Star de demain made in France – Killian Tillie : enfin l’heure de gloire pour le plus célèbre des Bulldogs ?

Le 21 avr. 2020 à 18:31 par Arthur Baudin

Killian Tillie
source image : ESPN

Quelques mois avant la cérémonie fatidique de la Draft, TrashTalk vous propose un tour d’horizon des meilleures chances tricolores. Killian, Théo, Joel, Malcolm et encore Killian, ils ne sont pas le palmarès de Pascal le Grand Frère dans le 59, mais bien ceux qui espèrent serrer la pince d’Adam Silver en juin prochain. Oubliés l’emploi fictif de Batum et les 2 points de Frank Ntilikina en 18 minutes de jeu, la cuvée 2020 s’annonce révolutionnaire pour le basket français. Genre ? Révolutionnaire. 

Non, vous n’êtes pas les seuls à avoir l’impression que Killian Tillie a 38 ans et que ça fait 17 saisons qu’il aurait dû être drafté. La fête est finie Troy, c’est pas Gabriella qui va te faire signer un contrat à huit chiffres. Dès cet été et pour toujours, le pivot de Gonzaga va tourner la page NCAA pour intégrer le monde du basket pro. L’écriture de la préface s’achève, le chapitre premier commence…

Killian Tillie (Gonzaga Bulldogs)

Étant petits, tous ceux qui ont pratiqué à minima le sport collectif reconnaissent avoir eu des coéquipiers conditionnés par leur environnement familial. Alors là, c’est joliment dit, mais on vous assure que si le môme de Sandrine du 73 se fait découper dans la raquette, c’est l’occasion d’entendre des insultes dont vous ignoriez l’existence. Il y a également le fils du coach qui sous peine d’être renié par son paternel, doit battre le record à trois points de Klay contre Mazières-en-Mauges, le tout en 4 x 6 minutes s’il vous plaît. Killian Tillie fait lui aussi partie des enfants baignés dans un gymnase. La différence entre l’intérieur et les enfants lambda, c’est que toute sa famille baigne dans le sport. Le père ? Volleyeur. La mère ? Volleyeuse. Le frère ? Basketteur. L’autre frère ? Volleyeur. Le grand-père ? Volleyeur. L’oncle ? Champion de water-polo. La grande tante ? Voyez vous-même. En bref, une lignée complètement accro au sport de haut-niveau et qui très tôt, a véhiculé de belles valeurs au benjamin de la fratrie. À tel point que Killian va hésiter entre le volley et le basket, pour finalement préférer l’arceau au filet. Laurent et Caroline, ses parents, décident de payer à leur fils de 6 ans une première licence au club de Cagnes-sur-Mer, à quelques kilomètres de Nice. Il passe ensuite par le Stade Laurentin avant d’intégrer le Centre de formation des Sharks d’Antibes en 2013 où en un an seulement, il marque le championnat U18 de son empreinte avec un titre de Champion de France. Comme souvent, les yeux des recruteurs de l’INSEP ne manquent pas à repérer ce genre de performances et l’intérieur fait ses valises direction la région parisienne. 

Au début de l’été 2014 et quelques mois avant de porter les couleurs du Centre Fédéral, une lettre en recommandée (on en sait rien) parvient au domicile des Tillie. Le jeune Killian, alors âgé de 16 ans, est convoqué avec l’Équipe de France U16 pour disputer les Championnats d’Europe en Lettonie : le facteur est porté en triomphe par tout le voisinage et fait depuis ce jour, partie intégrante de la famille Tillie. Mais le sentiment de fierté ne suffit pas au grand blond puisque ses bleuets vont rouler sur la compétition : champions mon frère ! Pourtant aux côtés de joueurs comme Frank Ntilikina, Yves Pons ou encore Abdoulaye Ndoye, Killian est élu MVP de l’Euro et reçoit sa première récompense individuelle marquante. La ligne statistique du jeune Tillie impressionne : 14,3 points, 9,6 rebonds, 1,7 passe et 1,2 contre de moyenne, une masterclass qui met du respect sur le nom du phénomène (bien qu’il y en ait déjà beaucoup). Ce tournoi marque le début de l’ascension pour Killian puisque lors de l’exercice 2014-15, il va envoyer 8 points, 3 rebonds et 2 passes de moyenne avec le Centre Fédéral : une performance ô combien rare dès la première année d’un joueur en Senior. Dès lors, le jeune intérieur possède la visibilité nécessaire pour régaler les scouts US et l’été qui suit, le prospect signe en NCAA. Ça aurait pu être Georgia Tech ou Utah University, deux institutions également visitées par le Français, mais c’est finalement Gonzaga que va privilégier Killian.

Mardi 5 Juillet 2016, midi pile, Kevin Durant matte des highlights du prospect et prend peur : il signe à Golden State pour lancer une dynastie capable d’arrêter la progression de Killian Tillie (et toc la grosse exclu TrashTalk). Outre des statistiques naturellement moindres pour un freshman, la première saison du Français à Gonzaga est royale avec une participation au très convoité Final Four de la March Madness, et un revers en finale contre North Carolina. Killian goûte enfin à la défaite mais savoure : jouer devant 77.000 spectateurs après avoir parcouru les Complexes sportifs Jean Bouin et Gymnases Jean Jaurès, on appelle ça un glow-up. L’exercice 2017-18 image très bien ce pourquoi Gonzaga s’est attiré les services du frenchie, à savoir, remplacer Domantas Sabonis. Ka-boum, Tillie envoie 13 points, 6 rebonds, 1,7 assist et 1 contre à 58% au tir dont… 48% du parking : le sophomore est clinquant, le sophomore est beau, le sophomore domine. Le plus impressionnant reste le tournoi de sa conférence où il est élu MVP en terminant les trois matchs à 24, 26 et 22 points à 78% de réussite dont… 13/14 derrière l’arcDès lors, plus rien ne semble en capacité de stopper la progression du phénomène et sa saison Junior se profile bien. Mais chaque belle histoire a sa part d’ombre et à l’aube de l’exercice 2018-19, le stretch contracte la première blessure d’une longue série. Résultat ? Seulement 15 matchs disputés en tant que remplaçant et des statistiques que même Dupond-Moretti refuse de défendre. Après avoir annoncé sa candidature à la Draft NBA pour tenter de sauver les pots cassés, Killian est contraint de retirer son nom suite à une blessure lors d’un workout. N’apparaissant même plus dans les prédictions des médias ricains, l’angoisse débarque dans la vie du frenchie.

À l’approche de la saison 2019-20, les fans du joueur se posent des questions : que peut encore espérer l’intérieur français ? Le talent de l’Azuréen surpassera-t-il les blessures ? 22 piges et candidat à la Draft, c’est pas un peu vieillot ? Primo, le petit bro’ de Kim répond de la meilleure des manières en disputant 24 rencontres pour 13,6 points, 5 rebonds, 1,9 assist et 1 interception à 62% au tir dont 40% derrière l’arc. Deuzio, après une opération du genou en début d’exercice, l’état de santé de Tillie continue d’inquiéter suite à une entorse de la cheville en Janvier dernier. Troisièmo, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Quarto, les mamans ont toujours raison :

“Nous jouons au volley et ne connaissons pas vraiment le basket mais… je pense qu’il est bon.” Caroline Tillie pour Gonzaga TV

Élue décla’ de l’année 2020, nul doute que Killian a lâché sa larmichette. Si le joueur n’a encore rien annoncé quant à la cérémonie en juin, juillet ou décembre prochain, il serait étonnant de le voir snober cette dernière, lui qui croit fortement en ses chances d’être sélectionné. La position du zag varie beaucoup en fonction des mocks, allant de la fin du premier tour à une soixantième place ras les pâquerettes. Son profil d’intérieur stretch au QI basket développé joue en sa faveur, pouvant intéresser plusieurs franchises qui prônent le spacing. Le produit de l’INSEP possède également un touché soyeux qui mine de rien, allège son jeu en apparence. Une sorte d’alliage entre Frank Kaminsky et Aron Baynes, qui peut oublier de défendre s’il tape une flemme. Bon rebondeur, Killian n’est cependant pas un protecteur d’arceau suprême à l’heure où ces lignes sont écrites. Étonnant puisque le côté athlétique est bel et bien présent chez le frenchie, qui a détruit plus d’un cercle universitaire. Bref, la hype est là et ce depuis longtemps. Trop longtemps ? Il faut savoir prendre son temps si l’on ne veut pas le perdre à recommencer.

Mocks Draft 

Tankathon annonce Killian Tillie en quarante-et-unième position de la Draft 2020.

SportsRaid annonce Killian Tillie en vingt-neuvième position de la Draft 2020.

The Athletic annonce Killian Tillie en cinquante-septième position de la Draft 2020.

Après 4 saisons de type montagnes russes à Gonzaga, le Français termine sur une bonne note en réalisant son meilleur exercice individuel. Même s’il est champion de sa Conférence aux côtés de son compatriote Joel Ayayi, il ne connaîtra pas la joie de remporter un titre NCAA. Le meilleur reste à venir, on l’espère, pour un bonhomme bosseur qui mérite plus que de la Jeep Élite (avec tout le respect que l’on a pour Chris Horton).

Source : ESPN, Gonzaga TV, RealGM, le site officiel des Sharks d’Antibes et Proballers


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