Un hommage à Kobe Bryant, avec une pointe de “je t’aime moi non plus”

Le 30 janv. 2020 à 13:59 par Nicolas Meichel

Source image : YouTube/ESPN

Kobe. Kobe Bean Bryant. Parti trop tôt et de façon si brutale avec sa fille Gianna, Kobe laisse un énorme vide dans le cœur de ceux qui l’ont admiré, ceux qui ont été inspirés d’une façon ou d’une autre par son éthique de travail et tout ce qui le caractérisait. Quelques jours sont passés depuis la tragédie de ce terrible 26 janvier 2020, et il est désormais venu le temps pour moi d’exprimer certaines émotions pour pouvoir vraiment repartir de l’avant. L’écriture de cet article, c’est à la fois une forme de thérapie et un moyen de rendre hommage à la légende des Lakers, parce que moi non plus, je n’en serais pas là sans elle. 

Depuis dimanche, les fans de la balle orange et ceux pour qui Kobe représentait une figure importante ont globalement traversé les mêmes émotions. Le choc tout d’abord, le déni ensuite, puis l’énorme tristesse face à cette terrible tragédie. Les larmes ont coulé, et coulent toujours chez certains. Le processus d’acceptation prend plus ou moins de temps selon les personnes mais d’un point de vue strictement personnel, mon cerveau arrive progressivement à réaliser la perte de Kobe Bryant et le fait qu’il ne soit plus de notre monde. C’est horrible à écrire, et ça n’adoucit pas la peine que l’on peut tous ressentir. Mais ça permet d’avancer, lentement mais sûrement, un moment après l’autre comme le disait si bien le Mamba. C’est pourquoi j’écris ce papier aujourd’hui, avec du Nipsey Hussle dans les oreilles, une autre légende made in Los Angeles partie beaucoup trop tôt. Au cours des derniers jours, les premiers qui ont suivi le crash, il m’était quasiment impossible de trouver les mots pour exprimer le flot d’émotions présent à l’intérieur de moi. Il m’était impossible d’écrire quelque chose de vraiment rationnel face à la grosse tempête provoquée par son départ si abrupt. Au lieu de ça, j’avais des images de Kobe qui défilaient dans ma tête, les unes après les autres. Et pas forcément des images marquantes de sa carrière de basketteur, comme ses 81 points, son alley-oop pour Shaq en 2000 ou son dernier match mythique à 60 pions, mais plus des images de certaines interviews, quand il partageait sa vision des choses, quand il nous transmettait son énergie et sa Mamba Mentality. C’est souvent ce qui m’a attiré le plus chez lui. Évidemment, Bryant était une merveille à voir jouer. Ses fondamentaux, son talent immense, son côté showtime… il était un spectacle à lui tout seul. Mais je n’ai jamais cherché à devenir le meilleur basketteur possible. Par contre, ça m’a toujours intéressé de progresser sur le plan mental afin de pouvoir avancer dans mon propre parcours. Et c’est là que Kobe était spécial. Car il pouvait toucher tout le monde, peu importe la profession et les ambitions de chacun. Juste s’asseoir et regarder certaines de ses interviews sur YouTube, c’était à la fois instructif et motivant. Il a transmis de nombreux messages qui ont pu résonner chez moi à un moment ou à un autre. Je ne dis pas que je partage absolument tout ce qu’il disait car on a tous une vision différente du monde qui nous entoure, mais il a clairement fait partie de mes nombreuses sources d’inspiration.

Quand vous découvrez la NBA au début des années 2000, c’est difficile de passer à côté de Kobe. J’ai été plongé dans le monde de la balle orange suite à un Kings – Mavericks de folie joué en mars 2003, et très vite Bryant est devenu l’un des joueurs marquants pour moi. Il n’était pas le seul. Allen Iverson, Tracy McGrady, Paul Pierce, Shaquille O’Neal, Vince Carter, Kevin Garnett… Toute cette génération de joueurs restera à jamais une génération à part pour moi. Mais Kobe avait un petit truc en plus. Mon premier maillot ? C’était un maillot de Kobe, le maillot alternate blanc des Lakers avec le numéro 8 sur le dos. Mon premier magazine ? Il y avait Kobe en couverture juste avant le début des Playoffs 2003. L’équipe avec laquelle je jouais le plus sur NBA Live entre 2003 et 2005 ? C’était l’équipe pourpre et or. Probablement parce que je voulais me mettre dans la peau de Kobe, en particulier quand il y avait une fin de match serrée à jouer face à un CPU un peu trop insolent. Clairement, c’est cet attachement émotionnel dans l’enfance qui rend la mort de Kobe Bryant si difficile à accepter. Au fur et à mesure des années, quand on grandit, on s’éloigne forcément un peu de ses premiers héros car on essaye de créer son propre parcours et de s’inspirer soi-même. On arrête d’imiter, et on essaye de créer. Mais il y a toujours une partie, plus ou moins grande, qui reste ancrée en nous. Perdre une idole de jeunesse, ça fait mal, quoi qu’on en dise. Aujourd’hui, il y a peut-être des personnes du grand public qui ne comprennent pas tout cet engouement récent autour de Kobe, ou même qui se lassent de tous ces hommages alors qu’il y a beaucoup d’autres choses qui méritent autant voire plus d’attention. Je pense notamment aux personnes qui ne sont pas forcément proches du monde du sport, ou pour qui le sport est clairement un aspect secondaire dans la société. Difficile de leur reprocher cela. Car oui, le sport est secondaire, même si le basket représente une véritable drogue pour nous. Et puis j’ai pu moi-même ressentir cela quand d’autres grands noms ont quitté cette planète, des célébrités pour qui je n’avais pas d’attachement particulier. Avec la mort de Kobe, j’ai pu comprendre certaines choses car je n’ai jamais autant été touché par le décès d’une personnalité. Je n’ai jamais rencontré Kobe, je n’ai jamais vu Kobe de mes propres yeux, mais il faisait partie de mon quotidien de plein de manières différentes. Alors oui, quelque part, on peut parler d’un proche.

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Mais comme souvent avec les proches, tout n’est pas toujours rose. Et c’était le cas pour moi avec Kobe. Si cet article est un moyen de rendre un hommage totalement personnel au Mamba, il est surtout un moyen de décrire ce que la légende des Lakers représentait à mes yeux, de façon précise et complète. On est sur TrashTalk après tout, alors on dit les choses, comme Kobe pouvait dire les choses après une défaite en Playoffs. Oui, il y a eu des moments où j’ai vraiment été frustré par certains de ses fans qui manquaient clairement d’objectivité, jusqu’à venir les troller après une soirée croquage à 8/24 au tir pour Bryant. Oui, il y a eu des moments où il m’a agacé en voulant faire absolument comme son modèle Michael Jordan. Oui, il y a eu des moments où j’estimais que certains aspects le concernant étaient surcotés pour ajouter à sa légende, lui qui évidemment n’hésitait pas à jouer là-dessus. Par exemple, on met en avant – à juste titre – sa fidélité aux Lakers mais on a tendance à oublier qu’il avait demandé un transfert en 2007. Il estimait ne pas être assez bien entouré alors qu’il voulait être le big boss de l’équipe après avoir partagé l’affiche pendant de nombreuses années aux côtés de Shaq, avec qui Kobe a eu pas mal d’embrouilles. Concernant son style de leadership, avec parfois des critiques prononcées en public en direction de ses coéquipiers, il fait partie du personnage mais ce n’est pas forcément la vision que je me fais d’un leader exemplaire. Et puis il y a eu l’affaire obscure du Colorado en 2003, quand il a été accusé de viol avant l’abandon des poursuites de la part de l’accusatrice et un règlement à l’amiable au civil. Cet épisode fait partie de son histoire, qu’on le veuille ou non. En ces temps de recueil et d’hommages, ce sujet sensible est laissé de côté et ceux ou celles qui ont osé le souligner – comme Felicia Sonmez du Washington Post par exemple – ont vite rencontré des problèmes vu le timing. Mais malgré tout ça, le tableau serait incomplet sans la mention de cette affaire, qui a représenté un véritable tournant dans la carrière de Kobe Bryant.

J’ai adoré Kobe, j’ai même idolâtré Kobe, mais ça m’est arrivé aussi d’être soûlé par Kobe. Et au final, ces sentiments personnels – qui semblent s’opposer – représentent un petit aperçu de la perception globale qui pouvait exister à l’égard du Mamba durant sa carrière. Parce que Bryant faisait partie de ces phénomènes qui ne laissent personne indifférent, et ce pour toutes les raisons citées dans le paragraphe précédent, et d’autres encore. Il y a eu de l’amour, de la haine, des louanges et des critiques. Mais aujourd’hui, quelques jours après son départ tragique, c’est avant tout le respect qui domine. Le respect par rapport à ce qu’il a accompli évidemment durant ses deux décennies dans la Grande Ligue. Cinq titres NBA, deux titres de MVP des Finales, un titre de MVP de la saison régulière, 18 participations au All-Star Game, plus de 33 000 points inscrits en carrière… bonjour le palmarès de légende. Mais le respect pour Kobe puise aussi sa source dans l’éthique de travail démontrée par le bonhomme tout au long de sa carrière. Bryant possédait un talent immense, mais il a surtout bossé comme un mec du bout du banc qui n’était pas certain de pouvoir garder sa place dans un roster. Des joueurs talentueux, il y en a beaucoup. Des joueurs qui maximisent absolument tout leur potentiel, c’est beaucoup plus rare. Et Kobe était ce genre de gars, en mission jour après jour même quand les autres pionçaient ou préféraient prendre du bon temps. Kobe était le genre de gars à répéter exactement le même shoot pendant une heure afin de le maîtriser à la perfection. Un monstre de travail, tout simplement. Et puis enfin, il y a le respect pour ses contributions à la communauté à travers notamment la Kobe & Vanessa Bryant Foundation, destinée à soutenir des jeunes et des familles dans le besoin, en particulier les personnes sans-abri.

Naturellement, quand une superstar de l’ampleur de Kobe Bryant nous quitte, on se focalise sur son impact, son apport et toutes ces choses qui rendent cette personnalité si spéciale. C’est notre façon de rendre hommage, et c’est aussi ce qui nous rend tellement tristes. Car on a tous nos souvenirs et nos moments marquants concernant Kobe. Mais ce qui rend ce drame encore plus tragique, c’est qu’on ne saura jamais ce que Bryant et sa fille Gianna auraient pu devenir. Depuis sa retraite des parquets, le Mamba avait souvent le sourire, il était en paix avec lui-même. Il avait tout donné dans sa carrière NBA et était prêt à relever d’autres défis. Car pour lui, pas question de se laisser aller, cela n’a jamais été dans son ADN. La preuve, en 2018, il a gagné un Oscar pour le meilleur court-métrage d’animation avec Dear Basketball. Un trophée de plus sur son armoire, et surtout une manière de continuer à nourrir ce feu intérieur et cette ambition qui ont caractérisé Bryant durant ses nombreuses années en NBA. Avec sa passion pour le storytelling, sa volonté d’inspirer les jeunes en créant des histoires mais aussi son envie de partager sa connaissance du basket, Kobe avait encore tellement de choses à nous apporter. Et qui sait jusqu’où il aurait pu aller ? Quant à Gianna, décédée à seulement 13 ans, elle semblait déterminée à poursuivre l’héritage de Kobe sur le plan basket. Avec un coach perso comme son papa, elle était bien partie pour aller très loin, peut-être jusqu’à la WNBA. Dans son visage, dans son jeu, Gianna ressemblait déjà au Black Mamba et on avait un petit sourire en voyant certaines similitudes. L’avenir s’annonçait bryant pour Kobe et sa fille mais malheureusement, le destin en a décidé autrement. C’est difficile à comprendre, c’est difficile à réaliser, c’est difficile à encaisser. Mais on n’a pas le choix, il faut l’accepter pour essayer de repartir de l’avant.

Reposez en paix, Kobe et Gianna. 


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