Toronto Raptors, le bilan 2020-21 : dix ans que les Dinos n’avaient pas été aussi mauvais, le mal du pays probablement
Le 10 juin 2021 à 16:49 par Giovanni Marriette
Si la saison 2020-21 s’annonçait comme une année de semi-transition, avec notamment un éventuel départ de Kyle Lowry, c’est au final l’avalanche de résultats décevants qui aura précipité les Raptors dans une situation inédite depuis plus d’une décennie. Champions NBA il y a deux ans à peine, voici les Raptors en lice pour récupérer un gros pick de Draft, tout va trop vite comme dirait ce bon vieux Rédouane.
CE QUE TRASHTALK AVAIT ANNONCÉ
Une saison bien mais pas top. Suffisamment de talent en magasin pour disputer les Playoffs, eh, oh, quand même, mais très vite un déficit de roster, de profondeur, et un manque de superstar qui s’annoncerait rédhibitoire au moment d’aller se taper en postseason. On partait sur un bail de 40 ou 42 victoires et un rang logique de cinq ou sixième à l’Est, ni trop haut ni trop bas en somme. Spoiler on s’est gourré, mais il fallait vraiment le voir venir.
CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ
Première désillusion des Raptors, avant même que la saison ne commence : la franchise canadienne disputera ses matchs à domicile à… Tampa, en Floride. COVID oblige, chaque déplacement est une galère voire une interdiction, surtout quand on évolue hors du territoire américain. Exit donc les chasse-neiges et place aux palmiers mais RIP l’air frais du Canada, les Raptors joueront donc cette saison tous leurs matchs à l’extérieur. Comme un symbole, les Dinos peinent à se mettre en route et à prendre possession des lieux. Chris Boucher cartonne, candidate aux trophées de DPOY, de 6MOY et de meilleur artisan de l’année, mais à ses côtés celui qui est censé prendre le lead galère à prendre ses marques. On ne parle pas d’Alex Len mais bien de Pascal Siakam, lequel enchaine les tours de toupie mais pas les bonnes performances. Le bilan ? Il est atroce, il n’est pas “Raptors”. 0-3 pour attaquer la saison, aucun poste 5 et donc une small-ball lineup assez étrange, puis… 1-6, puis… 2-8, ça pédale dans la boue des everglades, y’a un problème de starter, au propre comme au figuré.
Le mois de janvier n’est donc pas plus synonyme de victoires que le mois de décembre, et il faut attendre février pour assister à quelques premières sorties convaincantes, collectivement et/ou individuellement. Le 3 février Fred VanVleet fête enfin son contrat avec une pointe irréelle à 54 points (à 17/23 au tir dont 11/14 du parking), le 6 les Raptors tapent les Nets grâce à une presta aboutie et à un gros Pascalou, et à la fin du mois, vers mon anniversaire donc, le squad de Nick Nurse enchaine quatre wins de suite pour la première fois de la saison en tapant notamment les Bucks et les Sixers. 10 victoires et 5 défaites en février, ça va pas “comme sur des roulettes” mais disons que la saison semble enfin lancée.
Oui mais non.
Oui mais non, car au mois de mars Pascal Siakam se blesse, car au mois de mars Pascal Siakam n’est toujours pas l’employé du mois puisqu’il se ramasse sa deuxième amende de la saison pour interférences malvenues avec ses supérieurs hiérarchiques (il fait du boudin), et le mois de la fête des mamies et de la Saint-Guénolé se termine sur un incroyablement moche bilan de treize défaites pour… une seule victoire, les Raptors ayant également réussi l’exploit de briser la série de vingt défaites consécutives de Rockets en mission tanking depuis belle lurette. L’évènement du mois sera finalement la très attendue trade deadline, et si le départ – attendu – de Kyle Lowry n’aura finalement pas lieu, c’est finalement un échange entre Norman Powell et Gary Trent Jr. (plus des morceaux de Rodney Hood) qui rythmera la fin de saison des Dinos.
Une fin de saison qui prendra très vite des allures de course à on ne sait pas trop quoi, les Raptors gravitant sans cesse pas trop loin des places play-in mais à la fois pas trop loin de la course au tanking, si près si loin sans vraiment se positionner, bref en perdant du temps. Victoire de 53 pions face aux Warriors le soir de l’anniversaire de Pascal Siakam, on est trop content pour lui hein, Gary Trent Jr. fête ses débuts en imposant son flow exceptionnel à la fanbase des Raptors puis en enchainant un game winner face aux Wizards et une perf à 44 pions à 17/19 au tir, Yuta Watanabe signe un contrat mérité après une saison solide, début mai Kyle Laurel et Pascal Hardy cartonnent les Lakers en mode à l’ancienne… mais Chris Boucher se blesse, puis tout le monde se blesse et/ou a la flemme, la fin de saison est à l’image de son entièreté et les Dinos échapperont au final aux Playoffs pour la première fois depuis 2013. Sale.
L’IMAGE DE LA SAISON
L’éclaircie dans la brume d’un ciel floridien pourtant dispensé de tout nuage. Une phrase que ne prononcera jamais Louis Bodin mais un constat clair, net et swaggy : l’arrivée de Gary Trent Jr. a fait du bien aux fans des Raptors. Merci Norman Powell pour les travaux mais clairement les Dinos semblent y avoir gagné au change. Big up au père Norm’ d’ailleurs, auteur de sa plus belle saison en carrière avant de filer à Portland, mais le flow de GTJ n’a d’égal que son potentiel : assez illimité. A 22 ans et sans se soucier d’aucune hiérarchie, Gary a tapé fort d’entrée, a souvent été inconstant, mais il a déjà conquis le cœur de pas mal de fans, d’esthètes et de statisticiens. 16,2 points, 3,2 rebonds et 3,6 points en 17 matchs dont 15 starts, un game winner et une perf d’astronaute dans la même semaine, et déjà l’envie pour la fanbase canado-déçue de le voir rosser du défenseur la saison prochaine. Tout n’est pas à jeter pour les Raptors va.
IL A CARTONNÉ : MALACHI FLYNN
Il aura fallu le temps. Il aura fallu le temps pour que Nick Nurse se rende compte que lors d’une année aussi claquée que celle-ci, faire jouer les jeunes n’était pas passible de prison. Trois premiers mois au placard ou pas loin pour Malachi, puis le pick 29 de la Draft 2020 n’aura pas mis longtemps pour profiter du combo tanking / blessures / load management. 12,7 points, 4,1 rebonds et 4,8 passes pour le rouquemoute en avril, les spasmes mensuels deviennent des perfs fréquentes, et l’ancien sniper de San Diego poussera même le bouchon jusqu’à être élu Rookie du mois de mai à l’Est. Tristesse infinie de ne pas l’avoir vu jouer plus sur cette saison rookie, disgrâce infâme inonde l’âme de Nick Nurse, et si la situation de Kyle Lowry, le nombre de toupies effectuées la saison prochaine par Pascal Siakam ou les progrès attendus du quatuor VanVleet / Trent Jr. / Anunoby / Boucher sont les grandes questions actuelles à Toronto, on surveillera d’un œil avisé la saison sophomore de Malachi. 7,5 points, 2,5 rebonds et 2,9 passes, dans une année chelou comme celle-ci ? Pour un pick 29 ? Franchement, on se demande bien ce que vous avez tous avec Payton Pritchard.
ON L’ATTENDAIT AU TAQUET, ET ON L’ATTEND TOUJOURS : LE DEPART DE KYLE LOWRY
C’était censé être la colonne vertébrale de cette saison de transition, l’axe principal du grand ménage de printemps. Kyle Lowry fait unanimement partie des cinq meilleurs joueurs de l’histoire de la franchise canadienne, son titre en 2019 l’a fait basculer dans la catégorie des demi-dieux à Toronto, mais toute belle histoire a une fin et cette fin doit résonner le plus vite possible. Annoncé partant à la trade deadline de mars, Calorie aura finalement terminé sa saison 2020-21 chez lui, enfin presque, car, entre autres je cite, “Kyle Lowry ok mais on ne lâchera pas Tyler Herro”. On a très vite vu le résultat non loin en Floride et Calo est donc toujours là, immuable, à twerker en attendant d’en savoir plus sur son avenir. Free agent cet été, on imagine mal bouboule repartir sur un bail avec les Raptors, et à 35 ans Cal mérite un projet viable à court-terme, en tant que titulaire ou pas d’ailleurs. Côté Raptors il faut en tout cas se résigner à perdre l’une des figures historiques de la franchise, à le perdre sans aucune contrepartie d’ailleurs et c’est bien dommage, deux mois après un marché du printemps qui aurait permis de récupérer au moins quelques assets pour l’avenir.
LA SUITE
Pascal Siakam, Fred VanVleet, OG Anunoby et Malachi Flynn semblent être inscrits à Toronto dans la durée, si l’on prend en compte le fait que les Raptors ne savent toujours pas si et quand ils pourront se réinstaller durablement au Canada. Gary Trent Jr. aura de belles propales sur la table d’ici quelques semaines, pour Chris Boucher ce sera sur l’étal, et la base semble en tout cas bonne pour repartir du bon pied, à un… franchise player près. Qui pour prendre le lead ? Qui pour planter 25 pions TOUS les soirs sans ne jamais être fiévreux ? Le père Pascal a montré ses limites et sera de toute façon absent jusqu’en novembre à cause d’une blessure à l’épaule, la gouaille de Kyle Lowry manquera terriblement en cas de départ, et les fans devront donc, peut-être, s’en remettre au projet GTJ pour espérer redevenir compétitif. Un avenir en clair-obscur mais dans clair-obscur il y a clair, c’est déjà ça.
Saison à oublier pour les Raptors, ou plutôt saison à garder en tête afin de repartir sur de bonnes bases. Y’a du talent, y’a de la jeunesse, ça manque de viande à l’intérieur malgré Chris Boucher et ça manque de leader. Difficile, très difficile de se remettre d’une époque drivée par des monstres de leadership type Kawhi Leonard, Serge Ibaka, Marc Gasol ou Kyle Lowry, c’est logique mais il faut regarder devant et pas derrière. Allez, cassage de rétro, un été au boulot… et on se remet à gagner ?