Le point sur les ailiers forts made in France, since l’Antiquité : du muscle, des freaks et des fondamentaux, tiercé dans l’ordre
Le 22 mai 2020 à 13:20 par Giovanni Marriette
Semaine thématique et amour de notre patrie obligent, on s’attaque aujourd’hui à un petit état des lieux du poste 4 en France. Qui ont-ils été, qui sont-ils, qui sont leurs réseaux et qui seront-ils dans quelques années, on tente de balayer tout ça en respectant tout le monde et en n’oubliant le moins de copains possible, de Limoges à Antibes, en passant par Pau, Phoenix, Malaga ou Saint-Rémy dans le 01.
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On n’oublie pas les anciens
Le pionnier des pionniers ? Un certain Robert Busnel, aka le caméléon. Bébert a occupé les postes de sélectionneur, DTN et président de la Fédé, en plus d’être également facteur, poissonnier et artiste-peintre ? Sachez qu’avant toute chose il fut un solide intérieur cinq fois champion de France, trimballant sa carcasse de Mulhouse à Paris en passant par Grenoble ou Lyon. On peut citer également, un peu plus près de nous, le parrain de Tony Parker Jean-Pierre Staelens, au moins aussi robuste qu’il fut dénicheur de talent, alors que ces messieurs Jean-Luc Deganis ou encore Philippe Szanyel, espèce de Wally Szczerbiak du basket-scrabble français mais autrement connu pour mettre des gros bumps. Mais de toute la génération 1930-1990, ça en fait des Noëls, celui qui se distingue porte un blase de province indienne puisque c’est bel et bien Jacques Cachemire qui remporte l’officieux trophée d’ailier fort le plus dominant du… vingtième siècle. Deuxième plus gros total de sélections all-time en EDF, troisième scoreur, l’intérieur guada fut l’une des principales armes des Bleus durant presque quinze ans et ses mensurations en feraient aujourd’hui un candidat parfait pour des Top 10 en NBA. Le premier freak de l’Histoire de France ? Probablement.
On passe à la télé couleurs et en parlant de sur-athlète from Pointe-A-Pitre… Jim Bilba se pose là. Champion d’Europe en 93 avec Limoges, passé à travers une vitre avec l’ASVEL en 97 et privé de Final Four, Jimbo pourrait écrire une collection de bouquins sur une vie de basketteur qui l’aura principalement mené à Cholet, Limoges et Villeurbanne, alors qu’il aura finalement eu le malheur d’exister à une époque où l’EDF n’avait pas franchement une tronche de bourreau des États-Unis. L’intérieur bondissant ira tout de même chercher sa médaille à Sydney, sommet international de la carrière de cet exceptionnel défenseur et meneur d’hommes respecté tout au long de ses vingt ans de carrière. Respecté comme… Thierry Gadou, que l’on n’a par contre jamais vu du côté de Limoges mais plutôt de Pau et d’Orthez. Landais d’origine et de cœur Titi compte environ deux dunks en carrière mais aussi 6 345 doigts d’honneur limougeauds à son actif, et à l’époque on vous jure que ça compte dans la colonne des qualités. Jim, Titi, un peu de Maxime Zianveni parce qu’on aime les posters et un bout de Derrick Lewis parce que le mec a quand même claqué un fuc**n quadruple-double en Pro A, et last but not least… Stéphane Ostrowski, véritable sommité du basket national pendant plus de vingt ans, principalement à Limoges, Antibes et Cholet. Quatre fois champion de France, meilleur scoreur de l’histoire du championnat, meilleur rebondeur, cinquième passeur, régularité incroyable pour un mec qui aura évolué au plus haut niveau jusqu’à 65 ans (43 en vrai) tout en dominant tant qu’il était sur ses cannes. Ostrowski en France ? C’est Hakeem Olajuwon, sans le Dream Shake.
Les golden boys
Boris Babacar Diaw-Riffiod, Florent Pietrus. Doit-on seulement les présenter ? Pour éviter de faire injure au grand Flo car il n’a jamais eu la chance de poser ses skills en NBA, on va donc faire ça en mode tir groupé. Le duo Babac/Flo ? Attention les yeux car ça donne à peu près ça : 477 sélections en Bleu et plus de 3000 pions inscrits, 5 titres de champions de France, 5 médailles avec les Bleus dont l’or européen en 2013, un trophée de MIP et une bague de champion NBA pour Babac, et globalement un poste 3/4 géré en Bleu durant quinze bonnes années par le duo jadis réuni à Pau lorsque les deux étaient maigres. Deux joueurs parmi les symboles d’une France du basket… qui gagne, deux destins clairement éloignés car l’un a traversé l’Atlantique quand l’autre préférait traverser les Pyrénées, mais deux hommes dont les noms trôneront très haut dans l’histoire du basket français et ce pour quelques longues dizaines d’années minimum. On vous a déjà dit merci les gars ? Non ? Si ? Et bien ça n’empêche pas de recommencer.
La génération actuelle
Disons que c’est peut-être actuellement le talon d’Achille du basket français. Non pas que nos postes 4 ne sont pas talentueux hein, loin de là, mais il apparaît que la France peine à se trouver une véritable tête d’affiche au poste 4 après une trentaine d’années ou presque à se reposer sur les épaules d’un ou deux très grands joueurs. Les ailiers forts actuels dans nos contrées ? On peut citer pêle-mêle le combo Kim Tillie, parfois 4 mais bien souvent 5 et surtout un nom devenu famous en Europe depuis un bail ; le boeuf bourguignon Adrien Moerman, vraie référence européenne depuis bientôt une demi-douzaine d’années ; le grand sniper chevelu Louis Labeyrie, valeur sûre en Europe et en EDF ; le néo-rhodanien Guerschon Yabusele, 25 ans seulement mais déjà un sacré paquet de Miles sur la carte à puce ; Livio Jean-Charles, sur le point de devenir un Hall Of Famer de l’Astroballe après avoir loupé son rendez-vous avec l’Amérique, ou encore Amath M’Baye, l’une des dernières darlings en date de Vincent Collet en Équipe de France. De vrais soldats à défaut d’être des mecs dont on se souviendra dans cent ans, mais des carrières rondement menées et loin d’être terminées pour l’ensemble des mecs cités.
Future is bright
Deux profils bien différents parmi les – peut-être – futures étoiles françaises au poste 4. Killian Tillie tout d’abord, candidat à la prochaine Draft après un cursus solide à Gonzaga et qui pourrait bien profiter de l’aura légendaire de la mif, le père et l’un des frères étant des sommités nationales du volley-ball alors que son deuxième frangin a déjà fait ses preuves au panier-ballon. Le deuxième blase que l’on doit forcément citer ? Celui de Victor Wembanyama, exceptionnel prospect nanterrien de 16 ans et de… 2m17, précoce parmi les précoces et promis à un avenir étoilé si la progression suit son cours. On parle d’un gamin qui a fait ses premiers pas en Jeep Elite à 12 ans et qui jouait déjà en U15 alors qu’il était au CP, et c’est pas loin d’être du jamais vu en France, tout comme le fait – on est d’accord – de voir un mec de 2m17 jouer poste 4. Miam-miam ? Miam-miam.
Quasiment un siècle de postes 4 balayé, on en a évidemment oublié plein parce qu’ici c’est TrashTalk et pas le Dico, mais une chose est sûre : la France a depuis toujours été capable de former de vrais postes 4… et l’avenir nous réserve peut-être de plus grandes victoires encore.