La renaissance de Nicolas Batum chez les Clippers : le glue guy est de retour et il vit sa meilleure vie en Californie

Le 10 mars 2021 à 12:28 par Benoît Carlier

Il n’y a qu’à voir son sourire Colgate à chaque nouveau point presse pour comprendre que Nicolas Batum a enfin réussi à se débarrasser de ses vieux démons. Devenu père pour la deuxième fois en ce début d’année 2021, le Normand a surtout retrouvé un rôle qui lui va comme un gant dans le roster des Clippers.

Chaque mois, l’autre franchise de Los Angeles nous offre un nouvel épisode de sa web série sur YouTube. Une production très quali que l’on ne fait sans doute pas découvrir aux plus die hards de leurs fans en France. Mais ce troisième épisode mérite encore un peu plus de lumière que les autres pour la simple et bonne raison qu’il revient sur les premiers pas de Nicolas Batum chez les Clippers. Une vraie feel good story comme on les aime avec des doutes qui s’évanouissent pour laisser place à un homme confiant et bien dans ses pompes, qui se prend doucement à rêver de bague NBA. Avant même de parler de bagouze, on ne peut que sourire devant ces images d’un grand monsieur du basketball français qui a enfin retrouvé le chemin des parquets. A Charlotte, tout n’a pas été facile et le trentenaire a traversé une période sombre au point de voir apparaître quelques doutes même si l’envie de jouer est toujours resté présente.

“Il y a deux ou trois mois, j’ai commencé à douter de moi-même à cause de tout ce qui s’est passé au cours des 18 derniers mois. La manière dont j’ai joué ou dont je n’ai pas joué. Je me suis demandé ce que je pouvais faire pour rester quelqu’un dans cette Ligue qui n’arrête pas de progresser.

J’aime ce sport et je n’étais pas prêt à me retirer aussi vite. Quand j’ai été libéré par mon ancienne équipe, je me suis mis à penser à ce que j’allais faire maintenant. Et cinq minutes plus tard, mon téléphone a commencé à sonner et j’étais le premier surpris. J’ai parlé à Kawhi, PG et ils m’ont dit qu’ils avaient besoin de moi. Un joueur all-around et altruiste qui pourrait être un bon fit autour d’eux, c’est exactement ce qu’ils m’ont dit. […] Je les ai affrontés tellement de fois et on se défendait à chaque fois. Ça signifie beaucoup pour moi qu’ils me reconnaissent encore après ce qu’il s’est passé pour moi au cours des 18 derniers mois.

Quand un joueur qui n’a pas joué depuis un an et demi arrive dans une équipe avec de grosses attentes, je peux comprendre que des gens aient douté car moi-même je ne savais pas ce que j’allais donner dans ce nouvel environnement. Peut-être que je jouerai 10 ou 15 minutes certains soirs et d’autres non, c’était un peu mon objectif. On n’oublie pas comment jouer au basketball et j’ai déjà eu une carrière honorable. Je savais que je pouvais encore jouer et je l’ai fait.”

De retour dans le cinq majeur depuis l’opening night, Batman a déjà excédé toutes les attentes placées en lui à commencer par les siennes. Au terme d’un gros mois de janvier notamment, il tourne à 9 points (47,2% au tir, 43,9% du centre-ville et 83,3% aux lancers-francs), 4,8 rebonds, 2,4 assists et 1,2 interception pour seulement 0,7 turnover en 30 minutes de moyenne, ce qui, à 2,5 millions de dollars la saison, représente une sacrée aubaine pour les Clippers. Mais c’est loin d’être un hasard si Nico a décidé de rejoindre L.A. à l’automne dernier car le fit lui paraissait évident et que le staff lui promettait un rôle qu’il connaît bien et qu’il adore par-dessus tout.

“Quand j’ai commencé à m’entraîner avec Kawhi, PG, Serge [Ibaka] et PatBev au training camp, j’ai vite compris que j’avais quelque chose à faire ici avec ma façon de jouer, de voir le jeu et la façon dont je veux jouer. […] Mon rôle ici est le même qu’en équipe de France depuis deux ou trois ans.”

On ne va pas refaire la chanson, l’ancien Manceau ne tournera jamais à 25 points par match. Ce n’est ni son rôle, ni son envie et ça n’a jamais été une question de salaire. A l’inverse, Batum a vite retrouvé ses sensations en tant que point forward – comme à l’époque de Terry Stotts aux Blazers – pour soulager les deux All-Stars de l’équipe dans la création et la remontée du ballon et faciliter ainsi le jeu de tous ses coéquipiers. L’ailier n’a d’ailleurs jamais changé de disque tout au long de sa carrière, clamant toujours que c’était ce qu’il aimait faire et le secteur dans lequel il était le plus performant. Il fallait juste trouver un environnement favorable qui lui offrirait ce rôle à nouveau. En retour, Nic apporte aux Clippers tout ce qu’ils pouvaient espérer : de l’expérience, de l’altruisme, de la défense, du mouvement et des tirs primés décisifs à l’instar de ce game winner sur une passe de Paul George à 12 secondes du buzzer lors d’un déplacement à Phoenix qui compte dans le haut du classement de la Conférence Ouest.

“Le match de Phoenix était surtout une déclaration pour moi-même. J’ai bien commencé des deux côtés du terrain, j’ai réalisé des interceptions, j’ai mis des 3-points, j’ai drivé. J’ai fait de nombreuses choses et avec ce tir j’ai montré la confiance que j’avais et j’ai donné raison à PG d’avoir cru en moi.”

Mais il n’y a pas que sur les parquets que la vie du capitaine de l’équipe de France a changé, lui qui a accueilli un heureux événement avec la naissance de son deuxième enfant le 22 janvier dernier. La famille s’agrandit un peu plus et 2021 est d’ores et déjà une année bénie pour Nicolas Batum avant de se mettre à rêver d’ajouter deux lignes à son palmarès avec les Playoffs NBA et les Jeux Olympiques en ligne de mire. En tout cas, ça ne sera pas une distraction dans sa saison, lui qui s’est même précipité au Staples Center pour affronter le Thunder quelques heures seulement après l’arrivée au monde de sa fille.

“Ma femme m’avait dit que si le bébé naissait avant 16h je pourrais aller jouer, c’était notre accord et Nayeli est née à… 16h12. Mais quand elle est née, je ne pensais pas vraiment à aller jouer. J’étais assis sur le canapé et m’a femme m’a regardé et m’a dit : ‘File ! Je dois me reposer. Va jouer et gagner ce match’. J’ai dit : ‘OK, j’y vais.’. Quand je suis arrivé à la salle tout le monde était un peu surpris. Ils m’ont demandé ce que je faisais là et je ne savais pas trop moi-même.

C’est ce que je voulais montrer à cette équipe parce qu’ils m’ont donné une autre chance dans cette Ligue de jouer et d’être basketteur. Donc c’était ma manière de les remercier et de faire tout ce qu’il faudra pour gagner des matchs et peut-être faire quelque chose de spécial en fin de saison, même lors du plus beau jour de ma vie.”

Dans un long épisode de 18 minutes, Nicolas Batum se confie sur son intégration réussie en Californie. Le Frenchie fait l’unanimité, tant auprès des fans que des observateurs, tels que l’insider Chris Haynes qui le suivait déjà lors de ses débuts à Portland ou Brian Seaman, le commentateur des Clippers. Mais plus important encore, ses coéquipiers et le staff ont une grande confiance en leur glue guy, comme viennent le confirmer les propos de Tyronn Lue, Kawhi Leonard, Paul George ou Chauncey Billups tout au long de ce reportage.

Parmi les satisfactions de la saison, notre côté franchouillard relèvera forcément le retour de Nicolas Batum au premier plan dans une équipe candidate pour le titre. Désormais, ses mésaventures à Charlotte paraissent loin et le meilleur reste peut-être encore à venir pour Batman. En tout cas, on te le souhaite comme dirait l’autre.

Source texte : Clippers


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