Ils sont nés 30 ans trop tard : Ricky Rubio, le maestro qui aurait dominé dans les 80’s ?
Le 22 avr. 2020 à 16:07 par Bastien Fontanieu
C’est une question que l’on se pose, parfois. Qui joue aujourd’hui en NBA, et se serait régalé en ayant évolué dans le passé ? Pour cette semaine dédiée aux meneurs sur TrashTalk, zoom sur un petit génie de notre génération qui n’a finalement que chatouillé son immense potentiel : Monsieur Ricky Rubio.
On en voit certains qui froncent les sourcils ou débarquent avec leur air tout étonné. Comment ça, Ricky est né 30 ans trop tard ? Lorsque l’on regarde le palmarès et la carrière du meneur espagnol, difficile de dire qu’il est passé à côté de quoi que ce soit. Phénomène adolescent, adulé en Europe, attendu de pied-ferme aux Etats-Unis, champion d’EuroLeague, champion d’Espagne, champion du monde et MVP de la compétition 2019, deux fois vainqueur de l’EuroBasket et médaillé d’argent aux Jeux Olympiques, Rubio possède un CV que des dizaines de milliers de basketteurs rêveraient d’avoir. C’est indéniable, Ricky est un des joueurs européens majeurs de sa génération, un crack qui a remporté de nombreux récompenses individuelles et collectives tout en véhiculant une image proprissime, celle d’un coéquipier qui met tout le monde à l’aise, pense aux copains avant lui-même, et n’a jamais un mot au-dessus de l’autre. Jusque-là, rien à redire. Rubio est d’une certaine manière excepcional.
Sauf que lorsqu’il s’agit de NBA, et du souvenir que l’on a de RR jusqu’ici, il y a comme un sentiment de déception. Le terme est peut-être trop puissant, c’est plutôt un sentiment de… il aurait pu faire tellement plus…! Est-ce à cause de la hype qui l’entourait avant sa Draft ? Certainement, et lors de sa saison rookie dans le Minnesota, Rubio était le talk le plus sexy de la Ligue grâce à sa vision du jeu et sa maturité à la mène. Deuxième du vote au Rookie de l’Année derrière Kyrie Irving, il y avait de quoi se frotter les mains en Espagne. Mais peut-être que Ricky a été saccagé par deux événements importants, comme on l’a vu avec de nombreuses étoiles filantes en NBA. Premièrement, sa blessure aux ligaments croisés dès sa saison rookie, qui l’a stoppé net dans son ascension vers les sommets. Deuxièmement, sorry Wolves fans, le fait d’être drafté dans le Minnesota. Une franchise qui n’a ni apporté de vétéran, ni tenté de viser loin, ni proposé de management stable au fil des années pour un joueur habitué à la gagne. Oui, pour ces raisons et potentiellement d’autres (grosse blessure à la cheville en 2014, décès de sa mère en 2016), on peut expliquer rationnellement ce sentiment mentionné en tête de paragraphe. On aurait tous aimé voir Ricky faire mieux, faire plus, car dans la tête et les mains, il y avait le package parfait.
La question peut donc se poser, est-ce que Rubio est né 30 ans trop tard ? Est-ce que l’Espagnol, que l’on voit aujourd’hui dans son prime à 29 ans, n’aurait pas été une légende vivante en évoluant dans une autre décennie ? Si cette interrogation peut être posée pour bon nombre de joueurs actuels (merci Quentin, y’a moyen ouais que DeAndre Jordan domine dans les années 50), elle est plus pertinente pour Ricky que pour d’autres de par les qualités intrinsèques de son jeu. Rubio n’est pas un monstre athlétique, Rubio est un chef d’orchestre, un joueur intelligent et patient sur demi-terrain, excellent défenseur, capable de cavaler et délivrer des passes fantastiques, loin des freaks athlétiques à son poste aujourd’hui. Dans une décennie où les meneurs étaient plus cantonnés à des rôles à la Ricky, quelle image différente aurions-nous pu avoir ? Dennis Johnson, Lenny Wilkens, Mo Cheeks, voilà quelques exemples de Hall of Famers et multiples All-Stars qui ont grandement bénéficié de leur ère pour se faire une place au paradis de la mène. Nul doute que, dans ce mode science-fiction, on peut se demander ce que le jeu d’un Rubio aurait donné 30 ans en arrière.
Et peut-être que, comme pour plusieurs garçons que l’on a croisé comme Sarunas Jasikevicius, la NBA n’était pas vraiment faite pour eux, pour leur jeu, afin de dominer collectivement comme individuellement. La carrière de Ricky Rubio est magnifique jusqu’ici, mais qu’aurait-il donné à une époque où ses qualités étaient prisées, c’est la pensée du jour.