All-NBA Defensive Team de la décennie : pas la peine de chercher la clé pour ouvrir cette porte, elle n’existe pas
Le 26 déc. 2019 à 12:06 par Giovanni Marriette
Halte-là, qui va là. C’est à peu près en ces termes que les joueurs qui vont suivre dans cet article aiment s’annoncer à leur adversaire, comme pour leur faire comprendre que rien ne sera facile, que la route vers le cercle est encore longue. Car le basket se joue des deux côtés du terrain et une bonne partie de nos loulous du jour l’ont bien compris. Allez, faîtes de la place aux gardiens du temple, aux Marcel Desailly et Lolo Blanc de la Grande Ligue.
C’est bien beau de planter 40 points par match hein, mais quand on s’en prend 35 dans le museau tous les soirs de l’autre côté du terrain, disons que le résultat n’est pas toujours aussi valuable qu’on le pense. Les joueurs ci-dessous sont parfois de belles brêles en attaque, certains font par contre partie de l’élite offensive de la Ligue et parfois même de toute… l’histoire de la NBA, mais ce qui rassemble aujourd’hui les zozos suivants tient en un mot : défense. Un talent certain pour le lock-down, couplé le plus souvent à une motivation all-time chaque soir de match, associé parfois même à un body language des plus flippants. Allez, lâchez les chiens.
On ne pouvait évidemment pas mettre tout le monde, parce que malgré les comptes d’apothicaire de Jordan Clarkson, au hasard et en tout amitié, il faut bien cinq joueurs dans un cinq majeur. Big up donc pour commencer à tous ceux qui grattent à la porte du starting five, parce que si on avait mis tout le monde les mecs se seraient bouffé entre eux. Plus loin dans la décennie, mentionnons tout d’abord ces messieurs Tim Duncan, Kevin Garnett ou Kobe Bryant, immenses attaquants mais également défenseurs all-time, un Jason Kidd reconverti en stoppeur ultime sur ses dernières saisons ou encore un Dwight ultra-dominateur dans sa raquette au début des 10’s. Parmi les big men dominants davantage au début/milieu de la décennie ? Ces messieurs Marc Gasol ou Joakim Noah, respectivement DPOY en 2014 et 2013 et références en la matière durant une bonne demi-douzaine de saisons. Citons également, dans le désordre, les P.J. Tucker, Avery Bradley, Andre Roberson, Thabo Sefolosha, Hassan Whiteside, DeAndre Jordan, Jimmy Butler, Paul George, Jrue Holiday, Kevin Durant, la face joyeuse de LeBron James, Chris Paul ou Kyle Lowry, forteresses bien souvent imprenables dès lors qu’ils ont décidé que “ça ne passerait pas”.
Parmi la nouvelle génération ? On ne pouvait également passer sous silence le talent de Ben Simmons, Joel Embiid, Bam Adebayo ou encore Giannis Antetokounmpo, quarté de gladiateurs dont certains se retrouveront probablement dans le cinq des meilleurs défenseurs… de la décennie 2020. On termine d’ailleurs ces mentions avec ceux pour qui la différence s’est faite au tout dernier moment lors de débats enflammés à la rédac, please let me introduce les serrures Al Horford, Patrick Beverley, Marcus Smart et Klay Thompson, back-ups officiels de notre cinq héros de la chose défensive…
La All-NBA Defensive Team de la décennie
Tony Allen – Andre Iguodala – Kawhi Leonard – Draymond Green – Rudy Gobert
Tony Allen
First. Team. All. Defense. La vidéo ci-dessous symbolise à la perfection le crédo de Tony Allen. Tête d’affiche underground du fameux Grit and Grind made in Memphis au début des années 2010, l’arrière passé par Boston en début de carrière a dégouté des centaines d’attaquants tout au long de ses quatorze années dans la Ligue. Vociférant sa hargne en début de possessions, terminant la plupart de celles-ci avec un ballon volé ou un début de dépression de son adversaire direct, Tony n’a jamais connu la gloire individuelle puisque le trophée de DPOY lui a toujours échappé mais quand on pense à cette fantastique équipe de Memphis on pense forcément à son numéro 9, quand on pense au mot défense c’est son visage qui apparait bien souvent en premier dans notre esprit. Vrai soldat pêchant parfois en attaque tant il se donnait en défense, la définition même du stoppeur ultime.
Andre Iguodala
Il fallait lui rendre hommage. Pas forcément le premier homme à qui l’on pense lorsqu’est évoquée la dynastie Warriors, pas forcément la grosse tête d’affiche des Sixers 10’s, mais partout où Iggy est passé… Iggy a fait le bien autour de lui. Candidat légitime au trophée de DPOY dans les années 2011 ou 2012, son départ pour la Californie l’a ensuite fait reculer dans la hiérarchie de sa franchise mais pas dans l’importance qu’il peut avoir dans un système. Offensif évidemment, mais surtout aussi et surtout défensif et c’est d’ailleurs bien pour ça qu’on en parle aujourd’hui. Envoyé le plus souvent dans sa carrière sur la superstar adverse, coucou LeBron, Dede a cette particularité d’être capable de défendre sur les cinq postes et c’est quand même une putain de performance. Inbougeable, solide sur les appuis et intelligent au possible, le copain a finalement connu son Graal individuel en 2015 avec un magnifique et bizarre trophée de MVP des Finales, bien peu malgré tout pour récompenser une carrière parfaite des deux côtés du terrain.
Kawhi Leonard
Qui d’autre. Double-lauréat du trophée de DPOY à l’époque où les Spurs pensaient encore qu’il avait un cœur, Kawhi Leonard était aussi devenu à l’époque le premier extérieur couronné depuis Ron Artest et… Gary Payton il y a plus de vingt ans. Ses mains chaussent du 58, ses bras sont télescopiques, son intelligence est sans limite et sa motivation à tuer tout humain sur sa route est sans égal. Si vous pensez que Kawhi Leonard est un robot ? Imaginez donc un robot mais matrixé pour ne faire aucun cadeau jusqu’à sa mise hors-circuit. Sangsue all-time, capable lui aussi de défendre quasiment cinq postes tout en étant le meilleur joueur de son équipe en attaque. N’aurait-on pas là la définition du basketteur… ultime ? On pose la question mais une chose est sûre, dans la catégorie des défenseurs les plus sales de la décennie Kawhi est peut-être le capitaine du bateau.
Draymond Green
Si les Warriors ont connu le succès que vous savez durant une bonne partie de la décennie, Draymond Green n’y est évidemment pas pour rien. La seule défaite des Dubs en Finale NBA face aux Cavs ? Elle aura lieu en 2016 avec un Draymond suspendu au Game 5, défaite évidemment, et la conclusion qu’on connait au Game 7. Véritable tronpa des “3 C” à Golden State, le cœur, les couilles et les coumons, le sosie de l’âne de Shrek a élevé la défense au rang d’art depuis 2012 et on voit aujourd’hui clairement le vice qu’il a pu apprendre aux côtés de spécialistes comme Andrew Bogut ou même ce boucher de Zaza Pachulia. Défenseur de l’année en 2017 et membre éminent des All-NBA Defensive Teams depuis cinq saisons consécutives, Draymond est ce que l’on appelle poliment un emmerdeur, un emmerdeur malin même si sa gueule s’ouvre encore un peu trop souvent. Un peu moins cette saison d’ailleurs, comme c’est bizarre. Mais là n’est pas la question puisque c’est bien d’un défenseur all-time dont on parle, un peu trop petit pour jouer intérieur, un peu trop lourd pour jouer extérieur, mais assurément l’un des meilleurs pour défendre sur absolument tout le monde.
Rudy Gobert
Last but not the least, terminons avec notre Frenchie sûr, The Stiffle Tower, la Tour de Saint-Quentin, Rudy Gobert pour ceux qui ont du mal à suivre. Double-DPOY en titre, meilleur défenseur de l’une des meilleures défenses de la Ligue, meilleur contreur NBA en 2017, All-Defensive First Team depuis trois ans, à peu près tous les meilleurs attaquants au monde stoppés (ou pis en pleine face mais c’est le jeu), et on pourrait continuer durant des heures tellement le pivot du Jazz domine dans sa raquette depuis une demi-douzaine de saisons. Rudy est de la trempe des plus grands défenseurs de l’histoire ou presque, et sa discrétion en attaque n’a d’égal que sa domination dans l’espace aérien du Jazz. Le three-peat a pris un peu de plomb dans l’aile compte tenu de la concurrence mais à 27 ans Rudy Gobert a encore de belles occasions de grimper une ou deux marches de plus dans les rankings all-time de la chose défensive. Pour cette décennie en tout cas le gonze est là et bien là, à regarder tous ses petits copains de haut.
Cinq hommes aussi intraitables que Pierre Martinet, cinq hommes capables de vous envoyer six mois chez un psy à la simple force du regard. Athlétiques, intelligents, intenses et bien souvent victorieux, plutôt logique, ces cinq hommes sont donc à privilégier sur votre short-list le jour où vous devrez partir en guerre contre 300 soldats, mais ceci n’est qu’un conseil. Allez, on vous laisse et on file, on a encore tout plein de belles choses à préparer jusqu’au 31, c’est quand même pas tous les jours qu’une décennie se ferme sous nos yeux.