Ja Morant n’a pas traîné : des stats et du show, du clutch et du flow, et Memphis a rarement été aussi à la mode
Le 02 avr. 2020 à 13:25 par Giovanni Marriette
On s’attendait à des débuts solides et pleins de promesses, mais peut-être pas à ce point-là. Les Grizzlies avaient décidé très vite de faire tapis sur la pépite de Murray State et force est de constater aujourd’hui que le pari n’est pas loin d’être – déjà – gagné. La jeunesse de Memphis se porte bien merci pour elle, le front office s’est mis sérieusement au taf, mais la hype qui entoure la franchise du Tennessee tient en deux lettres. Un J, et un A.
Oh Ja Ja, en catchana baby tu dead ça. La vanne est so 2019 mais comme ça c’est fait, on passe à autre chose. Car la saison rookie de Ja Morant n’est pas seulement une occasion magnifique de se remémorer cette douce période à laquelle on avait encore du basket toutes les nuits, elle est aussi une belle manière d’imaginer le futur des Grizzlies. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Oursons avaient bien calculé leur coup…
Mai 2019, de vraies discussions s’opèrent autour d’un trade de… Mike Conley. Lui l’un des (le ?) meilleurs joueurs de l’histoire des Grizz, lui qui sort de sa plus grosse saison en carrière avec 21,1 points et 6,4 passes par match, lui qui affiche quasiment 900 matchs en carrière sous le maillot turquoise. La raison de cette idée de relativement longue date mais devenue insistante ces dernières semaines ? La franchise souhaite enfin opérer ce fameux virage dont on parle depuis quelques années et après le départ de Marc Gasol quelques mois plus tôt, c’est désormais Gentleman Mike qui entrevoit la sortie. Mais si cette fois-ci les dirigeants de Memphis semblent bel et bien décidés à couper le cordon, c’est aussi et surtout car ils sont tombés amoureux. Fou amoureux. La nouvelle darling des Grizzlies s’appelle Ja Morant et nous vient de l’université de Murray State, elle tourne à 24 points, 6 rebonds et 10 passes et fait saliver à peu près 29 franchises NBA. 29 car les Pelicans ont déjà publié les bans avec Zion Williamson, mais le plus intéressant dans tout ça est évidemment que, ô comble du bonheur, les Grizzlies disposent du choix n°2. Le raccourci est donc vite fait. D’un côté une franchise qui souhaite repartir avec du flambant neuf, de l’autre un meneur vieillissant qui semble avoir fait son temps en ville, et de l’autre une pépite comme il n’en arrive que très rarement ? Allez, zou, Mike Conley dégage direction le Jazz, Ja Morant est évidemment sélectionné par les Grizzlies à la Draft et une nouvelle histoire peut donc s’écrire.
Et comme prévu le temps d’adaptation du gamin sera, hum, très très court. Deux matchs pour se mettre en jambe et une première mixtape face à Kyrie Irving, excusez du peu, dans un thriller qui verra le rookie lâcher 30 points et 9 passes pour répondre au 37/7/7 d’Uncle Drew, et qui verra surtout Ja Morant… poser une énorme bâche sur le meneur des Nets dans le money time. A star is born et on ne parle pas du navet de Bradley Cooper. Pendant que Ja Morant s’impose au monde ? Zion Williamson soigne son gros corps et en quelque semaines seulement la course au trophée du Rookie Of The Year a déjà trouvé son dictateur. Une bâche sur Kyrie donc, puis une patate sur Aron Baynes, puis un game winner dans le trafic face aux Hornets et la hype est déjà beaucoup trop folle, d’autant plus que le garçon continuera son festival tout au long de la saison. Poser ses fesses sur le crâne de P.J. Tucker, causer une entorse des cervicales à Deandre Ayton, Taj Gibson ou Trevor Ariza, kidnapper l’honneur de Jerome Robinson et échouer à deux millimètres d’offrir le poster de la décennie à Kevin Love ? Rien ne fait peur à Ja Morant et pour être tout à fait honnête… ça fait juste quelques années qu’on n’avait pas vu ça, tout simplement. Pour la faire courte, on est donc face à un gamin dont la violence des tomars rappelle Russell Westbrook, dont le hang time et la grâce nous fait penser au Derrick Rose du début des années 2010, et dont l’exceptionnel sens de la passe caviar et du spectacle n’est pas sans rappeler un certain… Jason Williams. Ça vous va comme fusion atomique ? Parce qu’en fait on n’exagère pas du tout.
Mais au delà des skills de l’ado, quelque chose a frappé cette saison et Ja y est directement associé : les Grizzlies dans leur ensemble ont séduit, et ils ont gagné.
Ils ont même gagné un paquet de match, à tel point qu’au moment du triple-double de John Covid… Memphis était tout simplement playoffable. Playoffable alors qu’une grande partie des observateurs plaçait les Grizzlies plutôt en queue de peloton en début de saison, et après tout c’était plutôt logique pour l’année I d’un projet de reconstruction. Sauf que Ja Morant a emmené dans son sillage ses deux potos Jaren Jackson Jr. et Brandon Clarke, sauf que Ja Morant a emmené avec lui Dillon “Alexandre Astier” Brooks, sauf que Jonas Valanciunas a terminé sur le podium de la CDM des bûcherons, sauf que De’Anthony Melton… bref tout le monde a pris l’aspiration de la fantastique saison de Ja, catapulté en quelques secondes roi de la ville et adoubé par la NBA toute entière. Un meneur de jeu hyper-athlétique ? Qui joue comme s’il était en pleine tournée des Harlem Globe Trotters ? Clutch ? Et qui rend ses coéquipiers meilleurs ? Bienvenue en NBA, ouvrez lui toutes les portes. 17,6 points, 3,5 rebonds et 6,9 passes, du highlight à sortir un Blu-Ray dès sa première saison et des Grizzlies à trois poils de cul d’un bilan positif en mars, on appelle ça une saison de ROY, alors messieurs envoyez d’ores et déjà le colis et vous connaissez l’adresse, c’est à la mairie de Memphis.
On attendait un show naissant et on a donc eu droit à un show… retentissant. En quelques mois seulement Ja Morant s’est affirmé comme l’un des bijoux de notre NBA 3.0, et si en ces temps un peu durs vous avez du mal à trouver le sourire, dîtes-vous qu’on va donc prendre du Morant plein les yeux pour au moins quinze ans. Alors, ça marche ? On le savait. Et si vous hésitez encore, hop, on clique juste ci-dessous.