Ces Blazers ont des petits airs de Mavs en 2011 : un leader fidèle et une belle continuité… en attendant le bouquet final cet été ?
Le 21 mars 2021 à 14:14 par Benoît Carlier
Au cours de ces dix dernières années, on peut seulement identifier deux vainqueurs surprises en NBA. En 2019, les Raptors ne partaient largement pas favoris, au même titre que les Mavericks de 2011. Mais ceux qui aiment les belles histoires feraient mieux de rester attentifs dans les prochains mois, car on peut identifier de nombreux points communs entre les anciennes gloires texanes et les Blazers de cette saison. Explications !
On rembobine la cassette d’une décennie. A l’époque, le DVD est roi mais on sait encore ce qu’est une VHS, ce qui s’avère utile pour comprendre l’expression utilisée au début de la phrase précédente. Ça ne nous rajeunit pas trop, mais passons car c’est aussi une période dorée où l’on assiste au sacre de Derrick Rose, qui devient alors le plus jeune MVP de l’histoire. Evidemment, tout le monde est encore traumatisé par The Decision et la formation du big three des Tres Amigos à Miami au début de la saison. Les Playoffs ne sont pas passionnants avec un seul Game 7 proposé sur l’ensemble des quatre tours, mais le final reste surprenant avec plusieurs upsets permettant à Dallas de sortir debout à l’Ouest malgré une troisième place en saison régulière (57-25). Non seulement les Mavericks retrouvent les Finales après la déception de 2006 mais ils croisent à nouveau Miami et sa superteam fraîchement constituée. Et si tout le pays agite un drapeau du Texas pour l’occasion, le Heat est évidemment favori de cette série. Pourtant, c’est bien Mark Cuban qui allume un cigare à la fin des Finales, célébrant ainsi le premier titre de l’histoire de sa franchise après une victoire qui reste encore au travers de la gorge de LeBron James aujourd’hui (4-2). Le reste de la NBA applaudit unanimement un beau champion, inédit, qui est allé jusqu’au bout de sa stratégie sans jamais changer son fusil d’épaule. A 32 ans, Dirk Nowitzki est sur le toit du monde et il n’a pas eu à déménager pour ce faire. L’histoire est belle et permet au passage à un vétéran comme Jason Kidd de gratter sa petite bague avant la retraite dans la franchise qui l’avait drafté en 1994, ou encore à Shawn Marion de valider une carrière de All-Star exemplaire avec un titre.
Normalement, cela devrait faire remonter quelques souvenirs. Mais revenons en au présent et à notre saison 2020-21. Actuellement au milieu d’une double confrontation face à Dallas au Moda Center, les Blazers devraient peut-être en profiter pour poser quelques questions au staff texan. Les points communs avec les Mavericks de 2011 sont nombreux et il n’en fallait pas plus pour nous mettre quelques images dans la tête. Commençons par le plus évident, on veut bien sûr parler de nos deux franchise players. Régulièrement loué pour sa fidélité à Portland, Damian Lillard ne cesse de faire référence à un exemple du genre, l’Allemand aux boucles blondes. Parler des Mavs sans évoquer le nom de Dirk Nowitzki est un crime, oublier le meneur lorsqu’on s’attarde sur la franchise de l’Oregon est impensable. Dans la NBA moderne, ils incarnent cette contre-culture en faisant serment d’allégeance à l’équipe qui leur a fait confiance dès le début, à l’instar d’un Tim Duncan à San Antonio également. Le rappeur l’a déjà dit plusieurs fois, qu’importe si la bague se trouve au bout, la beauté se trouve sur le chemin non pas dans la finalité. S’il est condamné à galérer et à échouer avec les Blazers toute sa carrière, alors il acceptera son sort sans broncher, tant qu’il a le sentiment d’avoir tout donné pour son organisation jusqu’au bout. Même son de cloche pour le Wunderkind qui avait même consenti à effectuer de gros sacrifices financiers quand il s’approchait de la retraite pour le bien de la franchise. Un joli conte de fées qui ne rend que plus belle cette fameuse bague de 2011. Dans une interview d’après-match sur TNT, alors qu’il venait d’en planter 50 contre les Pelicans la semaine dernière, Dame expliquait qu’il avait l’habitude de ne pas être considéré et que cela ne l’avait pas empêché de persévérer jusqu’à arriver au niveau d’excellence qu’il a atteint aujourd’hui et, pourquoi pas, de rêver un jour ramener le trophée Larry O’Brien à Rip City.
“Tout ça n’aurait pas été possible sans travailler dur. Je n’étais pas un joueur très convoité au collège, au lycée ou à la fac. J’ai dû bosser en coulisses et tracer mon propre chemin. Je n’avais aucune certitude que le travail que je faisais payerait un jour. Ne pas être connu et ne pas être sous la lumière des projecteurs, je sais ce que c’est. Je n’oublie pas toutes les étapes qui m’ont amenées jusqu’ici. Le travail, la discipline, l’humilité, la compassion… Toutes ces choses qui me caractérisent comme individu m’ont permis d’en arriver là. Si je commence à m’éloigner de ces choses-là, je ne rends pas service à ma famille et à mon entourage. Je reste fidèle à ça en espérant que de bonnes choses continuent d’en découler. Avec le temps, je continue de m’améliorer. Je mets plus de discipline, plus de rigueur et de réflexion dans mon travail.”
“I know what it’s like to be unknown and to not have the lights on you and to want to be seen …”
This was incredible from @Dame_Lillard 👏 pic.twitter.com/AXNEZt4A9m
— ESPN (@espn) March 17, 2021
Mais les comparaisons vont plus loin que ça. Avant d’arriver au sommet, Dallas a multiplié les échecs même si Rick Carlisle préfèrera parler d’apprentissage. Pendant dix ans, les Mavericks vont buter sur un os chaque année en Playoffs, avec l’espoir de revenir plus forts la saison suivante. Evidement, il y a eu du ménage dans le roster, des recrutements et des échanges, mais le management a quand même veillé à conserver une certaine forme de continuité dans son roster. Après l’upset des Spurs au premier tour des Playoffs en 2010, la confiance a été réitérée envers le groupe. Dirk Nowitzki mais aussi Caron Butler, Shawn Marion, Jason Kidd ou encore J.J. Barea sont revenus avec la volonté de terminer le boulot entamé quelques années plus tôt et c’est ce qui a rendu l’aventure de 2011 encore plus belle. Dans l’Oregon aussi, on commence à dénombrer quelques désillusions lors de leurs sept dernières qualifications consécutives en postseason. Personne n’a oublié le sweep contre les Pelicans en 2018, surtout pas Damian Lillard, C.J. McCollum, Jusuf Nurkic ou encore Zach Collins qui étaient déjà là. Pourtant, Neil Olshey a décidé de leur faire confiance, tout comme Terry Stotts toujours en place sur son banc. A l’inverse de Dallas, le groupe n’a aucun vécu commun en Finales NBA avec au mieux une finale de Conférence atteinte en 2019, mais les joueurs se connaissent bien et sont déjà passés par toutes les émotions ensemble.
Enfin, on l’a cité, la continuité de ces deux équipes frappe. Rarement favoris, elles sont quand même toujours au rendez-vous malgré une concurrence féroce dans la Conférence Ouest. Il y avait les Lakers de Kobe Bryant et les Spurs de Tim, Manu et Tony, il y a maintenant les Warriors de Curry et Klay Thompson, les Lakers de LeBron et AD ou encore les Nuggets de Nikola Jokic et Jamal Murray. Pourtant, les Blazers sont chaque année dans le coup même s’il a fallu passer par le play-in tournament pour se hisser jusqu’en Playoffs lors de cette saison si spéciale l’année dernière. Portland croit en sa méthode et ira jusqu’au bout de celle-ci. Autre petit clin d’oeil aux Mavs de 2011, Carmelo Anthony remplace Jason Kidd dans le rôle du Hall of Famer vieillissant en quête d’une bague. Comme l’ancien meneur, Melo a bien compris les besoins de son équipe et a rangé son égo au placard pour le bien de tous avec l’espoir un peu fou de créer l’exploit, 10 ans après Dallas. Ça ne sera pas facile et Rip City ne sera pas favori, mais l’espoir est permis. Les Blazers sont actuellement aux portes du Top 4 de l’Ouest (25-16) et peuvent compter sur un franchise player en plein prime qui affiche un vrai niveau de MVP depuis deux ans. Avec l’expérience collective et les petits ajouts de vétérans pour entourer tout ça, Portland jouera encore pour tout rafler cette année.
En croyant en son groupe et en conservant sa méthode, son leader et le même coach depuis tant d’années, Portland a des similitudes étonnantes avec les anciennes gloires de leurs adversaires du soir. Ça n’ira encore peut-être pas au bout, mais les Mavericks de 2011 leur ont tracé la voie et ils essayeront de la suivre. En cas d’échec, ce sera juste une galère de plus à surmonter ensemble, avant de se remettre au boulot sans jamais changer de cap.