement habitués à voir les ballons sur les terrains et nos joueurs de cœur envoyer de la filoche sur les paniers qu’on ne se demandait même pas d’où tout cela venait. Quelques moments d’intrigue, parfois, notamment lorsqu’un mammouth (salut Shaq) vient à écraser un arceau ou détruire un plexiglas, ce qui nous pousse à analyser l’état du matos à proprement parler, mais sans plus. D’où cette envie, de creuser un peu plus loin. Et pour ce faire, il nous fallait un partenaire qui puisse nous ouvrir les portes de ses coulisses. Ce partenaire, ce n’est pas de la Villardière, mais Lifetime Products, une boîte basée dans l’Utah et qui fournit du panier de basket en masse aux USA depuis 35 ans. Pour ceux qui n’auraient pas vu le profil de son fondateur, on vous invite à checker l’histoire de Barry Mower qu’on a racontée récemment, l’homme qui s’est tapé un kif en mode DIY un samedi aprem dans son jardin et en a fait une multinationale dans le plus grand calme.
Mais alors comment fabrique-t-on ces paniers de basket, de base ?
Il faut déjà savoir le matos que l’on utilise. Pour ne pas se prendre la tête, on ne va pas détailler les systèmes de fixation et suspension utilisés par les professionnels, ce que l’on verra peut-être par la suite, si vous êtes sages. D’abord, on va plutôt prendre un panier typique que l’on pourrait avoir chez vous et moi, donc dans nos jardins, mais aussi dans pas mal de stades et gymnases en France. Avec un vrai plexi, un vrai arceau, bref du matos que l’on n’a pas forcément au playground en bas de chez soi et qui fait un minimum pro. Analysons tout de suite chaque pièce du panier.
# L’ARCEAU
En quoi est fait un arceau ? Et comment obtient-on cette forme parfaitement ronde ? Déjà, abattons les idées reçues, un arceau est fait en acier. Il faut donc prendre de l’acier et en faire un cercle parfaitement coupé, qui va permettre à chaque shooteur de se sentir à l’aise dès qu’il voit cette cible orangée. Les étapes principales sont ci-dessous, en quatre images très importantes.
- (1) : on prend des tiges d’acier, qui vont être découpées afin de réaliser l’arceau. Info très importante pour nos lecteurs et nos lectrices, nous rappelons qu’un arceau de panier de basket fait 45 centimètres de diamètre. Ce n’est pas la règle pour tous les fournisseurs de la planète, vous pouvez en avoir des plus petits ou plus grands si vous voulez, par contre si vous souhaitez un panier officiel comme James Naismith l’a imaginé dans sa tête, il faudra respecter cette mesure. Une tige coupée, 45 centimètres de diamètre respectés.
- (2) : la tige en acier est alors glissée vers une machine qui va créer cette forme si joliment arrondie. On fait coulisser la tige le long d’un circuit fermement boulonné, pour que l’arceau garde sa même forme ad vitam eternam. Pression maximale sur la tige en acier, et on ne bouge plus.
- (3) : à partir de cette étape, on ne parle plus de tige en acier, car nous avons enfin notre arceau ! Il est rond, il est fermé, c’est l’élément principal autour duquel tout va être orchestré. Car comme vous le savez, un arceau doit être attaché à un plexiglas, et il doit également pouvoir tenir un filet.
- (4) : c’est dans cette étape que l’on va fixer ces petites fixations rondes que vous connaissez bien, et qui vont nous permettre d’attacher nos filets. Lorsqu’un titre est remporté au niveau universitaire, on prend des ciseaux pour couper le filet. Mais avant de faire les sauvages ainsi, lorsqu’un panier doit être préparé pour un match, il faut caler le filet à la mano. Vous remarquerez donc, sur cette image, la petite fixation ronde située sur l’arceau. Une machine vient souder ces ronds, eux aussi en acier, sur la tige en acier qui est devenue un arceau.
On a notre tige en acier qui est devenue un arceau, on a la fixation pour caler un filet, et ensuite ?
- (1) et (2) : comme vous l’avez peut-être remarqué en jouant au basket, un arceau ne tient pas horizontalement tout seul. Pour qu’il supporte notamment les chocs des tirs et la pression des joueurs qui s’accrochent, il faut des tiges situées de part et d’autre de l’arceau. Ces tiges vont être reliées à la fixation de base, boulonnée sur le plexiglas. D’ailleurs, ce ne sont pas des tiges mais la tige, car comme vous pouvez le voir sur ces images il s’agit d’une seule tige d’acier à laquelle on va donner une forme perpendiculaire via une machine à pression.
- (3) et (4) : on a mis une flèche, non pas sur Michel qui gère la prod mais sur la fameuse fixation rectangulaire dont on parlait ci-dessus. Cette pièce, elle aussi en acier, est celle qui va accueillir l’arceau et permettre la liaison avec le plexiglas. On a donc notre arceau, et sa fameuse tige perpendiculaire, que l’on va souder sur cette fixation rectangulaire. C’est ainsi que l’on a notre arceau complet. Attention, détail important comme vous pourrez le remarquer, la fixation rectangulaire comporte quatre trous. Ce n’est pas pour faire un bowling, mais bien pour y insérer quatre boulons qui fixeront l’arceau au plexiglas.
- Ci-dessous : dernière étape, et pas la moins importante, la coloration du panier en orange. Car oui, même si chaque ville de France et du monde a sa propre conception des couleurs de paniers (dédicace aux municipalités qui foutent des arceaux verts ou bleus pour notre plus grand bonheur), un panier de basket n’est pas un vrai panier de basket sans son arceau orange. La pièce qui a été assemblée dans les étapes précédentes va donc entrer dans une chambre isolée, dans laquelle une peinture émaillée va colorer l’arceau. On sèche, on récupère notre arceau, et le voilà parfaitement orangé.
On a notre arceau complet, solide et parfaitement orangé, comment on obtient notre plexiglas ?
# LA PLANCHE
Si l’arceau a surtout demandé de la tige et des machines ultrasophistiquées, le procédé n’est pas tout à fait le même concernant un plexiglas. En effet, il va falloir des mains humaines, un bon casque pour se protéger les yeux, de quoi souder tout le bordel et ainsi permettre à Paul George d’envoyer de la brique sans que le matos explose en plein match. Voici les étapes à suivre.
- (1) et (2) : un peu d’acier, ça vous dit ? On repart sur des tiges, mais cette fois plus épaisses et rectangulaires. Au lieu d’avoir la finesse utilisée pour l’arceau, on prend ici des tiges plus larges et que l’on forme de manière rectangulaires afin d’obtenir le cadre robuste du plexiglas que l’on connaît. Sur les deux premières images ci-dessus, on peut voir que la longue tige est séparée en trois plus petits morceaux. Mais est-elle sciée ? Non, elle est pliée de manière à ce que le cadre devienne rectangulaire.
- (3) et (4) : comme on peut le voir sur l’image (3), la tige initiale a été pliée de manière à ce que, une fois saisie, cette tige soit facilement courbée et qu’on puisse créer ce cadre rectangulaire qui est celui des plexiglas. Cependant, quand on voit la facilité avec laquelle on peut le faire à la mano, il faut s’assurer que le cadre du plexiglas reste fermement rectangulaire. On va donc souder le tout, et y apposer les autres pièces d’acier qui vont définir le plexiglas complet.
Maintenant qu’on a notre planche, on fait comment pour y poser le plexiglas ?
- (1) et (2) : le débat reste le même dans le monde du basket, à savoir quel produit est utilisé. Plexiglas, fibre de glace, verre trempé, chacun sa manière de fonctionner. Ce qui est sûr, c’est qu’on utilise en France le terme plexiglas, qui vient du Polyméthacrylate de méthyle. Un jour on se penchera dessus avec des spécialistes du genre, mais sur ces images on peut vous confirmer que le fameux plexiglas que l’on appelle ainsi est découpé à l’aide d’une machine, ce qui rend une véritable feuille rigide et prête à être fixée sur l’armature expliquée plus haut.
- (3) et (4) : c’est sur cette feuille que l’on va ensuite apposer les différents repères connus des paniers de basket, c’est-à-dire le contour blanc et noir, le fameux carré blanc qui nous permet de réaliser nos meilleurs shoots façon Tim Duncan à 45 degrés, le logo du fournisseur, un drapeau américain, ton numéro de téléphone, et ainsi de suite. La feuille, une fois finalisée, est fixée sur l’armature en acier, et le tour est joué.
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Un arceau, une planche, que demande le peuple ? Et bien justement, la dernière étape dépend de chacun. En effet, comme vous pourrez le voir un peu partout sur le net, vous pouvez obtenir ce qu’on appelle un panier de basket mais il ne s’agira que de l’arceau fixé à la planche. Vous pouvez aussi obtenir ce qu’on appelle un panier de basket complet et c’est là qu’on ajoutera éventuellement le pied de fixation lié à la planche, ce pied étant composé d’un poids posé au sol et d’une tige en acier liant ce poids à la planche. Chez Lifetime, par exemple, vous aurez du panier de basket complet disponible sur panier-basket.fr, donc de quoi se prendre pour un pro dans son propre jardin avec arceau, planche, et pied de fixation.
Voilà pour les étapes principales concernant la construction d’un vrai panier de basket ! Prochaine étape, comme dit en intro, on débarque avec nos caméras cachées et on vient goûter nous mêmes la peinture afin de vérifier qu’elle est bien orange. Restez connectés, ça ne devrait pas tarder.