Star de demain made in France – Théo Maledon : la force tranquille qui va secouer la Grande Ligue
Le 05 mars 2020 à 10:27 par Arthur Baudin
Quelques mois avant la cérémonie fatidique de la Draft, TrashTalk vous propose un tour d’horizon des meilleures chances tricolores. Killian, Théo, Joel, Malcolm et encore Killian, ils ne sont pas le palmarès de Pascal le Grand Frère dans le 93, mais bien ceux qui espèrent serrer la pince d’Adam Silver en juin prochain. Oubliés l’emploi fictif de Batum et les 2 points de Frank Ntilikina en 18 minutes de jeu, la cuvée 2020 s’annonce révolutionnaire pour le basket français. Genre ? Révolutionnaire. Focus aujourd’hui sur le petit prince de Villeurbanne, Théo Maledon.
Théo Maledon (LDLC ASVEL)
Non, humer l’air, voir un testicule pousser sur son épaule puis passer au 13h de Pernaut n’est pas le seul moyen de percer quand on vient de Rouen, Théo Maledon en est la preuve. Âgé de trois ans, le meneur pose ses premiers dribbles dans le club du Mesnil-Esnard, où il y évolue jusqu’en poussin avant de rejoindre le SPO Rouen. Très tôt, ses qualités apparaissent comme évidentes aux yeux des observateurs normands et les chevilles brisées par Théo glissent jusqu’aux portes de l’INSEP. Boum, le prospect quitte le foyer familial pour les bords de Seine où il jouera deux ans sous les couleurs du Centre Fédéral de Basketball (Nationale Masculine 1). On ne vous demande pas où vous étiez à 14 piges, lui, enfilait un Freegun avant d’aller affronter des pères de famille. Dès sa deuxième saison avec le CFBB, Maledon envoie 8,2 points, 2,4 rebonds et 3 passes de moyenne à 40% au tir dont 41% du parking : l’avenir s’annonce doré (mi-fa-sol) pour le Normand qui cherche désormais à rejoindre un club professionnel. Le talent de l’enfant prodige ne s’apprend plus mais ses exploits se content, et si beaucoup de clubs bataillent pour s’attacher les services du prospect, seule l’ASVEL trouve les mots (ou le Président) pour convaincre le meneur. La vadrouille terminée et la France traversée, the future is yours Théo.
“L’oisillon au creux du nid ne peut connaître l’étendue de l’univers”, c’est ce qu’explique Cicéron sur le plateau de RMC Sport. Aux yeux du philosophe grec, même si Maledon est âgé de 16 ans et se retrouve à 600 km de sa Normandie natale, le choix sportif est cohérent et le gain en maturité conséquent. De son côté, l’intendant gonfle les bibis et monte les valises du jeune meneur jusqu’à sa nouvelle chambre au sein du Centre de Formation. Théo le sait, il doit d’abord faire ses preuves avec l’équipe espoirs pour espérer intégrer l’effectif professionnel de l’ASVEL, une tâche qui s’annonce compliquée. Et bah… non, le Rouennais pose 16 pions, 4,5 rebonds, 5 assists et 1,5 interception de moyenne pour sa première saison U21, et réalise quelques entrées anecdotiques avec l’équipe fanion. Lors du “Adidas Next Generation Tournament” orchestré par l’EuroLeague, la révélation est totale pour Théo Maledon qui détruit littéralement la concurrence avec 28,5 points, 5 rebonds, 6,8 passes et 2,3 steals de moyenne, permettant à son équipe de ramener une médaille de bronze après quatre rencontres de haut-niveau. L’été qui suit, Tony Parker propose un contrat professionnel à son protégé qui n’hésite pas une seconde pour dégainer sa plume. Désormais, les yeux sont rivés sur le petit prince de Villeurbanne qui s’apprête à débuter sa première saison professionnelle, à seulement 17 ans…
Le sprint final avant la Draft NBA est lancé, il reste deux saisons à Maledon pour enchaîner les cartons et devenir indispensable à l’ASVEL. Rapidement, le collectif profite au meneur qui s’appuie d’un très bon Miro Bilan pour se perfectionner sur pick-and-roll. Avec 7 points, 2 rebonds et 2 assists à 47% au tir dont 40% du parking, Théo réalise une belle saison et soulève le titre de Champion de France. Il est également élu MVP de la Finale de Coupe de France, meilleur espoir de Jeep Élite devant Sekou Doumbouya et participe au Skills Challenge du All-Star Game, gage de réussite dans la vie d’un basketteur (non). Lors de l’été 2019, Maledon est annoncé dans le Top 5 de la Draft mais quelques pépins physiques de septembre à décembre mettent fin à l’ascension du Français, qui chute dans les prévisions. Aujourd’hui, le petit prince est dans une forme olympique et sort d’une bonne Leaders Cup déroulée sous les yeux de scouts NBA. L’apprentissage continue avec de belles sorties en EuroLeague contre des gros morceaux du continent : 13 points contre le Zalgiris Kaunas, 13 points contre Belgrade, 10 points contre Barcelone et plus récemment cette fulgurance avec neuf points consécutifs contre Valence… Avec 17% des votes, il est élu troisième Rising Star de la compétition derrière l’incroyable Deni Avdija. Si l’ASVEL connaît une légère méforme, la fin de saison de Théo sera scrutée par beaucoup et sa position lors de la cérémonie en juin prochain n’a jamais été aussi incertaine.
Killian est le feu, Théo est la glace. Récompensé lors de son passage à l’INSEP pour ses excellents résultats scolaires, le protégé de TP transforme tout ce qu’il touche en or. Il n’est pas le plus extraverti des prospects de cette cuvée 2020, et travaille visiblement plus son tir que son dégradé. Typiquement le genre de môme qui se bat pour être connu, puis porte des lunettes noires afin qu’on ne le reconnaisse pas. Sur les réseaux sociaux, Théo est étonnamment absent depuis presque un an avec comme dernière publication Instagram le trophée de Champion de France 2019, symbole d’un joueur focus sur son jeu. Oui, il y a un peu de Ntilikina en Maledon de part son calme et sa sérénité, mais aussi du Noah Parker pour sa fougue et sa vision du jeu. L’idée n’étant pas de le comparer à d’autres mais de savoir s’il est prêt à cartonner en NBA sans passer par les Blues Coats du Delaware ou les Bulls de Windy City. Boh, le gosse a clairement quelque chose en plus et continue de le démontrer jour après jour, à l’image de cette incroyable no-look passe contre Valence. Il faut dire que la relation spirituelle père/fils que Théo entretient avec Tony Parker est unique, et ne peut que mettre en confiance le jeune meneur. Allez, arrêtons les comparaisons puisque le boss n’aime pas trop ça :
Comme je dis toujours, les comparaisons sont un truc de journalistes. Théo prendra son propre chemin, il a beaucoup progressé cette saison. – Tony Parker
Il a raison Tony, les comparaisons sont un truc de journaliste. Bref, où pourrait-on voir évoluer Maledon pour sa première saison NBA ? Le fantasme ultime que représentent les Spurs n’est pas inatteignable et Gregg Popovich aurait beaucoup à apprendre au Villeurbannais. Il ne serait pas étonnant non plus de le retrouver dans des franchises telles que les Pacers ou le Thunder qui possèdent des choix concordants avec sa position. Ou encore à Toronto qui envoie régulièrement des scouts et même Masai Ujiri himself à l’Astroballe. Quoi qu’il en soit, c’est plein d’espoir que Théo quittera le sol français en juin avec on l’espère, une considération à sa hauteur de la part des GM.
Mocks draft
ESPN annonce Théo Maledon en quatorzième position de la Draft 2020.
Forbes annonce Théo Maledon en seizième position de la Draft 2020.
Draftroom et The Athletic annoncent Théo Maledon en dix-septième position de la Draft 2020.
Tankathon annonce Théo Maledon en dix-huitième position de la Draft 2020.
NBC Sports annonce Théo Maledon en dix-neuvième position de la Draft 2020.
Théo Maledon est une erreur de la nature qui allie cerveau et qualités physiques, sans dévoiler ses émotions aux caméras. Sa récente chute dans les mocks draft fait planer le doute au-dessus de sa position lors de la cérémonie en juin prochain, mais son talent reste une bonne garantie. Un backcourt Maledon-Hayes en équipe de France, vous signez ? Nous, oui.