Saison de platine pour Damian Lillard : le rappeur a mis toutes ses punchlines dans le même morceau pour tenter d’accrocher les Playoffs
Le 30 mars 2020 à 14:02 par Benoît Carlier
De retour sur les planches après un été chargé au studio et la sortie de son troisième album, Damian Lillard n’avait qu’un seul objectif en tête au début de la saison : tout faire pour enfin remporter un titre avec sa franchise de toujours. Collectivement, ça a été plus compliqué, mais que dire du récital qui nous a été offert par le numéro 0 depuis octobre ?
A Portland, il y avait de quoi être confiant à l’attaque de ce nouveau calendrier NBA. Le front office avait fait sa part du boulot pendant l’intersaison en continuant de se séparer de certains contrats XXL pour renforcer un peu plus le roster de la deuxième meilleure équipe de l’Ouest en 2019. Mais le destin va s’en mêler, privant Terry Stotts de deux de ses starters dès le premier quart de la saison sans évoquer Jusuf Nurkic, le homie de Dame, bloqué à l’infirmerie pour encore plusieurs mois. Très vite, on réalise que le point guard va encore devoir prendre tout le monde dans son sac à dos pour espérer quelque chose de cette année maudite dans l’Oregon. Avec quatre mois de compétition dans le rétro, on peut dire que le contrat a été rempli par le franchise player même si les Playoffs sont encore incertains et que les Blazers sont assez nettement dans le négatif à l’heure de cette suspension de la saison à cause d’un fichu virus à couronne (29-37). En tout cas, Damian Lillard peut dormir sur ses deux oreilles et profiter de ce temps inattendu avec son fils l’esprit tranquille, il sera difficile pour les haters d’aller le chercher. Et si certains y arrivent, D.O.L.L.A pourra sortir ses meilleures rimes pour leur répondre.
Modèle de fidélité dans une Ligue où les joueurs n’ont jamais eu autant de pouvoir, le natif d’Oakland donne tout pour sa franchise sans arrières pensées. Son nouveau contrat de 196 millions de dollars sur quatre ans signé l’été dernier ? Il va essayer d’en mériter chaque centime sans perdre une saison à rentrer dans un bras de fer infernal avec ses dirigeants. Dame n’a pas le temps pour ça, lui qui rêve de mettre Portland tout en haut de la pyramide avant de se retirer. Et tant pis s’il n’y parvient pas, tant qu’il donne tout sans compter de la première à la dernière minute de sa carrière. Le destin (encore lui) l’a mené jusqu’à Portland et c’est là-bas qu’il veut réaliser des choses. Cette saison en est le meilleur exemple. En plein prime, Lillou nous a tout simplement livré sa meilleure campagne en carrière et on ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir essayé si jamais les choses tournent mal pour les Pionniers. On peut même dire qu’il a tout fait pour tenter d’accrocher le bon wagon de la Conférence Ouest même si les chances de passer un seul tour semblent aussi minces que les espaces entre tous ses tatouages.
Maintenant qu’on a posé le tapis de sol, il est l’heure de dégainer quelques chiffres. Vous êtes prêts ? On y va ! 28,9 points (record en carrière), 7,8 assists (record en carrière), 4,3 rebonds et 1 interception à 45,7% au tir (record en carrière) et 39,4% du logo (record en carrière). Irréprochable on vous dit ! Et tout ça posé en 36,9 minutes, soit la plus grosse moyenne de la Ligue cette saison. On ne peut pas dire qu’il se soit reposé et l’argument du stat padding est également irrecevable avec de tels pourcentages et une place de sixième au classement des meilleurs passeurs. Mais ce qui nous impressionne encore le plus, c’est cette capacité à scorer de plus en plus vite et de plus en plus loin. Le spécialiste des mauvais tirs selon Paul George n’a pas compris la leçon bien au contraire. La distance n’a plus aucune influence sur lui et il faut prévoir un défenseur dans son short dès qu’il atteint la ligne médiane si on ne veut pas être puni. Désormais, la période où l’on pouvait encore snober Damian Lillard au All-Star Game nous paraît bien loin, lui qui serait certainement un candidat au MVP très sérieux avec une vingtaine de victoires en plus dans la besace. Car les wins, c’est tout ce qui lui manque pour faire de cette saison un classique.
On peut même parler d’un gros point noir dans le dossier du rappeur préféré de ton rappeur préféré qui est reparti de sa deuxième meilleure performance en carrière au scoring (la meilleure à l’époque) avec un L bien cheum tatoué sur le front. C’était contre Brooklyn en novembre dernier et les 60 points du meneur n’avaient pas suffit pour repartir du Moda Center avec la victoire. Un sacré coup sur la tête qui ne l’a pas empêché de remettre ça avec une série complètement dingue à cheval sur janvier et février où Damian Lillard a envoyé, tenez-vous bien, 48,8 points à 57% de loin, 10,2 caviars et 7,2 rebonds de moyenne pendant six matchs où il n’a pas touché terre une seule seconde. L’occasion de réaliser son premier triple-double en carrière et d’améliorer son career-high avec 61 unités dans la victoire face aux Warriors. Néanmoins, même lors de cette zone qui a duré dix jours, les Blazers ont trouvé le moyen d’en lâcher un en route contre Dallas. Pour résumer, même lorsque le boss est en transe, les Blazers ne sont pas assurés de l’emporter et c’est là tout le problème de cette équipe qui a également beaucoup souffert en son absence (2-6). La dépendance est bien présente mais la simple présence du All-Star ne suffit pas pour faire partie des huit meilleures équipes à l’Ouest. Il reste encore un peu de temps pour changer cette phrase mais vivement que les blessés reviennent…
Tout seul, Damian Lillard n’y arrivera pas. Si le meneur a prêté allégeance aux Blazers, il faudra mieux l’accompagner pour ne pas le voir terminer sa carrière dans la longue liste des joueurs les plus doués jamais bagués. Mais comme le poète le dit, ce qui compte ce n’est pas le titre, c’est tout le chemin pour y parvenir.