James Harden et les Rockets, c’est terminé : une fin en queue de poisson après huit saisons XXL, quelle legacy pour le Barbu à Houston ?

Le 14 janv. 2021 à 17:00 par Alexandre Taupin

James Harden
Source image : Rockets

Cette fois c’est la bonne, James Harden a quitté les Rockets. Envoyé à Brooklyn dans un énorme trade, il laisse derrière lui une franchise en pleine transition, comme un symbole. À son arrivée en 2012, il n’était qu’un sixième homme, scoreur prometteur. À son départ, il est un joueur calibre MVP et l’un des attaquants les plus complets de tous les temps. Retour sur huit années et demi en terre texane, entre accomplissements et… déceptions.

621 matchs de saison régulière, 85 en Playoffs, un titre de MVP, des records à la pelle, mais pas de titre NBA et une histoire qui finit en eau de boudin… Est-ce là tout ce qu’on retiendra de la carrière de James Harden à Houston ? Peut-on vraiment résumer la superstar des Rockets à une petite ligne en début de papier, le temps d’aligner trois stats et de chambrer sur le manque de trophées remportés ? Oh que non, on ne peut pas. Ce serait faire offense à un des joueurs les plus fous de la dernière décennie, voire depuis le début du nouveau millénaire. L’homme a quitté la franchise mais son passage à Houston restera inoubliable.

Petit coup d’œil dans le rétro pour revenir aux origines de cette histoire d’amour qui n’aurait jamais dû exister. En 2012, le Thunder sort d’une finale NBA perdue contre les Three Amigos du Heat et tout le monde s’accorde pour dire qu’il sera l’équipe de la décennie s’il continue sur sa lancée. Problème : il faut déjà gérer les prolongations de contrat des joueurs cadres de l’équipe. Kevin Durant et Russell Westbrook ont facilement prolongé leurs deals (86 millions sur cinq ans pour KD, 80 millions sur cinq ans pour Russ) et Serge Ibaka a suivi le mouvement (48 millions sur quatre ans). Que reste-t-il alors pour James Harden, le dernier membre de la fratrie ? 54 millions. Cela paraît plutôt sympa comme somme mais ce n’est pas le maximum auquel il pouvait aspirer, à savoir 60 millions (autre époque, autre salary cap). Sam Presti est face à un problème de taille puisque sa direction ne souhaite pas payer la luxury tax et il faudra bien pour filer sa valise de flouze au jeune barbu. Les deux camps restent sur leurs positions et la nécessité d’un départ se profile alors pour le Sixième Homme de l’Année. Quelle destination ? Les Houston Rockets, portés par les idées novatrices d’un jeune manager général nommé Daryl Morey et tombés sous le charme de l’arrière. Le trade se met en place et Jeremy Lamb, Kevin Martin ainsi que deux choix de premier tour de Draft font le chemin inverse. Pour info, ces petites bouboules deviendront Steven Adams et Mitch McGary (lol). Pas assez considéré par le Thunder, James Harden va donc pouvoir prouver qu’il méritait son fric en devenant le leader d’une franchise, SA franchise.

Dans l’Oklahoma, il n’était que le troisième homme, le Lou Williams local si vous préférez. À Houston, on lui donne les clefs du camion, votre daronne, la nôtre et même les codes de la bombe H. Les Rockets se cherchaient une star pour rebondir et ils sont bien déterminés à lui donner le full traitement réservé à un joueur de son calibre. Très vite, il leur donne raison en sortant des perfs de franchise player et le bilan de l’équipe s’améliore, au point de participer de nouveau aux Playoffs après trois ans d’abstinence. Ironie de l’histoire, les Rockets se feront sortir au premier tour… par le Thunder. Malgré cette courte postseason, l’histoire est bien en marche et Ramesse continue sa montée en puissance. On lui donne un bras droit pour l’assister dans sa course à la gloire avec Dwight Howard. Les deux emmènent Houston en Finale de Conférence Ouest mais tombent sur des Warriors déjà chauds bouillants, avant que des tensions provoquent le départ du pivot. On entre alors dans la période la plus faste pour la barbe mais aussi la plus rageante. De plus en plus fort, il porte véritablement sa franchise sur ses épaules mais l’obstacle jaune et bleu se dresse irrémédiablement sur son passage. Au total, en cinq saisons, Houston se fera sortir quatre fois par Golden State, dont deux fois en Finale de Conférence. Point culminant de cette désillusion répétée ? La défaite de 2018 où les Texans sont éliminés à cause d’une cuisse douloureuse de Chris Paul, après une régulière à 65 victoires et un Harden MVP. C’est la saison la plus aboutie de l’équipe et beaucoup estiment que les Cavs, LeBron James ou non, n’auraient pas fait le poids en Finale NBA. L’occasion de changer à jamais un héritage et un souvenir dans le cœur des fans ? C’est bien possible. D’un titre glané face à l’une des équipes les plus fortes de tous les temps, tu passes à un des What if les plus mystérieux de l’histoire de la balle orange. Que se serait-il passé si le duo Paul – Harden avait remporté le titre ? Serait-il toujours ensemble aujourd’hui à mener la vie dure aux défenses de la Ligue ? Cet accomplissement collectif aurait-il adouci les humeurs d’une barbe qui s’est voulue de plus en plus renfrognée et hostile, au point de s’en prendre à ses propres coéquipiers ? On ne le saura jamais.

Quel goût dans la bouche des fans de Houston en ce 14 janvier 2021 ? Les souvenirs des huit saisons plus ou moins abouties (toutes ponctuées d’une participation en Playoffs, seule équipe à avoir fait ça sur la période en question) ont érigé James Harden au rang de héros chez les Fusées, mais un héros qui a clairement agacé ses plus fidèles supporters ces derniers temps avec son comportement de diva pour provoquer son départ. Il est arrivé chez les Rockets pour prouver sa valeur et il a réussi. Mais pour cela, il a poussé son ego dans des standards qui dépassent notre entendement à nous, simples spectateurs nocturnes. Le Thunder ne voyait pas en lui un numéro un et il a donc tout fait pour prouver qu’il l’était, au point de n’accepter aucune contestation. Au point même d’installer une Hardenocratie chez les Texans. Quiconque va à l’encontre des règles de primauté dégage, c’est aussi simple et sa franchise a accepté ses termes. Dwight Howard, Chris Paul et même Russell Westbrook, son ami, en ont fait les frais. El Barbudo est arrivé en 2012 comme un produit incomplet mais c’est véritablement Daryl Morey qui a façonné celui que nous avons devant nous aujourd’hui. On peut toujours remettre en cause le comportement limite voire irrespectueux du joueur envers son équipe et ses coéquipiers mais il n’a fait que jouer selon les règles qu’on lui a accordées. Demande et tu obtiendras, n’est-ce pas le mode de vie de James Harden depuis huit ans et demi désormais ? Des privilèges qui auront aussi permis de libérer le potentiel plein et entier du joueur et faut-il le rappeler : MVP, second meilleur marqueur de l’histoire de sa franchise et avec la meilleure moyenne parmi les légendes que sont Hakeem Olajuwon, Moses Malone ou encore Elvin Hayes. L’absence de titre ne peut pas tout retirer, on ne parle pas d’un Tracy McGrady là, avec tout le respect qu’on a pour le cousin de Vince Carter. Ses moyennes parlent pour lui : 29,6 points, 7,7 passes et 6 rebonds en stats cumulées. C’est une des machines offensives les plus dingues de sa génération et même all-time. Retenir sa force offensive, ses échecs en Playoffs, ses récompenses ou son comportement limite, c’est un choix qui est propre à chacun et qui montre encore une fois à quel point le joueur n’est pas comme les autres. Que vous l’aimiez ou le détestiez, il ne laisse personne indifférent.

James Harden et les Rockets, c’est désormais de l’histoire ancienne. Comme un symbole, le départ de l’arrière renvoie la franchise à l’étape de la reconstruction, comme lors de l’arrivée du Barbu. L’ultime step-back d’une longue lignée débutée il y a huit ans et demi, le seul que la Rocket Nation n’aura pas envie d’applaudir. 


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