L’histoire de Greg Oden, racontée par Greg Oden : blessures, alcool, rédemption… l’ancien numéro 1 de la Draft se livre

Le 28 févr. 2020 à 19:04 par Nicolas Meichel

greg oden 26 juillet 2022
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Il était censé devenir le pivot dominant de la décennie 2010. Au lieu de ça, Greg Oden est souvent considéré comme l’un des plus gros busts de l’histoire de la NBA. Non pas qu’il était plus nul que Kwame Brown, c’est juste que son corps n’a jamais tenu. Lors d’une récente interview, l’ancienne star d’Ohio State est revenue sur tout ça, et surtout l’adversité qui a accompagné l’échec de sa carrière NBA. 

Vous connaissez Sam Bowie ? Si son nom vous dit quelque chose, ce n’est probablement pas pour ses exploits basket, mais parce qu’il a été drafté juste avant Michael Jordan, par Portland en 1984. 23 ans plus tard, on a eu droit à un scénario similaire dans l’Oregon. Cette fois-ci, c’est Kevin Durant que les Blazers ont laissé filer en sélectionnant Greg Oden avec leur first pick. Aujourd’hui évidemment, quand on voit la carrière des deux bonhommes, ce choix fait partie des très grosses anomalies de l’histoire de la Draft. Oden n’a joué que 105 matchs en NBA et a squatté l’infirmerie pendant la majorité de sa carrière à cause de genoux en carton, tandis que KD est un futur Hall of Famer. Sauf qu’en 2007, la sélection du pivot d’Ohio State n’avait rien de scandaleuse, même s’il y avait débat vu le talent et le profil atypique de Durant. C’est simple, il était perçu comme le futur de la Grande Ligue à son poste, celui qui devait terroriser les raquettes à l’image de Shaquille O’Neal quelques années plus tôt. Shaq, Bill Russell, David Robinson, tous ces noms-là étaient mentionnés quand il s’agissait de comparer Greg Oden avec des joueurs de passé. Bonjour la pression. Mais ces comparaisons puisaient leur source dans la grosse domination d’Oden dès le niveau high school, puis en NCAA avec les Buckeyes. Talent, agilité, explosivité, énorme impact défensif, NBA Ready au niveau du physique avec ses 2m13 et ses 113 kilos, il avait le potentiel pour briller au plus niveau. La suite, on la connaît.

Enfin disons qu’on connaît surtout la carrière chaotique de Greg Oden, et ses histoires de blessures à répétition. Mais on connaît un peu moins l’impact de toutes ces blessures sur le plan psychologique. Ça tombe bien, l’ancien pivot des Blazers a récemment lâché une interview à HoopsHype, durant laquelle ce sujet a justement été abordé.

“Quand vous êtes blessé, vous vous sentez très seul et vous voulez être avec vos coéquipiers. Vous voulez être capable de réaliser les choses pour lesquelles vous avez été recruté. Vous voulez ramener un titre et faire de grandes choses sur le terrain, mais vous ne pouvez pas physiquement. C’est dur. Mentalement, vous essayez de gérer ça. Parfois, quand vous êtes jeune, vous ne savez même pas comment vous gérer vous-même et gérer vos propres pensées, et tout d’un coup vous êtes complètement seul. Comment faire face à ça ? Comment se lever chaque jour en sachant que ça fait mal ? C’est très dur mentalement.”

Sa carrière a déraillé, et lui aussi par la même occasion. Quand un joueur est considéré comme un grand espoir du basket dès le plus jeune âge, et que finalement ça foire pour une raison ou pour une autre, l’estime de soi peut en prendre un coup, et ce joueur peut vite tomber dans une spirale infernale, tout simplement car il est perdu sans la grosse balle orange. Crise d’identité, crise de confiance, crise tout court. C’est un peu ce qui est arrivé à Greg Oden, qui s’est réfugié dans l’alcool pour oublier. Une dépendance qui a notamment provoqué une agression sur son ex-petite amie en août 2014, quand il a frappé cette dernière au visage. C’est ce qu’on appelle toucher le fond. Pour sortir la tête de l’eau, il est revenu dans son université à Ohio State en 2016 après un ultime passage en Chine, et c’est son ancien coach Thad Matta qui lui a en quelque sorte tendu la main.

“Je me rappelle, j’avais appelé coach Matta, je ne savais même pas qui j’étais, et je ne pouvais pas rester silencieux et replié sur moi-même. Il était du genre, ‘Viens à la salle, viens à l’entraînement.’ Je commençais à revenir à l’entraînement et honnêtement, le fait d’avoir à nouveau le basket dans ma vie, le fait d’avoir quelque chose à faire chaque jour, c’était crucial pour sortir de cette spirale. Et puis ensuite, une fois que j’étais là, il m’a dit, ‘Tu sais, il y a ce programme qui existe pour obtenir ton diplôme…’ J’ai dit, ‘Hmm, d’accord.’ Et puis je suis retourné en cours, j’étais obligé de me concentrer et je ne pouvais pas avoir la gueule de bois tous les jours. Cela m’a donné un chemin à suivre. Et puis j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de boire chaque jour pour me sentir bien, ou tout simplement pour ressentir quelque chose.”

En avril 2016, Greg Oden a intégré le staff des Buckeyes dans un rôle d’étudiant-coach pour aider à développer les jeunots de l’équipe. Comme il l’indique, cela lui a permis de retrouver un cadre grâce au basket, et dans le même temps de bosser pour décrocher un diplôme dans le domaine de l’industrie du sport. Et c’est ce qu’il a fait, lui qui est diplômé depuis mai 2019. Une belle redemption story comme on les aime, inspirée notamment par sa famille. Il avait promis à sa mère qu’il irait au bout de ses études et il voulait aussi devenir un bon exemple pour sa fille, née en 2016, environ un an avant le mariage de Greg avec sa fiancée.

Aujourd’hui, Greg Oden a laissé le coaching un peu de côté pour se concentrer sur un nouveau rôle, celui de conseiller financier pour athlètes. L’objectif est évidemment de les aider à mieux gérer leur argent, mais aussi les guider vers des investissements fructueux pendant qu’ils sont dans une position favorable. Avec la manière dont sa carrière s’est déroulée, on peut dire que l’ancien pivot des Blazers possède une vraie légitimité. Bah oui, il est la preuve vivante qu’une carrière peut s’arrêter très vite, avec les conséquences qu’il peut y avoir derrière. En tout cas, Greg Oden a aujourd’hui retrouvé le droit chemin, et semble être en paix avec son passé de joueur de basket.

“Honnêtement, avec le mot ‘bust’, j’avais tendance à le balancer en parlant de moi. Je retirais le pouvoir qu’il avait sur moi en disant un truc du genre, ‘Je suis peut-être un bust, mais c’est l’avis de quelqu’un d’autre.’ J’ai eu une opportunité et ça n’a pas marché, malheureusement. Cela ne s’est pas passé comme prévu, mais je pense que j’étais un sacré joueur de basket à l’époque. J’ai une drôle d’histoire par rapport au mot ‘bust’ : si vous allez sur YouTube et tapez ‘Greg Oden highlight video’, la meilleure est celle intitulée, ‘Greg Oden : A Bust ?’ Allez voir. J’ai regardé la vidéo. D’ailleurs, je la regarde à de nombreuses reprises, ça m’aide à me sentir bien dans ma peau ! (rires)”

Greg Oden a seulement 32 ans aujourd’hui. Il a pris sa retraite à 28 piges et a traversé beaucoup de moments sombres dans son chemin personnel. Mais malgré toutes ses galères et une carrière NBA brisée par les blessures, Oden a su rebondir. Alors le mot ‘bust’, on va gentiment le laisser de côté le concernant.

Source texte : HoopsHype


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